Alors que les maliens dans leur écrasante majorité ne se sont pas encore remis de leur choc du sommet extraordinaire de la CEDEAO tenu le 4 juin 2022 à Accra au Ghana, voilà une autre maladresse commise par le gouvernement de la transition, à savoir la signature d’un décret fixant le délai de la transition à 24 mois. Ce sommet, il faudrait le rappeler, aurait dû permettre la levée des sanctions économiques et financières imposées au Mali depuis le 9 janvier 2022. Finalement les chefs d’Etats et de gouvernements de la CEDEAO ont reporté au 3 juillet 2022, la décision tant attendue au cours du sommet ordinaire qui, en principe, devrait consacrer la fin de l’embargo et permettre la levée des sanctions. C’est à un mois de cette rencontre que le gouvernement de la transition contre toute attente, a fixé unilatéralement, inopportunément et sans consulter toutes les composantes sociopolitiques du pays, le délai de la transition à 24 mois. Le hic est qu’il a posé cet acte deux jours seulement après le sommet extraordinaire de l’organisation sous régionale et au moment où le médiateur de la CEDEAO est en route pour Bamako afin de prendre langue avec les autorités en vue de mettre en œuvre les recommandations formulées par elle avant le prochain sommet. Le décret du gouvernement est d’autant plus maladroit qu’il vient couper l’herbe sous les pieds du Président togolais Faure Eyadema solliciter pourtant pour jouer la facilitation. En posant cet acte le gouvernement malien aurait commis une double maladresse, la première est celle d’avoir complexifié voire fermé la porte pour un compromis avec la CEDEAO, la deuxième est d’avoir désavoué le médiateur désigné par les chefs d’Etats de la CEDEAO, à savoir Good Luck Jonathan qui est attendu à Bamako pour reprendre langue avec les autorités afin de mettre en œuvre les recommandations de la CEDEAO avant le sommet ordinaire du 3 juillet qui probablement plaidera pour une levée de l’embargo contre le Mali .
Deux questions majeures taraudent les esprits des maliens, la première est celle de savoir pourquoi un tel décret maintenant alors qu’un compromis est sur le point d’être trouvé ? La deuxième est celle de savoir à qui profite cette maladresse, au Président de la Transition ou bien à son premier ministre, les deux cosignataires du décret ? En attendant de répondre à ces deux questions il nous revient de faire le constat qu’à chaque fois que l’on se rapproche du bout du tunnel, à chaque fois que les maliens commencent à fonder des réels espoirs pour une levée des sanctions afin que leur souffrance puisse être atténuée, les autorités de la transition posent un acte qui fait reculer. C’est pourquoi il y a lieu de se demander si la crise ne nourrit pas les autorités actuelles. L’autre question que beaucoup de juristes se posent est sans nul doute la légalité même du décret. Ne viole-t-il pas la Constitution et la charte de la transition, pourquoi une double signature ? A notre humble avis seul le Président de la Transition aurait dû signer seul, lui qui a prêté serment. Ou alors c’est fait à dessein pour porter à deux cette lourde responsabilité.
En somme, les maliens sont à bout de souffle à cause des sanctions et de la crise mondiale consécutive à la guerre Russo Ukrainienne. Donc il urge de trouver une issue à la crise qui est à notre portée à savoir celle de la CEDEAO pour atténuer la souffrance du peuple malien