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Mali : les illusions perdues de Karim Keïta
Publié le mardi 31 mai 2022  |  Jeune Afrique
Première
© aBamako.com par mouhamar
Première session de la nouvelle législature
Bamako, le 22 janvier 2014 à l`hémicycle. Les nouveaux députés issus des dernières législatives étaient en session extraordinaire pour l`élection du président de l`assemblée nationale et la composition des groupes parlementaires.Photo: Honorable Karim KEITA.
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Il était l’un des hommes les plus puissants mais aussi les plus conspués du Mali d’Ibrahim Boubacar Keïta. Lui qui rêvait d’un destin présidentiel a été contraint à l’exil après la chute de son père. Mais à 43 ans, il ne compte pas en rester là.


En cette matinée du 21 janvier 2022, le cœur n’est guère à la fête dans la capitale malienne. Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) est sur le point d’être inhumé. Quelques jours plus tôt, le président qui avait dirigé le pays pendant près de sept ans avant d’être renversé par cinq colonels putschistes en août 2020 a perdu son dernier combat. Au crépuscule du 16 janvier, une crise cardiaque l’a emporté à son domicile de Sébénikoro.

Dans l’enceinte du camp du génie militaire de Bamako, où les putschistes ont accepté d’organiser des funérailles nationales, l’émotion est palpable. Ils sont plus de 2 000 à être présents. L’ancienne première dame, Aminata Maïga, qui a soutenu son mari jusqu’à son dernier souffle, est au premier rang, ainsi que son unique fille, issue d’une autre union.

Parmi les garçons du président, seul le benjamin, Boubacar, a pu être présent. Assigné à résidence au lendemain du coup d’État, « Bouba » a recouvré la liberté début février 2021, grâce à l’entremise du président guinéen Alpha Condé. C’est à lui, le discret, qu’il revient de rétablir l’honneur d’IBK, si souvent terni ces derniers mois. « Je ne peux m’empêcher de faire une comparaison avec Socrate qui, sous le coup des sycophantes, fut condamné à mort en buvant la ciguë. Papa, cette ciguë, tu l’auras bue jusqu’à la lie, lance-t-il, amer. Devant les lamentations de sa femme, qui trouvait la condamnation injuste, Socrate lui répondit : “On peut me tuer, mais on ne peut me nuire.” Ainsi plus rien ne peut t’atteindre désormais. »

KARIM DOIT VIVRE L’ENTERREMENT DE SON PÈRE DE LOIN, CE QUI LUI EST INSUPPORTABLE
Bouba vit désormais à Abidjan, tout comme le plus connu, jadis le plus influent, et le plus décrié des fils Keïta, Karim. Celui-ci savait son père rongé par un cancer qui laissait entrevoir peu d’espoir de guérison. Mais on n’est jamais réellement préparé à pareille mort. Le fils doit pourtant ce jour-là vivre l’enterrement de son père de loin, ce qui lui est insupportable.

Mandat d’arrêt international ?
Car depuis le 5 juillet 2021, le « fils préféré » du président fait l’objet de poursuites judiciaires au Mali. Le doyen des juges d’instruction du tribunal de la commune IV de Bamako, Sidi Abdine Maïga, a affirmé détenir des « preuves accablantes » contre lui et a décidé de relancer l’affaire Birama Touré. Karim Keïta est accusé d’être à l’origine de la séquestration du jeune journaliste du journal Le Sphinx. Au moment de sa disparition, ce dernier enquêtait sur une liaison présumée entre Karim Keïta et la femme de l’un de ses amis, ainsi que sur des contrats d’armement qui n’avaient pas été honorés

Le juge a demandé au bureau central d’Interpol à Bamako d’émettre un mandat d’arrêt international à l’encontre de l’ancien député de la commune II de Bamako. Nul ne sait si la requête a été validée. Mais le risque est trop important, et Karim est contraint de se faire discret.

C’EST PAR CETTE AFFAIRE QUE LA JUNTE COMPTE METTRE LA MAIN SUR LE « FILS PRÉFÉRÉ » D’IBK

Cette affaire est pour lui une véritable épine dans le pied. Il a beau souligner qu’aucune preuve matérielle n’établit son implication dans la disparition de Birama Touré, un rapport de Reporters sans frontières (RSF) vient étayer la thèse des juges. Transféré à l’instruction en juillet 2021, il s’appuie sur le témoignage qui n’avait pas été rendu public jusqu’alors d’un des codétenus du journaliste . Celui-ci affirme que Birama Touré a notamment été détenu « dans la chambre froide de la sécurité d’État, une cellule dans laquelle les détenus étaient régulièrement torturés ». Après plusieurs mois de détention, il a été exécuté de « trois coups de feu », affirme le témoin, qui dit avoir lui-même assisté au meurtre, commis fin 2016, selon lui.

Karim Keïta, lui, n’était pas présent. Alors quel rôle a-t-il joué exactement ? Aucun, réfute ses avocats. Karim a choisi de se faire représenter par un ami intime de son père, Marcel Ceccaldi. Cet avocat français dénonce une « publication litigeuse » de RSF qui s’appuie sur « des témoignages d’anonymes ». Il déplore que cette affaire ne soit rien d’autre qu’une « instrumentalisation des juges par le régime en place ».

À LIRE
Mali – Mandat d’arrêt contre Karim Keïta : que risque vraiment le fils d’IBK ?
Joint au téléphone par Jeune Afrique, Karim Keïta se dit « serein et imperturbable ». Pourtant, la menace est réelle. « C’est par cette affaire que la junte compte mettre la main sur Karim Keïta. Mais il faut admettre que la procédure patine ces derniers mois », nous confie un diplomate établi dans la sous-région.

Évaporé
Pourquoi les colonels au pouvoir craignent-ils ce jeune quadra ? Pour le comprendre, il faut revenir à la journée du 18 août 2020. Ce jour-là, alors que des bruits de bottes se font entendre depuis le camp militaire Soundiata-Keïta, à Kati, une réunion de crise est improvisée à la résidence d’IBK. Karim, le Premier ministre Boubou Cissé, qu’il n’apprécie guère, et le patron de la sécurité d’État Moussa Diawara sont autour du président pour tenter de trouver une parade. En vain. Les nouvelles ne sont pas bonnes.

JE CROIS QU’IL S’ÉTAIT PRÉPARÉ AU COUP D’ÉTAT. MAIS IL RESSASSE TOUT CELA, LES ERREURS QU’IL A PU COMMETTRE

« Je crois que Karim s’était préparé au coup d’État. Il savait que tout était possible, reconnaît l’un de ses amis. Mais il ressasse tout cela, les erreurs qu’il a pu commettre… Il continue à croire que si son père avait fait un remaniement en mettant en place un gouvernement plus resserré et plus efficace, le régime aurait pu tenir malgré les importantes manifestations. »

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