Le dernier sommet de la CEDEAO s’est achevé, laissant les maliens perplexes. Aucune décision n’a en effet été prise et les sanctions n’ont pas été levées. On nous a redonné rendez-vous le 3 juillet pour une sorte de délibération sur le sort du Mali.
Le ministre malien des affaires étrangères, en dépit du maintien de l’embargo, semble confiant par rapport à la suite à venir. Il a salué l’implication du président togolais et reconnu la justesse des rapports faits par le président Ghanéen. Ce sommet n’était donc pas un échec total, les parties ayant pris la mesure de l’urgence à laquelle toute la communauté fait face.
Mais le feuilleton devient de plus en plus intriguant. Avec le nouveau décret signé par le président Assimi, la Transition malienne s’offre 20 mois supplémentaires, et s’assume en marge de toute négociation. Son objectif étant de poursuivre la sécurisation du pays et de terminer le nettoyage de la scène politique des brigands et des fossoyeurs du pays, une partie du peuple reçoit cette dernière nouvelle avec satisfaction. Toutefois, cette décision, courageuse en apparence, ne va-t-elle pas envenimer une situation déjà compliquée ?
Il est vrai que le délai imposé par le décret présidentiel n’est pas très éloigné de celui proposé par la CEDEAO. Mais une fixation unilatérale d’un délai, alors même que les parties semblaient converger vers une sortie de crise négociée, était-elle inévitable ? Non, nous pensons que les 20 mois auraient pu être obtenus d’un commun accord. Cela aurait été signe d’une diplomatie raisonnable et réussie.
Mais en réalité ce décret, un de trop, n’est qu’un coup de « com. » destiné à séduire la rue. Ce décret est de trop parce qu’il n’était pas utile dans la mesure où à 1 ou 2 mois près, les parties n’étaient pas loin d’un compromis. La Transition veut rassurer le peuple. Elle veut que le peuple sache qu’il est toujours souverain et que sa volonté sera entendue. La méthode est ingénieuse et ce d’autant plus que la grande majorité de la population ne saurait en apprécier la portée. Elle a juste besoin de sentir maitresse du pays. Et le décret produit bien cette impression.
La CEDEAO, si elle est de bonne foi, devra accepter cette décision et être moins orgueilleuse pour lever les sanctions qui affligent le peuple malien. De l’autre côté, les autorités maliennes doivent, à leur tour, montrer leur bonne foi en fournissant un chronogramme au prochain sommet. Avec des dates précises pour les élections et les progrès réalisés en matière de sécurité, la Transition pourrait bien avoir une plus grande cote de popularité pendant les 20 mois à venir. Les maliens la soutiennent pour ses actions sur le terrain mais il lui faut également démontrer son soucis pour le retour de l’ordre constitutionnel. Elle n’en sortira que plus aimée.