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Durée de la transition malienne à 24 mois Bamako mesure-t-elle les conséquences de son acte ?
Publié le mercredi 15 juin 2022  |  Nouveau Réveil
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© aBamako.com
Visite du président de la CEDEAO au Mali
Bamako, le 17 octobre 2021. Dans le cadre du suivi de la transition en cours au Mali, le président du Ghana, Nana Addo Dankwa Akufo- Addo, président en exercice de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao, a effectué un déplacement à Bamako pour une visite de travail.
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Alors que les discussions étaient censées se poursuivre sur le chronogramme de la transition et que toutes les oreilles étaient tendues du côté de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) pour savoir si elle lèverait enfin les sanctions contre le Mali au terme de son prochain sommet extraordinaire prévu en début juillet prochain, les autorités de Bamako ont pris plus d’un, de court avec le décret présidentiel du 6 juin dernier fixant la durée de la transition « à 24 mois, à compter du 26 mars 2022 ».

En agissant de la sorte, c’est un véritable pavé que les autorités de Bamako ont jeté dans la mare de la CEDEAO avec laquelle les discussions achoppaient sur ce délai et pour laquelle la durée de la transition au Mali, ne saurait excéder 18 autres mois, après le rendez-vous manqué de fin février dernier. Quelle mouche a donc pu piquer le colonel Assimi Goïta pour qu’il publie un tel décret au lendemain du sommet extraordinaire de la CEDEAO qui se donnait encore un mois pour arrondir les angles avec Bamako ; tant on disait les parties au dialogue, assez proches d’un consensus ?

À-t-il eu, en creux, l’imprimatur de l’instance régionale pour le faire ? Bamako voudrait mettre un terme aux discussions avec la CEDEAO qu’elle ne s’y prendrait pas autrement

Se dessinait-il le scénario que l’institution d’Abuja que certaines sources disent sensible aux souffrances du peuple malien, serait prête à mettre de l’eau dans son vin pour accompagner le Mali ? Si oui, pourquoi ne fallait-il pas attendre le délai d’un mois fixé par la CEDEAO pour son prochain sommet afin de faire connaître sa décision finale ? Si non, qu’est-ce qui fonde une telle décision de l’homme fort de Bamako ? Est-ce une façon de forcer la main à la CEDEAO en la mettant devant le fait accompli ? Est-ce une bourde administrative qui aurait fuité comme l’on en voit, par moments, sous nos tropiques ?

Autant de questions auxquelles seul le locataire du palais de Koulouba peut répondre. En tout état de cause, Bamako voudrait mettre un terme aux discussions avec la CEDEAO qu’elle ne s’y prendrait pas autrement. Mais s’il s’agit d’une nouvelle bravade, il faut croire que Bamako a quelque chose à gagner en jouant les provocateurs au risque de braquer un interlocuteur qui ne manque pas de moyens de pression. Mais le moment serait mal choisi. Car, non seulement ce timing pourrait remettre tout le processus de négociation en cause, mais aussi cette sortie pourrait être lourde de conséquences si Bamako que l’on dit au bord de l’asphyxie économique et incapable de tenir ses engagements internationaux après plus de quatre mois d’embargo, n’a pas les moyens de tenir plus longtemps la tête hors de l’eau. C’est dire si à présent, il faut craindre que par cette décision unilatérale, les militaires au pouvoir à Bamako ne contribuent à froisser l’organisation sous-régionale qu’elle ne peut pas contraindre à accepter son chronogramme, mais qui, par contre, peut durcir sa position en maintenant ses sanctions contre le Mali.

Maintenant que les dés sont jetés, que va faire la CEDEAO ?

Et c’est peu de dire qu’en se la jouant solo, Assimi Goïta et ses camarades ôtent tout argument à leurs soutiens supposés ou réels au sein de la CEDEAO, qui auraient pu militer à l’interne en faveur d’un allègrement des sanctions contre le Mali. Bamako mesure-t-elle les conséquences de son acte ? En tout cas, cette décision est une attitude qui ne manque pas d’interroger, au moment où il fallait plutôt calmer le jeu et mettre balle à terre pour trouver un modus vivendi et un modus operandi de sortie d’un bras de fer qui n’a que trop duré. Sans pour autant que personne ne paraisse perdre la face. Ceci étant, maintenant que les dés sont jetés, que va faire la CEDEAO ? Se résoudra-t-elle à boire le calice des 24 mois de délai, jusqu’à la lie, en entérinant sa décision ? Acceptera-t-elle de faire contre mauvaise fortune, bon cœur face aux souffrances du peuple malien ou bien continuera-t-elle de camper sur sa position à l’effet de faire plier la junte ? Va-t-elle réagir dans le sens de ce décret présidentiel malien ou s’en tiendra-t-elle à son propre chronogramme en remettant sa décision au sommet extraordinaire de juillet prochain ? Autant de questions qui ne devraient pas tarder à trouver réponse.

En attendant, tout porte à croire que Bamako a abattu sa dernière carte dans ces négociations qui tardent à accoucher d’un consensus. La balle est maintenant dans le camp de la CEDEAO.

A . Diallo
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