Alors que les discussions étaient censées se poursuivre sur le chronogramme de la transition et que toutes les oreilles étaient tendues du côté de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) pour savoir si elle lèverait enfin les sanctions contre le Mali au terme de son prochain sommet extraordinaire prévu en début juillet prochain, les autorités de Bamako ont pris plus d’un, de court avec le décret présidentiel du 6 juin dernier fixant la durée de la transition « à 24 mois, à compter du 26 mars 2022 ».
En agissant de la sorte, c’est un véritable pavé que les autorités de Bamako ont jeté dans la mare de la CEDEAO avec laquelle les discussions achoppaient sur ce délai et pour laquelle la durée de la transition au Mali, ne saurait excéder 18 autres mois, après le rendez-vous manqué de fin février dernier.
Quelle mouche a donc pu piquer le colonel Assimi Goïta pour qu’il publie un tel décret au lendemain du sommet extraordinaire de la CEDEAO qui se donnait encore un mois pour arrondir les angles avec Bamako ; tant on disait les parties au dialogue, assez proches d’un consensus ? A-t-il eu, en creux, l’imprimatur de l’instance régionale pour le faire ? En tout cas le comportement du Chef de la transition, commence à planer des doutes dans la tête de bon nombre de Maliens. L’homme a pris gout au pouvoir et veut se la couler douce par des solutions miracles que lui seul, à les potions magiques.
Se dessinait-il le scénario que l’institution d’Abuja que certaines sources disent sensible aux souffrances du peuple malien, serait prête à mettre de l’eau dans son vin pour accompagner le Mali ? Si oui, pourquoi ne fallait-il pas attendre le délai d’un mois fixé par la CEDEAO pour son prochain sommet afin de faire connaître sa décision finale ? Si non, qu’est-ce qui fonde une telle décision de l’homme fort de Bamako ?
Est-ce une façon de forcer la main à la CEDEAO en la mettant devant le fait accompli ? Est-ce une bourde administrative qui aurait fuité comme l’on en voit, par moments, sous nos tropiques ? Autant de questions auxquelles seul le locataire du palais de Koulouba peut répondre. En tout état de cause, Bamako voudrait mettre un terme aux discussions avec la CEDEAO qu’elle ne s’y prendrait pas autrement. Mais s’il s’agit d’une nouvelle bravade, il faut croire que Bamako a quelque chose à gagner en jouant les provocateurs au risque de braquer un interlocuteur qui ne manque pas de moyens de pression. Mais le moment serait mal choisi.
Assimi Goita est en train de vouloir conduire le navire vers une destination que lui et ses compagnons semblent maitriser sinon à y voir de près, c’est une navigation sans destination réelle. Ceci étant, maintenant que les dés sont jetés, que va faire la CEDEAO ? Se résoudra-t-elle à boire le calice des 24 mois de délai, jusqu’à la lie, en entérinant sa décision ? Le temps nous en dira un peu plus.