Les incidents sécuritaires impliquant la branche sahélienne de l’État islamique avaient pourtant diminué depuis la neutralisation de son chef ainsi que plusieurs de ses cadres en août 2021 par l’opération française Barkhane.
Ce groupe reste sans doute la plus grande menace djihadiste au Sahel. Contrairement au JNIM, son modus operandi est de semer la terreur et cible même les populations locales. Il est très actif dans le Liptako Gourma au sud-ouest du Niger, dans la région de Tillabéri, au Nord-est du Mali, dans la région de Ménaka et au nord du Burkina Faso, dans les régions de Soum et d’Oudalan.
L’EIGS essaye d’étendre son emprise dans la zone des trois frontières, cet espace aussi vaste et difficile à contrôler. La mort de l’émir de l’EIGS, Adnane Abou Walid Al Sahraoui a porté un coup décisif à sa chaîne de commandement. Mais pas pour longtemps, car cela semble désormais appartenir au passé. Le groupe est passé à l’offensive en début d’année dans sa zone d’influence. En février, de violents combats ont opposé l’EIGS au JNIM, la coalition de groupes terroristes affiliés à Al-Qaïda, dans la zone des trois frontières, zone d’influence de l’EIGS. Ces affrontements ont fait plusieurs morts parmi la population civile. Puis à la mi-mars, deux positions tenues par le MSA et le Gatia, groupes armés signataires de l’accord de paix de 2015, ont été attaquées par les djihadistes de l’EIGS à Tamalat et Inchinane, faisant plusieurs morts et déplacés civils ayant fui les combats.
Bien que Bamako n’ait pas répondu à ces attaques, les groupes signataires ont bénéficié d’un soutien logistique aérien de l’armée malienne qui a permis aux terroristes de se replier au Niger. La porosité des frontières permet au groupe de traverser les frontières sans difficulté. Le dernier incident sécuritaire de l’État islamique s’est produit le 21 mars contre l’armée malienne à Tessit, dans le cercle d’Ansongo. L’assaut a été revendiqué 24 heures après l’attaque. Le bilan est de 16 morts, 18 blessés et des dégâts matériels. Le groupe s’est réorganisé entre temps, ses opérations et le nouveau plan qui se dessine est loin d’être rassurant.
Le nouvel Emir Abu al Bara al Sahraoui tente une nouvelle approche tout en restructurant son organisation et entend entreprendre une nouvelle dynamique qui doit inquiéter les pays du Sahel. Le Niger subit moins d’attaques de la part de l’EIGS, mais le pays reste une base arrière pour ce groupe radical violent. La semaine dernière, de violents combats ont opposé, le MSA et Gatia avant d’être secourus par l’armée malienne à Anderamboukane et à Tadjalalt.
Les djihadistes se sont finalement repliés le samedi 7 mai avant de reprendre leurs positions le lendemain. Il est difficile de faire un bilan exact de ces combats car Bamako reste silencieux sur la question du Nord même si les opérations militaires continuent dans le pays.
La force française Barkhane qui a toujours une base militaire à Ménaka, n’est pas intervenue dans ces combats. Les accords de défense qui liaient les deux pays ayant été dénoncés par les autorités de transition le 2 mai dernier, aucun accord ne lie désormais le Mali à la France en termes de coopération militaire dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.
Bah Traoré
(Ucad, Dakar, détenteur d’un master en études africaines postcoloniales et en Communication)