Le Président de la Transition, Colonel Assimi Goïta, a signé, le 6 juin 2022, le Décret N°2022/ PT-RM. L’article 1er de ce décret fixe la durée de la Transition à 24 mois, à compter du 26 mars 2022, conformément à l’article 22 de la Loi n°2022-001 du 25 février 2022, portant révision de la Charte de la Transition.
Quatre jours après, le Chef de l’Etat a signé le Décret N°2022-0342/PT-RM du 10 juin 2022 portant création, mission, organisation et fonctionnement de la commission de rédaction de la nouvelle constitution.
La signature de ces deux décrets intervient dans un contexte difficile aussi bien au plan interne qu’externe. D’une part, à cause de la rupture de dialogue entre le gouvernement de transition et une frange importante de la classe politique et de la société civile. D’autre part, à cause du maintien des sanctions de la Cedeao et de l’Uemoa.
Une fois de plus, les autorités de transition ont péché dans la démarche. L’examen du projet de loi électorale par le Conseil national de transition (CNT) a mis à nu des pratiques qui ne favorisent nullement l’union des cœurs et des esprits. Les germes de la division sont tels qu’on soupçonnerait un plan de désorganisation des forces politiques et sociales. L’espace public est envahi par l’intolérance, le débat monopolisé par les nostalgiques de la pensée unique, les Maliens désormais classés entre patriotes et apatrides.
Les divergences avec la Cedeao et une frange de la communauté internationale ont corsé les dissensions internes que le Président de la Transition et son gouvernement n’ont réussi jusque-là à contenir. Ce qui a rendu davantage le Mali vulnérable sur la scène internationale.
De deux choses l’une si le Colonel Assimi Goïta continue sur cette lancée : soit il n’y aura pas d’élections avant mars 2024, soit les élections seront bâclées avec des conséquences redoutables sur la stabilité du Mali et du Sahel.
Le régime d’Ibrahim Boubacar Kéita est renversé depuis deux ans et un consensus qui nous éviterait l’impasse totale peine à se dégager sur la deuxième phase de la transition après les 18 mois.
Il revient donc au Président de la Transition de rassembler les forces politiques et sociales du pays pour s’accorder sur le strict minimum des actions à réaliser. Il doit mettre à profit le laps de temps nous séparant du 3 juillet pour définir ensemble un agenda consensuel des actions prioritaires à mener. Car, il est illusoire de croire que la transition peut faire des miracles dans un contexte si complexe avec tant de défis à relever.
La transition n’a pas vocation à s’éterniser pour résoudre tous les maux dont souffre la société malienne. Sa principale mission est d’organiser les élections pour un retour à l’ordre constitutionnel normal.