24 mai 2021-24 mai 2022 ! Cela fait exactement une année que l’ancien président de la Transition, Bah Ndaw, et son Premier ministre Moctar Ouane ont été renversés par un coup d’Etat. Ce fut le départ de la Rectification, dit-on, avec le colonel Assimi Goïta qui a choisi de nommer Dr Choguel K. Maïga à la Primature. Un an après, les promesses portent-elles des fleurs ? Des acteurs de la vie sociopolitique se prononcent.
Moctar Sy, président de la génération engagée :
“Le chantier de la Rectification connaît des difficultés dans sa mise en œuvre…”
Aujourd’hui-Mali : Un an déjà, après le coup d’Etat contre Bah Ndaw appelé “Rectification”, quel bilan en faites-vous ?
Moctar Sy : Je pense que s’il y a un aspect de la Rectification de la Transition qui peut être considéré comme un véritable changement, c’est celui de la restitution de notre souveraineté et notre indépendance de décision et d’action, notamment dans la lutte contre le terrorisme et la professionnalisation de l’armée ; l’uniformisation des salaires pour une certaine équité, une initiative qui a permis d’apporter une réponse aux grèves des enseignants, l’obtention d’une trêve sociale avec le corps syndical ; ensuite on peut aussi noter l’acquisition de matériel pour les structures sanitaires, l’élaboration d’un plan de restructuration et de Refondation de l’Etat à l’issue des assises nationales, un début de relance de la justice sur des dossiers sensibles. Cependant, les difficultés et lacunes persistent toujours et notamment dans le manque de volonté ou de courage politique de mise en œuvre de certaines ambitions, le manque d’impartialité dans le traitement de certains dossiers confiés à la justice, la lenteur dans la mise en œuvre des organes en charge des élections, le manque d’avancée par rapport à l’exécution des accords d’Alger, des scandales liés à la gestion de concours et recrutements, l’incapacité à unir les organisations politiques et syndicales autour de la Transition.
Peut-on dire que “la Rectification” proclamée est vraiment en chantier ?
Je peux dire que le chantier de la Rectification connaît des difficultés dans sa mise en œuvre, malgré les déclarions d’intention de ses acteurs. La première difficulté se trouve dans le manque de définition d’un schéma politique clair et précis qui facilitera la mobilisation des Maliens pour la réussite de la Transition. Ensuite, la seconde problématique réside dans le fait qu’après presque 6 mois sous sanction, nous avons une économie asphyxiée et une hausse généralisée des prix, ce qui menace fortement l’équilibre social et affaiblit le pouvoir d’achat de nos ménages. Il est impératif que les autorités apportent des réponses rapides pour soutenir nos familles qui sont les premières victimes de cette crise économique.
Par ailleurs, des actions salutaires ont été menées, notamment en ce qui concerne la gouvernance vertueuse de l’Etat comme ce fut le cas du dossier des logements sociaux. J’encourage les autorités à poursuivre les efforts dans tous les secteurs pour rassurer nos compatriotes que la bonne gouvernance est désormais une réalité dans notre pays.
Si vous avez un conseil ou une proposition à faire, que diriez-vous ?
Je conseillerai aux autorités de la Transition d’œuvrer sans relâche à l’implication de toutes les composantes du peuple malien dans le processus de la Transition, de sorte à lui assurer une meilleure inclusivité. Cela exige bien évidement, au préalable, de clarifier les intentions à l’égard de nos compatriotes pour obtenir leur pleine et réelle adhésion. Enfin, je proposerai que nos autorités agissent rapidement dans le cadre des négociations pour obtenir une levée des sanctions qui préservera les intérêts du Mali et soulagera nos populations des effets de la crise que nous traversons.