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Diakite Mariam Samake dite Bamamou : Cette «mère commune» qui restera à jamais dans nos cœurs
Publié le jeudi 23 juin 2022  |  Mali Tribune
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Inna lillah wa inna ilayhi raaji’uun ! C’est à Dieu que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournons ! Quel que soit notre statut, malgré tout ce que nous possédons ou que nous pouvons représenter à nos yeux ou à ceux des autres, personne ne donne un faux rendez-vous à l’ange de la mort. On finira toujours par mourir, à retourner à l’unique maître de l’Univers ! Notre Maman Bamamou (Diakité Mariam Samaké) ne s’est pas dérobée. D’ailleurs, en Dame de foi, elle s’est préparée pour cette échéance toute sa vie.



Dans cette vie, rien n’est plus précieux que l’amour et l’affection d’une mère. La nôtre s’en est attelée le lundi 6 juin 2022. Une date qui n’est pas anodine car c’est aussi un 6 juin 2009 que nous avons perdu notre cher Papa, Dia Moussa Diakité ! Treize ans après, jour pour jour, il a été rejoint par sa tendre épouse.

Compte tenu de son rôle dans la famille et de ce qu’elle incarnait à nos yeux, ce décès est une immense perte pour nous, la famille. Mais, elle l’est davantage pour le quartier Lafiabougou et un peu partout. Oui, on ne peut pas imaginer le nombre d’endroits où on aura une pensée pieuse pour Bamamou. Et cela parce qu’elle fut et restera une Grande Dame d’exception.

Héritière du savoir, du savoir-faire et du savoir-vivre ancestraux, notre Maman a été tradithérapeute et conseillère conjugale. Son cabinet était généralement sous ce grand manguier devant la cour (à quelques pas de la Clinique Serment) où elle recevait généralement tout en donnant à boire et à manger aux passants… Les démunis y passaient régulièrement parce qu’assurés d’y trouver toujours à boire et à manger. Elles sont nombreuses les femmes qui sont venues la voir les larmes aux yeux avec un enfant malade et sans moyens de le soigner et qui, le lendemain ou quelques jours après, sont revenues avec le sourire et, cette fois-ci, les larmes de bonheur.

Elles sont nombreuses aussi à savourer aujourd’hui l’immense bonheur de la maternité par son concours. Combien de femmes sont aujourd’hui heureuses et épanouies dans leurs foyers grâce à ses conseils avisés ? Combien de pères de famille ont-ils retrouvé la joie et la quiétude dans leurs ménages parce qu’ils se sont ouverts à elles et ont suivi ses conseils ?



Dame de cœur, femme de foi

Très humble et pieuse, elle avait pris à bras le corps et pendant de longues années l’assainissement de la «Mosquée Ouologuem» de Lafiabougou. L’actuel imam de ladite mosquée l’a témoigné le mardi 7 juin dernier avant d’accomplir la prière mortuaire. «Pendant de longues années, notre Maman se chargeait de laver les bouilloires et les jarres pour les remplir. Elle s’est aussi occupée du nettoyage de la mosquée tant qu’elle pouvait», a-t-il témoigné. On comprend alors aisément pourquoi toute l’activité socio-religieuse de cette mosquée tournait autour de sa modeste personne. Et elle s’y consacrait sans vanité aucune.

Ils sont nombreux aussi les jeunes qui ont repris le droit chemin à cause de ses conseils et de son autorité. Notre chère Mamou ne souffrait pas de voir un enfant s’égarer sur le mauvais chemin sans qu’elle ne fasse tout ce qui est en son pouvoir pour le sauver. C’est d’ailleurs pourquoi on ne peut pas vous dire combien d’enfants elle a eu. Elle n’a d’ailleurs jamais connu le nombre tant ils sont nombreux ceux qui bénéficient de son affection de mère. A commencer par ma modeste personne.

Oui je sais que vous êtes curieux de connaître mes liens avec Bamamou, notre «Mère commune». Jeune marié fraîchement diplômé et rentré au pays, j’avais trouvé un «chambre-salon» (1998-1999) en location dans une cour voisine de la famille Diakité. C’est ainsi que je fis la connaissance de Salif par le biais d’une petite sœur avec qui il fréquentait le lycée. Sans se précipiter dans nos relations, nous nous sommes découverts progressivement avec des valeurs et des principes communs. Et l’amitié est devenue fraternité car dépassant nos deux personnes. Comme on le dit souvent, «ce ne sont pas seulement les liens du sang qui forment la parenté, mais aussi ceux du cœur» !

Au début de ma carrière, j’étais un vrai pigeon voyageur toujours en reportage à l’intérieur ou en voyage à l’extérieur. Mais, je ne me suis jamais préoccupé de ce qui pouvait arriver aux miens à mon absence parce que je savais que Salif était là. Et même souvent quand je suis à Bamako, mais loin de la maison, Madame ou les enfants vont directement voir Salif en cas d’urgence. Dans mon foyer, tout tourne autour de la personne de mon frère. Mariages, baptêmes… Il s’en charge. Il est d’ailleurs le parrain d’Ibou, notre premier garçon (notre sœur aînée Ténin est la marraine de Docteur, le second garçon).

Et rien ne se passe dans la famille Diakité sans que je n’y sois associé. Comme le dit une sagesse, «il y a parfois des liens que rien ne pourra jamais détruire. Ni la vie ni même la mort». Des liens de l’âme». Les nôtres figurent en place dans cette catégorie.





Des conseils pour la vie

Au fil des années, la famille Diakité m’a donc adopté et entièrement intégré. A commencer par nos parents. J’avais le privilège d’être conseillé ou grondé par notre regretté Papa. Notre grin était souvent derrière sa fenêtre et nos conversations ne lui échappaient pas. «Vieux, je t’ai entendu dire ça l’autre soir. Ce n’est pas digne de toi, il faut te ressaisir parce que j’ai beaucoup d’estime pour toi… Vieux, tu as raison sur ce plan, mais sache qu’on peu avoir raison et faire profil bas…» ! C’est ce que le vieux Diamoussa me disait souvent en m’appelant sous sa véranda pour me conseiller ou me sermonner. Et ses conseils m’ont été très utiles dans la vie, notamment dans la gestion de mon foyer.

Et avec Bamamou, ce fut aussi le cas jusqu’à son dernier souffle. La dernière vraie conversation que nous avons eue, elle m’a dit ceci au moment où je prenais congés d’elle : «Wié (vieux) prend bien soin de ton foyer, particulièrement de ta femme» ! Contrairement à ce qui est fréquent dans nos familles, Bamamou a été un bouclier pour nos épouses qui la traitaient comme leur grand-mère. En cas de différend, ma femme revenait toujours de chez elle avec le sourire, quels que soient la colère et l’amertume au départ.

Et quand elle venait me dire que ma mère voulait me voir, j’étais convaincu que j’allais passer un sale quart d’heure. Et cela d’autant plus que j’avais toujours tort, même quand j’avais raison. Fautif, je me faisais tirer les oreilles. Et quand j’avais raison, je devais accepter d’être fautif parce que : «c’est toi le mari, le chef de famille. Tu dois faire preuve de responsabilité, mais aussi de sagesse et de tolérance». Mais, nous savions aussi que, entre elles, nos épouses se faisaient rappeler à leur devoir ; aux vertus et aux contraintes du mariage.

Quand elle m’appelait aussi, ce n’était pas toujours au sujet de mon foyer. Quand elle était préoccupée par une situation et qu’elle ne voulait pas directement intervenir, elle m’appelait pour m’en parler et souvent pour discrètement intervenir sans qu’on sache que c’est elle qui m’a mandaté. C’était aussi le cas quand elle avait l’impression que l’un de mes frères faisait fi d’un conseil ou de quelque chose qui lui tenait à cœur. Sans être le plus âgé, j’étais l’aîné des garçons pour ma tendre Maman que j’ai finalement prise à Salif. Elle lui rappelait toujours que sa maman est à Kadiolo et d’aller y chercher sa part d’affection. Avec l’âge (près de 90 ans) et surtout la maladie, pour m’identifier, il fallait lui dire «Ika Vieux» (Ton Vieux).



A jamais dans nos cœurs

Et l’un de ses souhaits les plus ardents était de me voir construire et y aménager avec ma famille. «Je pourrais alors venir me reposer chez toi», disait-elle. Hélas, elle n’a pas connu ce bonheur. Mais, j’espère pouvoir réaliser ce rêve avant de la rejoindre et pour qu’elle soit surtout fière de moi là où elle. En effet, un sage rappelle que «la douleur de perdre notre mère ne nous quittera jamais complètement. Mais le temps permet au chagrin de céder progressivement le pas à l’apprentissage et à cette douleur de nous rendre plus forts. Même si votre âme est incomplète, allez-y et concentrez-vous sur votre bonheur, rendez votre mère fière où qu’elle soit».

Perdre sa mère, c’est perdre une partie de notre âme ! Nous en faisons l’amère expérience aujourd’hui, ma mère s’en est attelée après s’être illustrée pendant son passage dans ce monde éphémère par son courage, sa bravoure, son dévouement, sa loyauté, sa franchise et son sens de la responsabilité, de l’honneur et de la dignité. Mais, elle ne sera que physiquement absente car elle est gravée à jamais dans nos cœurs. Il se passera rarement un jour dans notre vie sans qu’on évoque sa mémoire, sans qu’on ne se souvienne d’un de ses conseils ou boutades.

«Tout s’épuise un jour sauf le bien que tu fais et l’amour que tu donnes», dit-on. C’est ce qui rend notre Bamamou inoubliable. Elle ne s’est jamais ménagée quand elle pouvait faire quelque chose pour soulager ou réconforter les autres. On venait à elle parce que assuré d’y trouver une oreille attentive et une discrète confidente.

Va en paix chère Maman. Nos larmes vont longtemps couler, mais nous sommes convaincus que tu es mieux là où tu es chez le Tout Puissant maître de l’univers : le paradis Firdaws !

AMEN

Moussa Bolly

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