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Renouvellement du mandat de la MINUSMA : Sur fond d’incertitudes et de dissonance à l’ONU
Publié le mardi 21 juin 2022  |  Le témoin
Patrouille
© aBamako.com par Momo
Patrouille de la MINUSMA à Tombouctou
Tombouctou, le 11 Mai 2015, la MINUSMA a procédé aux patrouilles à Tombouctou
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Le Conseil de sécurité des Nations unies s’est réuni la semaine dernière à son siège à New-York. Au menu, le sort du mandat annuel de la Minusma qui arrive à terme le 30 juin 2022. Et comme à l‘accoutumée, le Secrétaire général a plaidé pour un renouvellement d’un an de plus. En sursis après le départ de Barkane, le retrait du Mali du G5 Sahel, les autorités de la transition se sont dites pour leur part ouvertes à nouveau bail sous certaines réserves. En effet, devant les membres du conseil de sécurité, le ministre des affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a jugé essentiel de centrer le nouveau mandat de la Minusma sur la protection des populations civiles et l’appui au rétablissement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire. Selon lui, il est en effet indispensable de mieux définir la notion de protection des civils dans un contexte de guerre asymétrique. M. Diop a aussi demandé que le mandat de la Minusma prend obligatoirement en compte la montée en puissance des forces maliennes désormais en première ligne face aux groupes terroristes avec des résultats probants sur le terrain ci-après : la neutralisation d’importants membres de katiba terroristes, la récupération des matériels, la libération des localités du joug des terroristes, la destruction des sanctuaires terroristes et le retour de populations déplacées. Alors que la France se propose d’assurer l’encadrement aérien des déplacements de la Minusma aux fins de sécuriser les soldats de la paix, selon son représentant, le ministre Diop a exprimé son «opposition ferme» à toute intervention sur son territoire de la force de l’opération française Barkhane, après la décision unilatérale de retrait de ladite force et la dénonciation par le Mali des accords de défense avec la France. «Nous en appelons au respect de la souveraineté du Mali et des décisions prises par les autorités maliennes à cet égard », a-t-il insisté. Idem pour ce qui concerne la force conjointe du G5 sahel. Le ministre Diop a soutenu qu’elle n’a plus vocation à intervenir sur le territoire malien ni à bénéficier d’appuis quelconque à partir du Mali.

Dans un contexte de déploiement progressif des forces russes sur le territoire malien, l’intention en filigrane est visiblement de leur déblayer le terrain et de le nettoyer de toute autre présence étrangère pour le plus grand confort du nouveau partenaire. C’est du moins l’interprétation plausible des assurances données par le chef de la diplomatie malienne sur les capacités de l’armée malienne à se passer d’apport étranger ainsi que de la surenchère faite sur les conditions de renouvèlement du mandat de la Minusma.

En attendant le vote de la résolution y afférente, le 29 juin prochain, les grandes puissances auront déjà annoncé les couleurs de la bataille qui se dessine à travers la foire d’empoignes qu’a suscitée le rapport accablant de l’ONU sur la situation sécuritaire au Mali. C’est ainsi que la France, par la voie de son représentant, Nicolas De Rivière, a prévenu que les autorités de transition maliennes doivent prendre leurs responsabilités et ne pas entraver les activités de la Mission onusienne en matière de droit de l’homme. La Minusma, selon lui, doit pouvoir accéder aux zones concernées pour mener ses enquêtes et publier ses rapports dans des délais raisonnables, a-t-il soutenu. Quant au chinois Zhang Jun, il a jugé urgent d’appuyer les efforts antiterroristes du Mali et dit soutenir le droit qu’a le Gouvernement malien de mener une action avec ses partenaires régionaux pour «construire un mur contre le terrorisme». Et d’inviter la communauté internationale à aider au renforcement des capacités de l’État malien afin qu’il puisse étendre son autorité et surmonter ses difficultés politiques, sécuritaires et humanitaires.

Les USA, préoccupés par la présence de Wagner au Mali, ont exprimé leur inquiétude face à l’augmentation spectaculaire d’exactions contre les civils de la part des groupes terroristes, des forces de sécurité nationales et des forces extérieures connues comme le groupe Wagner. Selon leur représentant, Richard Mills, les forces du groupe Wagner auraient commis de terribles atteintes aux droits de l’homme partout où elles sont passées et «n’apportera pas la paix au Mali ».

Des allégations sans preuves, a répliqué la représentante de la fédération de Russie, Anna Evstigneeva, ajoutant au passage que la coopération Mali-Russie a déjà produit des résultats : les régions du centre et du nord sont en train d’être libérée. Il n’est pas exclu que ces dissonances ait raison de la possibilité d’obtenir une résolution acceptable de tous. D’où le spectre d’un péril sur le sort de la Minusma au Mali.

Amidou Keita

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