Jeudi 26 mai 2022, Amnesty International a présenté son rapport 2021 sur la peine de mort. C’était à l’honneur d’une conférence de presse à son siège à Kalaban-Coura.
Cette rencontre avec la presse a été animée par Hamane Touré, Directeur exécutif par intérim de Amnesty Interrnational Mali et par Mohamed El Béchir Singaré, coordinateur-juriste, chargé de la peine de mort.
Tendances mondiales à la hausse
« Le recours à la peine de mort par une minorité d’États a augmenté en 2021 », indique le rapport d’Amnesty International. Avant de constater une hausse de 20 % du nombre d’exécutions recensées à l’échelle mondiale par rapport à 2020. « Les exécutions sont passées d’au moins 483 à au moins 579 et représentent presque 40 % du nombre de condamnations à mort qui est estimé à au moins 2 052 en 2021 contre au moins 1 477 en 2020 », a rappelé Hamane Touré.
Le rapport précise que, la hausse globale du nombre d’exécutions résulte principalement de l’augmentation qui a été constatée en Iran (au moins 314 exécutions en 2021 contre au moins 246 en 2020, soit une hausse de 28 %), le chiffre le plus élevé depuis 2017. Il a ajouté que le nombre d’exécutions recensées en Arabie saoudite à lui aussi plus que doublé par rapport à 2020 (passant de 27 à 65).
Amnesty International a recensé 579 exécutions en 2021, ce qui représente une hausse de 20 % par rapport au total enregistré en 2020 (483). Le chiffre constaté pour 2021 figure malgré tout parmi les totaux les plus bas jamais enregistrés, puisqu’il est le deuxième plus faible relevé par l’organisation depuis au moins 2010. Comme pour les années précédentes, les totaux mondiaux recensés ne comprennent pas les milliers d’exécutions qui, selon Amnesty International, ont eu lieu en Chine, où les statistiques sur la peine capitale sont classées secret d’État. Ces chiffres sont également influencés par le fait qu’Amnesty International n’a eu qu’un accès extrêmement restreint aux informations relatives à deux autres pays qui semblent eux aussi recourir massivement à la peine de mort : la Corée du Nord et le Viêt-Nam. Le secret qui entoure les pratiques d’autres États a également empêché l’organisation de rassembler des informations exhaustives à propos de certains pays, tels que le Bélarus.
Parmi les 579 personnes exécutées en 2021, à la connaissance d’Amnesty International, on comptait 24 femmes (4 %). Et, de préciser qu’une femme a été exécutée en Arabie saoudite, huit en Égypte, une aux États-Unis et 14 en Iran.
Exécutions recensées dans le monde en 2021
Amnesty International a recensé des exécutions dans 18 pays, tout comme en 2020, ce qui constitue toujours le nombre le plus faible de pays procédant à des exécutions jamais enregistrées par l’organisation depuis qu’elle tient des statistiques à ce sujet.
À la connaissance de l’organisation, aucune exécution n’a eu lieu en Inde, au Qatar ni à Taiwan en 2021, alors que ces pays avaient tous procédé à des mises à mort en 2020. Après une interruption de plusieurs années, trois pays ont en revanche repris les exécutions : le Bélarus et le Japon ont procédé à des exécutions pour la première fois depuis 2019, et les Émirats arabes unis pour la première fois depuis 2017. Aux États-Unis, le Mississippi et l’Oklahoma ont exécuté des condamnés pour la première fois depuis 2012 et 2015, respectivement.
Amnesty International a enregistré une baisse de 22 % du nombre d’exécutions en Égypte (au moins 83) alors qu’il y avait triplé en 2020 (au moins 107), de 62 % en Irak (au moins 17 en 2021 contre au moins 45 en 2020), et de 35 % aux États-Unis (11 contre 17).
Le nombre total de condamnations à mort recensées par Amnesty International en 2021 à l’échelle mondiale a augmenté de 39 % par rapport à 2020. Au moins 2 052 nouvelles condamnations à mort ont été prononcées en 2021, contre 1 477 l’année précédente.
D’après les informations dont dispose Amnesty International, des personnes condamnées à mort ont bénéficié d’une commutation ou d’une grâce dans les 19 pays suivants :Bangladesh, Botswana, Émirats arabes unis, États-Unis, Guyana, Inde, Indonésie, Iran, Malaisie, Myanmar, Pakistan, République démocratique du Congo, Sierra Leone, Soudan du Sud, Taiwan, Thaïlande, Trinité-et-Tobago, Zambie et Zimbabwe.
Amnesty International a recensé 7 cas de condamnés à mort innocentés dans les quatre pays suivants : Bahreïn 1, États-Unis 2, Kenya 1 et Zambie 3.
Les informations recueillies par Amnesty International sur le recours à la peine de mort dans le monde en 2021 montrent une augmentation de 20 % des exécutions recensées et de 39 % des condamnations à mort prononcées par rapport à 2020. 18 pays ont exécuté au total au moins 579 personnes, et 56 pays ont condamné à la peine capitale au moins 2 052 personnes.
Selon Amnesty International, la multiplication des exécutions pour des infractions à la législation sur les stupéfiants en Iran a contribué à cette augmentation mondiale, mais des hausses importantes ont aussi été constatées en Arabie saoudite, en Somalie, au Soudan du Sud et au Yémen. L’allègement des restrictions liées à la pandémie de COVID-19 a aussi contribué à l’augmentation du nombre de condamnations à mort, notamment au Bangladesh, en Inde et au Pakistan, tandis que certains États des États-Unis ont repris les exécutions.
De nombreux pays ont fait fi des garanties offertes par le droit international relatif aux droits humains et les normes y afférentes. D’après cette organisation, cette année encore, plusieurs États ont utilisé la peine capitale comme instrument de répression contre des manifestant·e·s ou des groupes minoritaires. Cependant, le nombre d’exécutions ayant eu lieu dans le monde en 2021 est le deuxième le plus faible enregistré par Amnesty International depuis au moins 2010, ce qui confirme la tendance historique à une abolition de la peine capitale.
Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, sans exception. Et précise que le combat doit continuer jusqu’à ce que l’exécutif à la peine de mort soit dans la poubelle de l’histoire.