Le dimanche 12 juin 2022, des syndicats de transporteurs routiers ont tenu à la Maison de la Presse, une réunion avec le président et le vice-président du Collectif pour la Refondation du Mali (Corema), Fousseyni Ouattara et Aboubacar Sidiki Fomba du CNT. Hors compétence ?
La réunion qui avait a priori pour objectif de débattre des problèmes des transporteurs routiers, a donné lieu à un procès en règle contre le Conseil malien des Transporteurs routiers (CMTR). D’entrée de jeu, Modibo Boubou Diallo vice-président de la Fédération des Groupements des Transporteurs agréés du Mali (FGTRAM) a fait savoir que leurs problèmes ont commencé avec la suspension du Droit de Traversée routière (DTR). Il a aussi fait cas des tracasseries avec l’administration, la douane, et même le Conseil malien des Transporteurs routiers (CMTR).
Ont pris part à cette rencontre, le Syndicat national des Transporteurs routiers, urbains, interurbains et internationaux du Mali, (Syntrui-Mali) conduit par Adama Coulibaly, le Syndicat des Transporteurs par Autobus (STA) présidé par Soriba Cissé. Tous ceux-ci ont épluché devant leurs hôtes du jour selon eux, « les soucis qui les empêchent de mener à bien leurs activités ».
Pour Modibo Boubou Diallo de la FGTRAM, les fonds issus du DTR étaient repartis entre l’Etat et les transporteurs routiers. Ce droit prévoyait, au-delà de l’entretien des routes, l’équipement des routiers. « Mais avec l’avènement de la démocratie, le décret instituant le DTR a été modifié au détriment des routiers». Déplore M. Diallo de la FGTRAM. Il renchérit qu’avec la création du CMTR, la gestion a été confiée à son président. À ses dires, avec le décret confiant la gestion du CMTR à son président, « celui-ci a adressé une lettre au ministre des Transports pour demander la création d’un Comité de gestion et de Contrôle qui a été acceptée. Dès lors, il y a eu la trahison ».
« Le Comité de gestion qui a vu le jour a eu pour président le Secrétaire général du ministère des Transports en plus de cela, il n’y a qu’un transporteur dans ce comité composé de 5 personnes. Le Comité de contrôle a eu un agent du trésor comme président et là encore un seul transporteur parmi les 5 membres», dit-il. Il poursuit qu’après cela, le Secrétaire général du ministre des Transports a envoyé une lettre au ministre des Finances pour réclamer 187 millions de F CFA au nom des transporteurs. Cette lettre a eu une suite favorable et le président du CMTR a indiqué un compte où l’argent a été versé.
« Pourtant en septembre 2021, le président a déclaré sur la chaine nationale que le CMTR n’a perçu aucun centime du DTR », déplore M. Diallo. « À la suite de cela, nous avons mené nos investigations, il s’est avéré qu’au lieu de 187 millions de F CFA, le CMTR a reçu 201 millions de F CFA de la part du trésor public. On a porté plainte au Pôle économique, mais sans votre aide (le CNT), la justice malienne ne pourra rien faire. Dans ce système, nous avons perdu environ 18 milliards de F CFA, mais quand on en parle seulement, on est convoqué et condamné par ceux qui nous doivent de l’argent. Nous ne demandons pas à être remboursés tout de suite car le pays traverse une crise, mais nous voulons que les responsabilités soient situées ». Soutient M. Diallo, qui demande par ailleurs le rétablissement du DTR.
Aboubacar Sidiki Fomba vice-président, porte-parole du Corema et membre du CNT, a fait remarquer que « notre collectif a compris, que l’agriculture nourrit plus de 4 millions de personnes alors que les transporteurs nourrissent plus de 12 millions d’individus parce que même certains agriculteurs sont dépendants des transporteurs. Cela montre à quel point le transport est important dans notre pays », indique-t-il. Il qualifie le CMTR de « hors la loi ». En guise de réponse, M. Fomba a promis à ses interlocuteurs de leur venir en aide en tant que membres du Corema et du CNT et de se battre pour eux. « L’autre jour, j’ai demandé au ministre des Transports, si le CMTR rapportait de l’argent à notre pays. Il m’a répondu non, qu’il ne nous rapportait rien. Notre premier combat est qu’il n’y ait plus de fonctionnaires dans le domaine des transports. Nous voulons un Mali refondé, si Assimi n’est pas au-dessus du Mali, ce n’est pas le président du CMTR qui le sera. Ce n’est pas que j’ai quelque chose contre lui, mais nous voulons la refondation de ce pays », a-t-il conclu.
Aly Diabaté
(stagiaire)
Encadré
Immixtion dangereuse de Fomba et Ouattara
En aidant les transporteurs à se défaire de certaines de leurs difficultés est une démarche plus que noble de la part des deux membres du Corema et du CNT. Mais s’immiscer dans les querelles de personnes au sein d’un regroupement professionnel comme le CMTR, n’est pas juste. Aboubacar Sidiki Fomba et Fousseyni Ouattara outrepassent ainsi leurs missions et rôles que leur confère leur décret de nomination au CNT. Ils montent sur un terrain glissant. Pour plus d’équité et de transparence, ils auraient dû rencontrer les différents protagonistes pour rétablir la vérité et faire la part des choses.
Il nous revient que le DTR a été suspendu en 2007 avec la création des postes de péages. Les 2001 millions de F CFA dont il est question ont été payés sur les fonds de garantie et gérés par un comptable du trésor public dont la nomination était la condition d’octroi dudit fonds. Le CMTR, depuis sa mise en place, est l’objet de quiproquos. Les mêmes personnes, qui accusent ont toujours été à la manœuvre. Récemment un des leurs, en la personne d’Adama Coulibaly du Syntui-Mali a été condamné de dommages et intérêts (3 millions de F CFA) pour diffamation contre le président du CMTR, au tribunal de grande instance de la Commune IV.