L’édition 2022 du Festival Bélénitugu s’est déroulée du 14 au 18 mai 2022, à Somasso, dans le cercle de Bla. Le thème de cette année portait sur « la Cohésion sociale, gage d’un Mali résilient ».
Comme à l’accoutumée, cette année, la fête du Bélénitugu a tenu toutes ses promesses. En plus des rites anciens qui ont été honorés, le Bélénitugu 2022, parrainé par le ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, Modibo Koné, a été une rencontre riche en manifestation culturelle, artistique ; mais aussi un espace d’échange et de partage sur la cohésion sociale et l’environnement. Tous les ingrédients étaient réunis pour assurer une fête mémorable.
Les temps forts des trois jours ont été marqués par les soirées culturelles, les rencontres entre les ressortissants de la Commune et des conférences débats. Les artistes ayant participé sont : Mahamadou Dembélé dit Dabara et Seydou Zampèrè pour le balafon, Soumaïla Djiré dit Soumi le Boss, le rappeur Derby et Zikiri Issa. La troupe Niogo de Diarramamna et les chasseurs de la région ont également égayé la foule.
L’occasion était bonne pour les chefs traditionnels de Somasso, d’honorer la tradition. Le sacrifice du Béléni, celui du vestibule et tous les autres sacrifices ont été accomplis dans les normes, comme l’exige la tradition.
La traditionnelle veillée avec la galette de sorgho (fari en mininka et en bambara) a été un véritable succès. Il est de coutume, lors de la deuxième nuit de la fête du Bélénitougou, que toutes les familles préparent ce plat pour la nuit. Le choix du sorgho est très significatif, selon les sages du village, car en plus de ses vertus nutritives, le sorgho est très facile à cultiver et maintien de l’humidité dans les champs de mil pendant l’hivernage.
Fier de l’organisation avec succès de cette édition, le président de l’ADS, Markatié Daou, a remercié tous les participants. Actualité oblige, il a demandé à tous les Maliens de prioriser l’intérêt supérieur de la nation. Selon lui, la paix, la cohésion sociale, l’attente et le vivre ensemble sont les conditions sine qua non pour une transition réussie et un développement durable de notre pays.
« Ici à Somasso, nous sommes pour la paix et la protection de l’environnement. Toutes nos actions tournent autour de la promotion de notre village, mais surtout de sa protection », a-t-il ajouté.
Le Béléni, une vieille tradition de protection de l’environnement
L’objectif recherché, poursuit le président de l’ADS, est en train de se réaliser. M. Daou a rappelé le contexte dans lequel cet événement était célébré chaque année. Il explique que c’était organisé après l’hivernage pour protéger la forêt, préserver l’environnement, la nature et la biodiversité. Ce qui est aujourd’hui une réalité avec la création d’un bosquet à Somasso. Au-delà de cet aspect, précise-t-il, c’est une fête qui vise à consolider l’entraide, les liens d’amitié et de fraternité.
« C’est une fête qui regroupe l’ensemble des amis, des fils et des filles du village à se retrouver pour communier ensemble », a-t-il ajouté.
L’ADS a pour objectif de contribuer au développement socio-culturel et économique de Somasso. Elle regroupe l’ensemble des ressortissants du village de Somasso. Redynamisée par la nouvelle génération, cette association est aujourd’hui dirigée par Markatié Daou, qui est secondé par Zoumana Daou. Cette année, pour la réussite du festival, l’ADS a bénéficié du soutien de tous les ressortissants de Somasso singulièrement le général de brigade Elysé Jean Dao et des partenaires comme la Fondation Orange-Mali, la Banque malienne de solidarité (BMS), etc.
La Commune rurale de Somasso est composée de trois villages (Somasso, Kadjalla et M’Bètiona). La population est estimée à environ 20 000 habitants dont plus de 5 000 dans le chef-lieu de la Commune, Somasso. Située dans le cercle de Bla (région de Ségou), Somasso est dominé par les Miniankas (composé des noms Dao, Djiré, Coulibaly…), et de quelques communautés peulhs, soninkés, forgerons et bambaras.
Environnement :
L’ADS veut une forêt classée à Somasso
Fort de son engagement dans la protection de l’environnement, l’Association pour le Développement de Somasso (ADS) veut protéger la forêt de Somassso en l’inscrivant sur le short liste des forêts classées du Mali.
Six hectares. C’est tout ce qui reste de la forêt de Somasso. Malgré les multiples opérations de reboisement initiées par l’ADS pour reverdir la Commune rurale de Somasso, la forêt demeure menacée. Et pour cause, le manque de protection administrative. D’où l’initiative de l’ADS de solliciter l’appui technique, financier et administratif des autorités maliennes pour protéger cette forêt.
A l’occasion de la 7e édition du festival Bélénitugu, le président de l’ADS, Markatié Daou a formulé cette demande auprès du ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable. « C’est vrai que six hectares peuvent sembler être peu pour certains, mais pour nous c’est plus qu’une forêt, c’est une source de vie. Nous sommes engagées dans la promotion de l’environnement car nous connaissons l’importance de la forêt pour l’homme et les animaux », a expliqué M. Daou. Et d’insister : « nous voulons que notre forêt soit inscrite dans le système des forêts classées afin qu’elle puisse bénéficier d’une bonne protection ».
Satisfait, le ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, Modibo Koné a salué l’engagement de l’ADS dans la protection de l’environnement. « Nous avons déjà été ici à Somasso pour la journée de reboisement. Ce n’était pas une première. Et nous avons constaté que les arbres plantés ont tous muri. Cela témoigne de votre persévérance. Nous allons tout mettre en œuvre pour soutenir la classification de cette forêt qui, faut-il le rappeler, est déjà inscrite dans le vaste programme de la Muraille verte ».
En attendant la réalisation de ce projet, l’ADS multiplie les actions de sensibilisation de la population à travers des rencontres et des conférences débats.
FESTIVAL BÉLÉNITUGU
Un impact positif sur la localité
Véritable créneau pour la promotion du vivre ensemble, ce festival a permis, en quelques années, à Somasso de prendre le rail du développement. Grâce à ce festival, l’ADS a pu construire un Centre de Santé communautaire équipé avec un matériel de dernière génération et une adduction d’eau sommaire. L’association a aussi contribué au renforcement du couvert végétal à travers des journées de plantation d’arbre, la réhabilitation des routes et autres. Une cité des hôtes a également été construite cette année.
SOMASSO
La redynamisation du Kôtè
La 7e édition du festival bélénitugu de Somasso a été marquée par le lancement du processus de redynamisation du Kôtè, une société secrète ancienne ayant disparu depuis quelques années.
« Le Kôtè ne sera plus délaissée ici chez nous à Somasso. Nous sommes désormais engagés à relancer cette société secrète », a lancé le président de l’Association pour le développement de Somasso (ADS), Markatié Daou. Cette année, à l’occasion de la 7e édition du festival bélénitugu de Somasso, l’ADS, en collaboration avec les derniers initiés de la confrérie, a décidé d’activer le processus de redynamisation de la société.
A travers une cérémonie pleine d’émotions, les derniers initiés ont esquissé quelques pas de danses des « Bamba » (crocodiles en bambara) que sont les initiés. A travers des chants d’encouragement et des cris de réconfort de la population ; ces initiés ont tenu en haleine l’assistance dans un silence de mort. Cette danse mystique, interdite au nom initié, est accompagnée par des coups de fouet. Les initiés se donnent ces coups et cela dans le silence. Ils prouvent ainsi leur capacité à vivre la douleur dans le silence, un geste significatif.
Heureux de cette initiative, le pasteur Notiké Daou, l’un des sages de la commune, a salué les derniers initiés pour ce courage.
« Nous sommes contents de revoir cet engagement de nos jeunes frères et de nos enfants. Nous pleurons de joie aujourd’hui car le Kôtè, en plus de son caractère sacré, est pleine de signification pour nous », a-t-il ajouté.
Selon M. Daou, cette confrérie était jadis ouverte à tous les garçons ayant atteint l’âge de 15 ans ou même plus. Il explique qu’il y a deux cérémonies du Kôtè. La première, affirme M. Daou, est organisée la nuit de l’initiation des jeunes. Elle est l’occasion pour le père de l’enfant de mesurer le degré de résistance de son garçon et sa capacité de revoir des coups sans se plaindre. « Pour cette cérémonie, organisée la nuit à l’abri des regards des femmes et des non-initiés, on faisait vivre aux jeunes garçons d’énormes difficultés. Les enfants étaient confrontés à l’épreuve du feu, du fouet et de la faim. C’est le père de l’enfant lui-même qui le faisait souffrir et devant tout le monde », précise le sage Daou.
Il ajoute : « l’autre cérémonie est organisée dans la journée devant tout le monde. Les initiés sont prêts. Ils esquissent des pas de danse et se donnent des coups de fouet devant tout le monde. Ils peuvent saigner, mais ne crient jamais de douleurs. Ils ne gesticulent pas aussi de douleurs. Ils encaissent dans le silence et donnent à leur tour des coups de fouet ».
Le but de cette initiation, qui concernait tous les jeunes garçons du village, est de renforcer la résilience des hommes. Ils doivent pouvoir se protéger et sauver le village dans toutes les circonstances. « Avant, il y avait les guerres et les razzias. Les voleurs, les brigands et certains villages venaient conquérir d’autres villages. Il fallait donc préparer nos enfants, surtout les jeunes garçons à faire face aux défis, à avoir les capacités d’accepter de mourir dans la dignité que de dévoiler les secrets du village », révèle le pasteur Notiké Daou.
Markatié Daou, qui est aussi dans le lot des derniers initiés de la société à Somasso, a rappelé qu’une fois relancé, cette société sera le créneau idéal pour renforcer la cohésion sociale et mieux éduquer la nouvelle génération. « Cette société est comme l’Armée, la Grande muette. On apprend à encaisser les coups dans la dignité et à protéger les secrets. On apprend aussi à défendre l’intérêt général et à être responsable », a ajouté Markatié Daou.
Le directeur général de l’Agence de Promotion touristique du Mali (APTM), Sidy Keita, a promis de s’impliquer dans la redynamisation du Kôtè à Somasso. Il a également promis de mobiliser le ministère du Tourisme.
NGOLO FASSI SOGOBA, ARTISTE
L’art dans l’âme
Danse traditionnelle ou moderne, balafon, tam-tam, djembé, en un mot artiste pluridisciplinaire, Ngolo Fassi Sogoba est un surdoué, une icône de la région de Ségou. Depuis 40 ans, il sillonne le Mali pour promouvoir l’art et la culture minianka.
A 61 ans, Ngolo Fassi Sogoba est l’une des figures emblématiques du cercle de Bla, région de Ségou. Depuis une quarantaine d’années, il fait rayonner l’art et la culture de son terroir à travers tout le Mali. Malgré l’âge, Ngolo Fassi peut tenir en haleine son public pendant quatre heures d’affilée.
« Ma vie c’est l’art. C’est la danse, le dounou et le balafon. Je vis bien tant qu’il y a la possibilité de danser», affirme le sexagénaire. Chef d’orchestre de la troupe Niôgô de Diaramana, Ngolo Fassi affirme avoir participé à 6 éditions de la biennale avec la troupe de Ségou. Il était le meilleur danseur de la région. « J’ai été à certaines éditions de la biennale à Bamako, à Ségou, à Kayes et celle du cinquantenaire à Sikasso. J’ai aussi participé à une formation, lorsque Feu général Moussa Traoré était au pouvoir, qui m’a ensuite conduit à Kidal, Tombouctou, Gao et un peu partout sur le territoire national. Je faisais aussi partie d’un groupe théâtral. On faisait des figures de danse, sans parler on envoyait des messages à travers des pas de danse », explique Ngolo Fassi.
Du haut de ses 1,82 m, avec sa troupe Niôgô, une spécialité de la localité, il procure de la joie à la population. Il est sollicité dans toute la contrée pour cette animation spécifique qui nécessite beaucoup de technicité et de dextérité. Dans sa troupe de treize artistes, tous les membres maîtrisent au moins un instrument de musique mais seuls trois savent chanter. La troupe est composée de femmes et d’hommes.
Patriarche d’une famille de plus de trente personnes, Ngolo Fassi a aujourd’hui un seul regret, celui de ne pas avoir pu faire d’album. « Je n’ai pas été à l’extérieur pour des rencontres artistiques, ni de reconnaissance nationale comme les prix ou les trophées et je n’ai pas fait d’album », regrette-t-il. « Mais, j’ai pris du plaisir et donné du plaisir au public. Je suis satisfait de ce parcours », affirme, joyeux, Ngolo Fassi.
ASSOCIATION POUR LE DÉVELOPPEMENT DE SOMASSO
Le duo gagnant de Markatié Daou et Zoumana Daou
Aujourd’hui, dans le cercle de Bla, la Commune rurale de Somasso est une vitrine. Grâce aux efforts de l’Association pour le Développement de Somasso (ADS), la Commune est aujourd’hui dotée d’un CSCOM, de l’eau potable, d’une bonne connexion téléphonique, de l’éclairage public, etc.
« Un voyage de mille lieux commence par un pas », a affirmé Lao Tseu, sage chinois, père fondateur du taoïsme. Et la Commune rurale de Somasso a déjà fait plus qu’un premier pas sur le grand chemin du développement. Cela, grâce aux efforts de l’Association pour le Développement de Somassso (ADS), une organisation très dynamique des ressortissants de la Commune dont tout le cercle de Bla est fier. En quelques années, cette association, sous le leadership de Markatié Daou et de Zoumana Daou, a pu contribuer au renforcement du tissu social à travers diverses activités sociales, culturelles, mais surtout la promotion de la santé et la protection de l’environnement.
L’ADS a ainsi réussi à fédérer les efforts et les moyens de tous les ressortissants de la Commune. Elle a obtenu une adduction d’eau potable, un CSCOM, une connexion téléphonique, un moulin multifonctionnel, un moule à briques multiples (une première au Mali), la construction de logements des hôtes, la dotation du village en éclairage public, etc.
Dans le domaine de la protection de l’environnement, l’ADS a organisé plusieurs journées de reboisement. Des bosquets s’imposent déjà dans la commune. Selon les membres du conseil des sages de Somasso, les prouesses de cette organisation sont en grande partie dues au leadership de Markatié Daou et Zoumana Daou, deux fils du terroir pleinement engagés dans le développement et l’essor économique de la localité.