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Diamant : Bougouni, nouvel eldorado ou miroir aux alouettes
Publié le lundi 13 juin 2022  |  Le focus
Cérémonie
© aBamako.com par A S
Cérémonie d`Inauguration de la mine d`or de Kofi
Bamako, le 24 Avril 2015, a eu lieu la cérémonie d`inauguration de la mine d`or de Kofi
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La découverte d’un gisement de diamant dans la région de Bougouni, la semaine dernière, au-delà de l’euphorie qu’elle suscite, relance le débat sur l’impact positif des mines maliennes sur la vie des populations. Avec la nouvelle de l’exploitation prochaine du diamant dans la région de Bougouni, les Maliens s’interrogent déjà sur la future destination de la manne financière.

Jusque-là, pour beaucoup de nos compatriotes, notre pays ne tire pas grand profit de l’exploitation de l’or, le pays étant le troisième exportateur du métal jaune sur le continent. En cause, le code minier en vigueur, qui serait l’un des pires textes qu’un pays puisse accepter, selon des analystes.

Si le code minier malien ne change pas, l’exploitation du diamant n’apportera que déception et désillusion aux habitants de la région de Bougouni et au reste du Mali. Avec seulement 20 % des parts octroyé à l’Etat, les sociétés minières étrangères, comme d’habitude,
vont encore enlever le jackpot.

Ce code décrié régit malheureusement la nouvelle mine de lithium en construction dans la même région de Bougouni. En clair, cette mine, dont le minerai ne sera pas raffiné au Mali, ne sortira pas le pays de la pauvreté, à l’instar des 13 mines d’or industrielles déjà existantes.
Le Mali a adopté un nouveau code minier le 27 septembre 2019. Ce
texte fait de notre pays l’un des 29 pays africains à instituer un Fonds minier de développement local (FMDL).
Cependant, deux ans après son institution, le Fonds n’est toujours pas opérationnel. Auparavant, il n’y avait aucun fonds minier pour le développement des collectivités locales, souligne Abdoul Wahab Diakité, président de la Coalition malienne Publiez ce que vous payez (PCQVP). Partir à point nommé

Cet organisme a réuni, le mercredi 15 décembre 2021, plusieurs acteurs autour de la question de ce Fonds. C’était au cours d’un atelier dénommé “Atelier multi acteurs sur l’opérationnalisation du Fonds minier de développement local (FMDL) au Mali”.
Selon Abdoul Wahab Diakité, le FMDL doit être alimenté d’une part par le gouvernement à hauteur de 20 % des redevances proportionnelles collectées. Des redevances liées à la valeur des produits extraits et/ou vendus.

D’autre part, il est alimenté par des titres miniers d’exploitation de mines et les bénéficiaires d’autorisation d’exploitation industrielle de substances de carrières à hauteur de 0,25 % du chiffre d’affaires hors taxe au cours du mois ou de la va- leur des produits extraits au cours du mois. Reste à espérer que ce Fonds puisse changer le quotidien des populations locales. Rien n’est
moins sûr. En effet, les entreprises minières qui interviennent au Mali consacraient déjà une partie de leurs gains aux collectivités territoriales. Malheureusement, dans les communes, cet argent est souvent détourné par des élus locaux.
La plupart des municipalités de la région de Kayes ont bénéficié de plusieurs milliards de F CFA d’aide depuis des décennies. Aujourd’hui encore, ces communes manquent

cruellement d’eau potable, de centres de santé, de routes et d’écoles. Pis, elles assistent à la
dégradation de leur environnement à travers le déboisement et l’utilisation de produits chimiques nocifs à la santé humaine et animale. Bougouni fera-t-elle exception à la règle ? La réponse est mitigée, car “qui veut aller loin ménage sa mon-
ture”. Or le code minier en l’état ac- tuel comporte un obstacle pour toute course au galop.

Moctar Touré
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