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Transition : Le CNT et le Gouvernement se regardent-ils désormais en chiens de faïence ?
Publié le lundi 20 juin 2022  |  Le Sursaut
Ouverture
© Autre presse par DR
Ouverture de la session d`octobre au Conseil National de la Transition (CNT)
Bamako, le 04 avril 2022. Le président du Conseil National de la Transition (CNT), le colonel Malick Diaw a présidé la cérémonie d`ouverture de la session d`octobre de l`organe législatif de la transition.
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Depuis un moment, tout le monde savait que ce n’est plus le grand amour entre le Conseil National de la Transition (CNT) et le Gouvernement, par ricochet entre le CNT et le Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga. Cela s’est confirmé davantage vendredi lors de la séance plénière de vote de la nouvelle loi électorale, où l’on a assisté à des piques et tirs à boulets rouges à l’encontre du Gouvernement par des honorables membres du CNT. Les deux ministres (Ikassa et Mme Sylla), présents lors de cette séance, en ont pris pour leur grade.

En une journée de débat, la seule fois ou l’organe législatif a fait montre de courtoisie à l’endroit du Gouvernement a été lors du passage de l’Honorable Adama Fomba. Ce membre du CNT, qui était d’ailleurs parmi ceux qui ont voté contre les amendements, lors de son intervention s’est adressé avec véhémence à Mme la ministre déléguée près du Premier ministre, chargée des réformes politiques et institutionnelles, en l’insinuant d’avoir fait preuve de ‘’légèreté’’ dans l’élaboration de ce projet de loi électorale. Et tout d’un coup, le président du CNT a haussé le ton en demandant à M. Fomba de retirer son mot. Ce qui fut fait. Or le même président du CNT, au cours de la même plénière n’a accordé aucun cadeau au ministre de la Refondation, chargé des relations avec les institutions, Ibrahim Ikassa Maïga, qui demandait un temps de parole conséquent pour le Gouvernement avant d’affirmer que le Gouvernement a été pressé de faire ce projet de loi électorale. Et tout d’un coup, il fut interrompu par le président Diaw du CNT en ces termes : « Monsieur le ministre, le problème majeur de cette transition est le temps. Et le temps est l’ennemi de l’homme. Donc cette transition ne doit pas être une période d’essai. Donc nous allons à l’essentiel ». Et très gêné dans son boubou flottant, le ministre Maïga n’a eu d’autre choix que de regagner sa place sous l’ovation à la limite ironique des membres du CNT.

Cette situation de cohabitation difficile entre ces deux institutions de la transition s’est aussi justifiée à travers les différentes interventions des membres du CNT. Surtout de la part d’un doyen politique comme Ag Imbracawane. Qui n’a pas porté de gant pour faire entendre aux membres du Gouvernement présents, qu’ils ne sont pas venus ici pour s’amuser, mais pour travailler. « An tè Jamana Tchi la ye (nous ne sommes pas ceux qui veulent faire voler en éclats le pays). Il faut continuer à dire très haut et très fort que vous n’allez jamais démérité de la nation malienne » a-t-il lancé d’un ton ferme.

Même si dans son intervention le président de la commission loi du CNT, Souleymane De a voulu sauver les meubles en affirmant qu’ils ne sont animés ni d’émotion, ni de motivation d’un quelconque règlement de compte, mais uniquement pour jouer leur rôle de parlementaire, les propos de certains intervenants laissaient apparaitre la crise de confiance apparente et ambiante entre le CNT et le Gouvernement du Dr Choguel Kokalla Maïga. En illustre cette intervention de Nouhoun Sarr : « Jamais dans l’histoire de notre pays, une loi électorale n’a été aussi toilettée comme celle de ce matin. Nous l’avons nettoyé de ses aspérités. La refondation du Mali, elle a commencé et elle se poursuivra contre vents et marrées. Le Mali sera refondé non pas autour d’un homme et de son clan, mais autour des valeurs de la République. Certains voudraient organiser les élections à BacoDjicoroni et quelques parts pour ensuite proclamer leurs résultats sur les ondes, nous avons stoppé ça. Par ce que nous serons toujours là à arrêter ce qui est à arrêter, pour jouer notre rôle dans l’intérêt supérieur de la Nation ». Le diable est dans les détails. Les deux institutions de la transition se regardent désormais en chiens de faïence, et avec bruit.

Moustapha Diawara
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