Créé en 2014, sous la bannière de la France, par cinq pays du Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) en vue de coordonner leurs actions de lutte contre le terrorisme le G5 est mort de sa belle mort après le retrait du Mali. Dont les autorités, en plus d’être empêchées de prendre la tête de l’organisation, se disent victimes de « manœuvres d’un État extra-régional visant désespérément à l’isoler». C’est du moins ce qu’il ressort des révélations du chef d’état-major des armées maliennes. Selon le Général Oumar Diarra, en effet, le Mali en plus d’être le seul pays à jour dans le paiement des cotisations, assurait également 80% des logistiques de la force conjointe. Et ce n’est pas tout. Au lendemain de l’annonce de la décision des autorités maliennes, le Président nigérien, Mohamed Bazoum, dans un entretien accordé aux journaux « La Croix » et « L’Observateur », après avoir jugé cette décision de «regrettable», a lancé un appel à l’ONU «pour qu’elle s’implique davantage dans le soutien au G5 Sahel».
Et quelques jours plus tard, c’était au tour du Président en exercice du G5 Sahel, dans un communiqué, comme pour prévenir d’une mort annoncée, a exhorté le gouvernement de la République du Mali à reconsidérer sa position. Tout en insistant dans son plaidoyer sur l’utilité du G5 Sahel comme «instrument de coopération irremplaçable en matière de mutualisation d’efforts, des moyens et d’actions de ses États membres face aux défis de développement et de sécurité, le gouvernement” pour les Etats», Mahamat Idriss Déby Itno a souligné qu’ « …aucun des États sahéliens ne peut faire face seul au terrorisme». Une plaidoirie à laquelle les autorités maliennes n’ont pas encore donné suite, quoiqu’il ne paraisse point évident que le Mali revienne sur sa position. Et pour cause, suffisamment de leçons auront été tirées de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le nouveau partenaire stratégique de Bamako dans la lutte contre le terrorisme. En effet, plus de deux mois après cette invasion, le monde occidental, les USA en tête, n’a de cesse de multiplier la solidarité à l’endroit de l’Ukraine : les uns par l’acheminement de vivres et des médicaments, d’autres par l’envoi d’armements estimés à plusieurs milliards d’Euros. Une générosité ayant manifestement fait défaut au G5 malgré les cris du cœur des présidents au lendemain de sa création. En effet, sur 10 milliards d’Euros sollicités, les pays du sahel, après plusieurs fora pour mobiliser des fonds, n’ont eu droit qu’à des promesses sans lendemain. Faute de moyens, l’organisation est laissée à la merci des terroristes qui n’ont de cesse de gagner du terrain. Une situation qui, sans être la cause principale, a pu mêle contribuer à éjecter du pouvoir des chefs d’Etat de pays du sahel.
Pénurie d’hydrocarbures : La spleen des consommateurs
Cela fait quelque mois que le Mali connaît une hausse considérable des prix des hydrocarbures et le gasoil se fait si rare à la pompe des différentes stations que l’inquiétude gagne de plus en plus les habitants de la capitale. Et pour cause, la pénurie de gas-oil est un véritable problème pour les conducteurs de voitures et autres usagers qui font les frais à la fois de l’augmentation du prix et de l’inaccessibilité de la denrée. Celle-ci s’est traduite par une rupture aux niveaux de nombreuses stations dans la ville de Bamako, suscitant des scènes de panique un peu partout chez les consommateurs contraints de sillonner la ville d’un point de vente à un autre et à une pénible attente s’approvisionner qu’au prix de pénibles attentes dans les longues queues qu’occasionnent les bousculades.
Plusieurs sources s’accordent à lier le phénomène à la crise russo-ukrainienne, ajoutée aux sanctions de la CEDEAO et l’ UEMOA. Quoi qu’il en soit, il s’agit d’une véritable paralysie avec des impacts négatifs sur les compagnies de transport et bien d’autres secteurs d’activités. Des chauffeurs de taxis et de Sotrama aux propriétaires de véhicules personnels, etc., tous en éprouvent les mêmes peines du monde face à une pénurie qui se généralise peu à peu.
Selon Issouf Sacko, responsable d’une entreprise privée, ne cache pas ses inquiétudes et sa colère. «Depuis des jours maintenant, je suis sur la moto car je n’ai pu me procurer du carburant », explique-t-il en se plaignant d’une situation déplorable qui doit être réglée au plus vite».
Bakari Traoré, un taxi, retient quant à lui les implications de la pénurie ainsi que de la hausse des prix du carburant sur le coût du transport : «Dès l’augmentation des prix du carburant, on a aussi procédé tant bien que mal à une augmentation sur notre frais de transport». Idem pour le Sotrama ainsi que pour les mototaxis, qui ont tous connu des augmentations de prix consécutives au phénomène, qui n’est guère moins ressenti chez les particuliers.
Aïchata Cissé, responsable Commercial dans une entreprise de la place, explique ainsi le chemin de croix qu’elle rencontre depuis quelques jours avec son véhicule à gasoil : «j’avais fait le plein la semaine dernière, mais la quantité a fortement diminué. Maintenant, je fais le tour de nombreuses stations-service sans réussir à m’approvisionner. Toutes les stations-service sont en manque de gasoil. Les rares stations qui en disposent n’ont qu’un petit stock assez disputé pour obliger à faire la queue». Et d’exprimer son inquiétude de voir la situation perdurer avant d’appeler les autorités à trouver une solution.
De son côté, le citoyen Youssouf Toloba en veut déjà aux autorités de n’avoir pas pas anticipé la pénurie. «Comment dans un pays sérieux, il est difficile d’avoir suffisamment de carburant pour faire tourner les activités ?», s’interroge-t-il, en accusant ceux qui sont aux commandes du pays de n’avoir pas su anticiper par des mesures appropriées.
Sur la question, le président de la Chambre du Commerce et de l’Industrie du Mali, Youssouf Bathily, lors de la réception d’une importante quantité de gazole en provenance de la Guinée Conakry le jeudi 12 mai 2022, avait pourtant rassuré en ces termes : «Toutes les dispositions sont prises pour ravitailler le pays en produits pétroliers par le secteur privé et l’État qui sont engagés à trouver des moyens très rapidement avec les pays amis».
Le patron des produits pétroliers, Modibo Diall, se dit quant à lui conscient de la situation et reconnaît un «marché pétrolier très sensible aux événements géopolitiques”, allusion faite aux répercussions de la guerre russo-ukrainienne sur les marchés mondiaux du pétrole. «Tout produit qui est rare devient cher, c’est la loi du marché. Et quand c’est rare, cela impact forcément nos sources d’approvisionnement qui sont Cotonou, Lomé, Dakar et Abidjan», explique-t-il, assurant que «L’Etat se soucie bien des consommateurs».
En attendant, bien sûr, que le gouvernement abrège la peine des populations en trouvant une solution rapide et adéquate à cette pénurie de gasoil.