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Abdoulaye Diop, ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale sur MIKADO FM : «Je crois qu’il faut se mettre à l’esprit que personne ne viendra nous enseigner les notions de droits de l’Homme»
Publié le mardi 7 juin 2022  |  L’Inter de Bamako
Point
© aBamako.com par S.A
Point de presse animé par le ministre malien des affaires étrangères et de son homologue algérien
Bamako, le 26 août 2021. En fin de mission à Bamako, le ministre algérien des affaires étrangères M. Ramtane LAMAMRA a, conjointement animé un point de presse avec son homologue malien, M. Abdoulaye DIOP.
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Mikado FM: Bonjour, vous êtes le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali. Merci d’avoir accepté de nous recevoir pour cet entretien, Monsieur le ministre, actualité oblige, le Mali décide de se retirer du G5-Sahel. Pouvez-vous nous en dire plus ? Quelles sont les raisons de ce retrait ?

Abdoulaye Diop: Merci. Vous savez que le G5-Sahel, avant de répondre à votre question, est une organisation qui travaille sur le pilier Développement et Sécurité. Le G5-Sahel a été créé suite à la crise au Mali. Le Mali a été un membre fondateur et un acteur de premier plan du G5-Sahel. Il y a quelques années, le Mali a assumé la présidence du G5-Sahel. De l’avis des observateurs, ce fut une présidence des plus actives du G5-Sahel. C’est pendant la présidence malienne du G5-Sahel que la Force conjointe a été mise en place.

Aujourd’hui, si nous en sommes arrivés là, c’est qu’il y a une succession d’événements qui touchent au respect mutuel qui est dû entre membres d’une organisation, mais aussi à la nécessité que toute organisation, soit d’abord bâtie sur le respect de ses propres textes. Au dernier sommet du G5-Sahel qui s’est tenu à N’Djamena, c’était le septième sommet, il a été décidé que le huitième sommet puisse se tenir à Bamako à l’occasion duquel sommet, le Mali devait assumer la présidence en exercice de l’organisation.

On est au mois de mai 2022. Pas de résultats par rapport à cela. Le Mali avait déjà entendu, depuis sept à huit (08) mois qu’il y avait des manœuvres pour que le Mali ne puisse pas assumer la présidence de l’organisation à cause de la transition politique qui s’est opérée au niveau du Mali. Nous avons attendu. Au mois de février n’ayant eu aucune information par rapport à la tenue de ce sommet, le Président de la transition a adressé une correspondance au Président de la République du Tchad, Président en exercice, pour indiquer la disponibilité du Mali à accueillir le sommet et notre souhait que les textes de l’organisation soient observés, que le sommet se tienne à Bamako et que le Mali assume la présidence en exercice.

La réponse qui a été donnée n’était pas satisfaisante pour le Mali et nous avons adressé une seconde correspondance, pour alerter cette fois-ci, en indiquant qu’il était important qu’une décision soit prise sur cette question. La dernière correspondance est datée du 22 avril dernier, dans laquelle nous avons indiqué que si une évolution significative ou substantielle n’était pas observée par rapport à la question de la présidence malienne, le Mali se verrait obligé de suspendre sa participation dans les instances et organes de l’organisation.

Et nous avons donné le délai du 15 mai 2022 pour la matérialisation de cette volonté. Le dimanche 15 mai, nous n’avons pas eu de réponse et le Mali n’avait pas d’autre choix que d’aller de l’avant. Nous avons pris cette décision fondée sur un certain nombre de principes. D’abord, le G5-Sahel, en tant qu’organisation, a des textes fondateurs, aucun des textes du G5-Sahel, la convention du G5-Sahel et tous les autres textes subséquents, aucun d’eux ne prévoit que la situation politique ou les évolutions politiques internes au sein de ses états membres puissent constituer une raison pour exclure ou en tout cas empêcher un pays d’exercer ses responsabilités ou d’assumer la présidence de l’Organisation.

Ensuite, certains États membres ou un État membre aurait mis en avant le fait que le G5-Sahel devrait être solidaire des sanctions qui ont été édictées à l’encontre du Mali par la CEDEAO en particulier. Il n’y a aucun texte de loi du G5-Sahel qui prévoit que l’organisation puisse endosser ou entériner des restrictions ou des sanctions à l’égard d’un État membre. Troisième raison, c’est qu’aujourd’hui le Tchad assume la présidence en exercice.

Les autorités tchadiennes sont issues d’un régime de transition, comme les autorités au Mali. Nous ne voyons pas de raison que la présidence puisse passer du Tchad au Mali, les mêmes causes produisant les mêmes effets. Quatrième argument, c’est qu’aujourd’hui il y a un état extra régional qui n’est ni africain, n’appartenant pas au G5 Sahel, qui est à la manœuvre pour empêcher le Mali d’assumer la présidence du G5 Sahel.

Cette situation n’est pas acceptable. Elle n’est pas acceptable en ce sens que la vision du Mali aujourd’hui, c’est que les Africains doivent se prendre en charge. Les Africains doivent être les maîtres de leur destin. Les Africains doivent avoir une politique autonome. Je crois que l’interférence de ce pays en particulier montre que l’organisation n’agit pas de façon autonome pour prendre ses décisions. Sinon, un État non-membre ne peut pas mettre de veto à un autre État membre. Le Mali contribue pour près de 400 millions de francs CFA dans le budget ordinaire du G5-Sahel. Je ne parle pas de notre contribution au niveau de la Force conjointe. Le Mali est le pays qui est le plus à jour par rapport à ses cotisations.

Par-delà ces facteurs, aujourd’hui notre présence au sein d’une organisation doit se faire sur la base du respect dû au Mali, à ses autorités, l’équité et la justice dans leur traitement, mais surtout le respect de nos propres textes. Le Mali a toujours été un pays dont l’engagement panafricain n’a jamais été démenti, nous nous sommes toujours battus pour la coopération, l’intégration régionale. Ceci ne peut pas se faire au détriment du respect dû à chaque pays, à chaque nation. Tous les pays membres doivent être traités de la même façon. Les partenaires qui ne sont pas membres de notre organisation ne doivent pas créer des dissensions à l’intérieur des pays. Qu’à cela ne tienne, le Mali continuera à entretenir des relations amicales avec tous ses pays voisins.

Le G5-Sahel n’est certainement plus le cadre indiqué pour nous, pour aller de l’avant parce que cela ne cadre plus avec notre vision, aux défis auxquels nous faisons face. Nous allons trouver des moyens sur le plan bilatéral pour continuer à travailler avec l’ensemble de ces pays et dans un cadre d’amitié, dans un cadre de fraternité. C’est dans ce cadre que cette décision a été prise. Je voudrais vraiment rassurer vos auditeurs et les populations maliennes qui nous écoutent que notre retrait du G5-Sahel n’aura aucun impact sur les efforts en cours au niveau du pays pour apporter la paix et la sécurité. Bien avant, que nous étions déjà engagés à équiper nos Forces de défense et de sécurité (FDS) qui sont en opération. Je voudrais saluer l’action des Forces de défense et de sécurité à cet égard et rassurer nos compatriotes que ceci ne comporte pas de risque particulier pour notre pays.

Mikado FM: Sur un tout autre plan, depuis le 9 janvier dernier, le Mali est sous embargo de la CEDEAO, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest. Monsieur le ministre, vous avez récemment effectué au Togo, une visite au cours de laquelle, vous avez rencontré les autorités de ce pays en vue de permettre son implication dans la facilitation du dialogue entre le Mali et l’organisation sous régionale. Monsieur le Ministre, pourquoi le choix du Togo ?

Abdoulaye Diop: Merci pour votre question. Le choix du Togo n’est pas surprenant. Ce n’est pas nouveau aussi, le Togo a toujours été un pays qui a inscrit son action dans le cadre de la promotion du dialogue et de la paix entre pays. Le Togo lui-même a subi des sanctions pendant quinze ans et s’est relevé. Partant de cette expérience, le pays a toujours eu une approche réaliste et équilibrée de ces questions pour éviter de nous engager sur des chemins qui seront des impasses pour nos pays. Le Togo, depuis le début de la transition malienne, a fait preuve d’une grande écoute et attention par rapport à ce qui se passe ici et a toujours œuvré de façon tout à fait constructive dans le cadre de la conférence des chefs d’État pour que des solutions soient trouvées. C’est dans ce cadre-là que nous nous sommes retrouvés à un moment de difficultés par rapport au processus de négociations avec la CEDEAO, où les choses étaient un peu ralenties sur le plan technique, dans le cadre du groupe de travail technique qui a été mis en place au niveau du ministère de l’Administration territoriale et le Comité local de suivi qui comprend les Nations Unies, la CEDEAO, l’Union africaine, le Ghana et le Nigeria.

Il y avait un travail technique important qui avait été fait pour pouvoir avoir un consensus sur le contenu du calendrier, notamment les différentes réformes constitutionnelles, la mise en place d’un organe unique et les différents scrutins. C’est vous dire que sur le plan technique, il y avait une grande convergence. Les points de vue ont été rapprochés. Plus tard aussi sur le calendrier, les points de vue étaient très éloignés. Parti d’un calendrier initial de cinq ans côté gouvernement, avec beaucoup de discussions avec la CEDEAO, la marge a été réduite et nous sommes à peu près à 16 ou 18 mois côté CEDEAO, près de vingt-quatre (24) mois, côté autorités maliennes. C’est dire que le gap n’est pas grand, mais aussi, vous le savez, comme on dit dans le sprint, les derniers cent mètres sont les plus difficiles.

C’est dans ce contexte que nous avons compris que là où nous sommes, la question est éminemment politique et elle ne peut être tranchée qu’au niveau des chefs d’États, avec une impulsion à ce niveau. C’est dans ce contexte que le Président Faure Gnassingbé a été contacté à travers ma modeste personne, par le Président Goïta pour lui demander de s’investir, de contribuer et de faire de la facilitation. Je le répète encore une fois, «facilitation» et non de la médiation. Parce que le médiateur qui est le Président Goodluck Jonathan, l’ancien président du Nigéria, a été choisi par la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avec l’accord des autorités maliennes.

Nous n’avons pas remis en question cela. Le travail de facilitation pour lequel le Président Gnassingbé a été sollicité, a pour vocation d’impulser le processus pour faciliter un consensus entre chefs d’États autour de la petite marge qui reste à fermer. Donc, il s’investit dans ce cadre. Nous apprécions le sérieux avec lequel il prend cette mission et nous espérons qu’avec les efforts en cours et la contribution de l’ensemble des autres chefs d’États, nous pourrons arriver à tourner très rapidement cette page. Parce que les enjeux pour le Mali aujourd’hui, les enjeux pour la région et la géopolitique mondiale qui est en pleine évolution, nous inclinent plutôt à dépasser ces petits problèmes de délais pour pouvoir nous engager vraiment à résoudre cette question de la transition, à aller aujourd’hui vers un processus qui nous conduise à un retour à l’ordre constitutionnel, un retour de la stabilité au niveau du Mali.

Mikado FM: Monsieur le ministre, on va parler de sécurité si vous le souhaitez. Le retour de la sécurité dans le pays semble avoir été la priorité de ces derniers mois. Est-ce que vous considérez cet objectif comme atteint aujourd’hui ?

Abdoulaye Diop: Vous savez, il y a eu des résultats remarquables qui ont été enregistrés suite aux opérations militaires qui ont été engagées par les Forces de défense et de sécurité maliennes que je tiens à saluer pour le sacrifice et les nombreuses pertes en vies humaines de nos soldats comme des soldats des forces partenaires, mais aussi saluer vraiment leur engagement dans le cadre de ces opérations qui ont été planifiées par les autorités maliennes qui ont fait des sacrifices importants pour mettre en place des moyens, en termes d’équipements et de projections aériennes pour pouvoir faire ce travail sur ce terrain. On ne peut pas dire que ce résultat a été atteint.

Vous savez, la sécurité est une donne extrêmement fluide qui évolue de façon constante. Ce qu’on peut dire, c’est qu’aujourd’hui, il y a des résultats très encourageants sur le terrain qui ont permis au cours des trois derniers mois, par exemple le retour de près de 80 000 personnes déplacées dans leurs foyers. Vous entendez des témoignages de populations maliennes qui vivent dans ces localités, beaucoup d’entre elles aujourd’hui témoignent qu’il y a eu une activité normale qui est possible dans beaucoup de localités. Les gens arrivent à cultiver leurs champs, d’autres arrivent à aller au marché correctement. Ce n’est pas partout. Il y a encore des défis qui sont énormes, mais il faut continuer cette tendance.

Il faut permettre que ces succès militaires permettent aussi ou favorisent le retour de l’État et de ses services pour pouvoir donner le confort nécessaire. C’est ce que je peux dire à ce niveau-là. Il y a des résultats encourageants et probants, mais il faut encore accélérer la cadence, maintenir cet élan et faire en sorte que l’armée puisse continuer à travailler main dans la main avec les populations maliennes que nous servons.

Mikado FM: Le mandat de la MINUSMA devrait être renouvelé en juin. C’est ici l’occasion pour vous d’éclairer les auditeurs sur les relations entre le Mali et la mission onusienne ?

Abdoulaye Diop: Nos relations sont bonnes. Dans toute relation, il y a des parts de difficultés. Globalement, nous n’avons pas de problème en tant que tel avec la Mission. Avec notre frère El Ghassim Wane qui dirige la mission comme l’ensemble des membres de cette mission, nous entretenons des relations de collaboration, de relations de dialogue franc et direct. Nous travaillons sur beaucoup de questions.

Par rapport à cela, je ne peux pas dire qu’il y a des difficultés particulières. Il y a peut-être des situations sur lesquelles nous devons toujours travailler à pouvoir renforcer la discussion, que ce soit avec le Ministère des Affaires étrangères qui est le point focal de la Mission, mais aussi avec les ministères techniques avec lesquels nous travaillons sur des dossiers spécifiques. Le rôle des Affaires étrangères a toujours été de jouer un rôle de facilitation et un rôle d’accompagnement, un rôle d’explication et faire en sorte que nous puissions créer les conditions pour que la Mission puisse exécuter correctement son mandat.

Mikado FM: S’agissant des droits de l’Homme qui restent l’un des piliers de son mandat, la MINUSMA s’est souvent inquiétée d’allégations de violations. Comment se passe la collaboration entre le Mali et l’ONU sur ce dossier ?

Abdoulaye Diop: Sur ce dossier, je crois qu’il faut que l’approche privilégie le fait que les droits de l’Homme ne sont pas un monopole des Nations unies ni d’autres pays membres des Nations unies. Ce pays est fondamentalement un vieux pays, d’ancienne civilisation. Nous avons eu nous-mêmes, dans la période médiévale, une constitution celle de Kouroukan Fouga dans laquelle était clairement inscrite les notions de droits de l’Homme et de protection de la dignité de la personne humaine. Ce que nous faisons aujourd’hui, nous ne le faisons pas pour faire plaisir à quelqu’un ou pour répondre à des normes qui sont établies ici et là.

Nous sommes pleinement partie intégrante de cette civilisation universelle. Je crois qu’aussi, dans l’appréhension du concept des droits de l’Homme, il ne faut pas que les gens nous prennent de haut. «Nous avons une mission messianique de protection des droits». Non, considérez que ce ne sont nos droits à nous tous et qu’il est de l’intérêt du gouvernement du Mali, de l’intérêt des Maliens de promouvoir et de protéger les droits de l’Homme pour notre bien.

Parce que nous sommes convaincus que si nous ne protégeons pas les droits de l’Homme au niveau du Mali, rien de ce que nous voulons faire, ne sera possible. La lutte contre le terrorisme ne peut pas être gagnée si les Forces de défense et de sécurité (FDS) ne respectent pas les droits de l’Homme.

Aujourd’hui, le Mali est engagé pour le respect du Droit international humanitaire (DIH), du respect aussi des droits de l’Homme dans le cadre de nos opérations. Ceci dit, ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de problème. Ça veut dire que l’approche doit changer et il faut approcher la question avec beaucoup d’humilité et aussi avec un sens de collaboration. Que ce soit la définition des droits de l’Homme, même les Nations unies ne se mettent pas dans une position d’être des procureurs.

Je crois que la Mission a un mandat de protection. C’est absolument normal qu’elle puisse l’exercer. Nous allons l’aider à le faire, mais il faut qu’elle se mette dans une procédure d’exécuter cette mission de façon objective, de faire en sorte qu’elle-même ne soit pas instrumentalisée parce que nous sommes dans un contexte géopolitique extrêmement difficile et complexe, où il y a beaucoup d’adversité, beaucoup d’hostilités ou d’autres forces cherchent par plusieurs moyens, comme le cas du G5 Sahel, à utiliser des mains invisibles pour atteindre le Mali.

Donc la Mission doit faire être extrêmement attention et être extrêmement prudente dans les actes qui sont posés. À mon avis, nous sommes engagés pour le respect des droits de l’Homme. Ce que nous souhaitons, c’est que le traitement des droits de l’Homme soit compris comme une mission qui se fait avec les autorités maliennes. À quoi sert-il de dénoncer des choses si demain l’objectif n’est pas de mettre à nu des situations, où vous attendez que l’État malien vous aide à fixer le problème ? C’est ça l’objectif, ce n’est pas de jeter l’anathème sur l’État malien. Pour que cela se fasse, il faut qu’on crée des cadres de collaboration. Si la Mission effectue ses missions ou publie ses Rapports, récemment je dois reconnaître qu’il y a eu des problèmes.

Dans le temps, nous avons eu le sentiment à un certain moment que la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA) se prenait pour une ONG surtout la Division des droits de l’Homme. Un matin, on se lève et on voit qu’il y a un rapport qui est accablant pour l’État malien, que le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale lui-même découvre dans la presse et que je suis interpellé par les autorités et que je dise que je ne suis pas au courant.

Le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, garde des Sceaux n’est pas au courant, cela n’est pas sérieux. Ce que nous souhaitons, c’est que la Mission doit faire son travail en toute autonomie. Il n’y a rien de caché dedans. Récemment, il y a eu une évolution, les Rapports sont publiés ont fait l’objet de transmission de procéder à un autre niveau pour que nous prenions connaissance, pour que nous puissions commenter, et donner des observations. C’est pour faire en sorte que la mission aussi puisse travailler de façon indépendante, conformément au principe qui existe de façon tout à fait professionnelle. Souvent les allégations peuvent être portées sur la base de rumeurs ou d’informations qui ne sont pas fondées. Ce partage nous permet de donner nos commentaires et la mission n’est pas obligée de les accepter.

Je crois quand même on donne notre vision et en définitive le rapport final est publié. Au moment de sa publication, nous savons qu’il y a des choses dedans avec lesquelles nous sommes d’accord et il y a des choses avec lesquelles nous ne sommes pas d’accord. Dans l’état d’esprit, il faut que la mission comprenne qu’il y a le ministère de la Justice et des institutions étatiques chargées des droits de l’Homme. Il y a aussi des institutions non étatiques maliennes chargées des questions de droits de l’Homme. Qu’on ne se mette pas dans la tête, qu’on a une mission à la Zorro à accomplir dans le pays. Je crois qu’il faut vraiment se mettre à l’état d’esprit que personne ne vient nous enseigner ces notions, mais qu’il est de notre intérêt à tous, ce sont les biens communs mondiaux aussi.

La Mission est absolument dans ce droit de pouvoir travailler à la promotion des droits de l’Homme. Si l’approche n’est pas bien pensée, si elle n’est pas comprise dans un cadre collaboratif, si ce partenariat-là n’est pas en place, s’il y a des suspicions et un manque de confiance entre nous, je pense que ça se fera au détriment de sa mission. Nous sommes en faveur que la mission puisse faire son travail avec professionnalisme, avec indépendance, avec sérieux et dans un esprit de collaboration.

Mikado FM: Pour finir cet entretien, quel est votre message aux Maliens qui aspirent à la paix ?

Abdoulaye Diop: Je crois que la paix pour un pays comme le Mali et après plus d’une décennie dans la crise, nous nous rendons compte que malgré les richesses minières et naturelles dont le pays dispose, que notre plus grande richesse n’est pas ce qu’il y a dans notre sous-sol, notre plus grande richesse, c’est la paix, la stabilité, l’entente entre les Maliens, la confiance que nous pouvons créer entre nous. Tant que nous n’aurons pas cette entente entre nous, nous ne serons pas en mesure de pouvoir exploiter ce qui est dans notre pays.

Nous ne serons pas capables de préserver le pays dont nous avons hérité de nos ancêtres et de pouvoir transférer ce pays aux générations futures. Notre préoccupation de pouvoir léguer le Mali à ces générations, le Mali pas dans sa situation, mais sur le plan physique et géographique, est un pays uni. C’est ce pays dont nous avons le défi de transférer aux générations qui viennent. Pour nous la paix, naturellement, ce n’est pas une incantation. Elle commence à un niveau individuel, mais je crois que quelqu’un qui n’est pas en mesure de faire la paix avec lui-même ne fera pas de paix avec les autres.

Donc, c’est une affaire de posture personnelle. Chacun de nous doit comprendre que ce pays nous appartient du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest. Hommes, blancs ou noirs, Arabes, Touaregs ou Dogon, personne ne peut chasser l’autre de ce pays et personne ne peut vivre seul dans ce pays. Chacun a sa place dans ce pays, mais c’est seulement dans l’union et dans l’unité que nous allons être forts pour pouvoir créer la prospérité pour notre pays et faire en sorte que nous puissions nous donner la main. Et je crois qu’aujourd’hui, après les décennies de conflits, on se rend compte qu’il n’y a pas un Malien qui va gagner sur un autre.

Nous allons nous en sortir ensemble ou nous allons périr ensemble. Que Dieu nous garde. Pour moi, la paix est la richesse fondamentale du pays. Nous devons y travailler au quotidien. Aucun sacrifice n’est grand aujourd’hui pour avoir la paix entre Maliens.

Source: Mikado FM
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