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Russie – Afrique : la propagande de Moscou dans le viseur des Américains
Publié le mercredi 1 juin 2022  |  Jeune Afrique
Manifestation
© aBamako.com par MS
Manifestation du mouvement Yerewolo Debout sur les Remparts à Bamako pour le départ des forces françaises du Mali
Bamako, le 18 février 2022. Le mouvement Yerewolo Debout sur les Remparts a organisé une manifestation à Bamako pour célébrer le départ des soldats français du Mali
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Les services spécialisés du département d’État américain ont publié leur tout premier rapport consacré aux opérations de désinformation menées par la Russie sur le continent. Avec le Mali, où opère Wagner, comme cible privilégiée.

Après la France, ce sont les États-Unis qui s’inquiètent de l’influence croissante de la Russie en Afrique et du travail de sape qu’elle y mènerait. Le Global Engagement Centre, qui coordonne les efforts américains visant à « exposer et contrer la propagande et la désinformation étrangères », a publié fin mai une note portant exclusivement sur les activités russes dans le Sahel, et notamment au Mali, où opèrent les mercenaires du groupe Wagner.


« La Russie déploie des techniques de désinformation sur plusieurs continents […], travaillant souvent par le biais de mandataires pour soutenir indirectement ses objectifs de politique étrangère, résume le Global Engagement Centre. Dans certaines régions d’Afrique, y compris depuis quelques temps au Mali, les mandataires liés au Kremlin exploitent l’instabilité pour gagner en influence, par le biais de la désinformation et via le déploiement du groupe Wagner. »

« Faire la lumière sur les mensonges du Kremlin »
L’objectif du département d’État est clair : il veut « exposer publiquement la désinformation russe ». « Nous publions ce type de note pour contrer les discours délibérément erronés et la propagande. Il est important de faire la lumière sur les mensonges du Kremlin », explique une source à Washington.

Créé sous la présidence de Barack Obama, en mars 2016, le Global Engagement Centre avait pour mission initiale de ne pas laisser l’État islamique (EI) gagner « la bataille de l’information » et de « briser les efforts de recrutement des extrémistes violents », ainsi que l’expliquait son tout premier coordinateur, Michael Lumpkin.

Hébergé au sein du département d’État, l’organisation s’appuie également sur le personnel des départements de la Défense, du Trésor, de la Justice et de la Sécurité intérieure, ainsi que sur la communauté du renseignement et l’Agence américaine pour le développement international (Usaid). Mais au fil des années, sa mission a évolué et la Russie a remplacé l’EI tout en haut de la liste des dossiers prioritaires.

Wagner sur Facebook
Depuis janvier 2020, le Global Engagement Centre a donc publié plusieurs rapports sur la désinformation opérée par les Russes en matière d’armes chimiques et biologiques en Ukraine. Il a démasqué les principaux relais de la propagande du Kremlin et dénoncé les médias russes détenus et dirigés par l’État, tels RT ou Sputnik. Son dernier rapport consacré à l’Afrique a été rendu public alors que l’administration Biden continue de faire pression sur les pays du continent pour qu’ils dénoncent à leur tour l’invasion de l’Ukraine. Il ne déplairait pas non plus à Washington que la flambée des prix des denrées alimentaires, du carburant et des engrais qui touche durement l’Afrique soit imputée à Moscou plutôt qu’à sa stratégie de sanctions.

Le Global Engagement Centre s’intéresse tout particulièrement au groupe Wagner et à son financier, Evgueni Prigojine, un oligarque réputé proche de Vladimir Poutine. Soupçonné d’avoir cherché à influencer les élections de mi-mandat en 2018 par le biais d’une usine à trolls, l’Internet Research Agency (IRA), Prigojine a déjà été sanctionné par le Trésor américain en 2019. En mars dernier encore, l’administration Biden l’a de nouveau ciblé pour son soutien à l’invasion de l’Ukraine.

Le Global Engagement Centre affirme que Wagner s’est déployé au Mali « en se présentant comme capable de contrer la menace terroriste » et dénonce « une campagne de désinformation ciblée destinée à cacher son arrivée et la nature réelle de ses activités ». Le groupe est notamment accusé d’avoir utilisé Facebook pour promouvoir la Russie comme une « alternative » à la France et aux Occidentaux, tout en plaidant en faveur du report des élections qui devaient se tenir en février dernier.

« Faire basculer le soutien du public »
Selon le département d’État, la Russie a également tout fait pour nier sa responsabilité dans le massacre perpétré dans le village de Moura, dans le centre du Mali, tout en fabricant une fausse vidéo censée montrer des corps déterrés près d’une ancienne base française à l’extérieur du village de Gossi. L’IRA aurait aussi tenté de duper des journalistes nigérians, camerounais, gambiens, zimbabwéens et congolais, poursuit le Global Engagement Centre. Elle se serait par ailleurs appliquée à introduire un biais pro-russe dans le discours des politiques en Centrafrique et à dénoncer la politique étrangère française à Bangui, Yaoundé, Antananarivo, Malabo, Maputo et Pretoria.

« Ce recours à la désinformation et aux services du groupe Wagner s’est traduit par de nombreux mensonges et par des violations des droits humains, conclut le Département d’État. Malgré les sanctions des États-Unis, de l’Union européenne et du Royaume-Uni, malgré l’exposition des entités liées à Prigojine, ces acteurs continuent d’opérer en Afrique […] afin de faire basculer le soutien du public en faveur du gouvernement russe.”

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