Hier encore, il était un des fervents soutiens d’Assimi Goïta. Désormais, il est l’un de ses plus virulents critiques. Les dernières sorties de ce religieux influent et rassembleur annoncent-elles de prochaines heures sombres pour la junte au pouvoir ?
Le chèche blanc immaculé qui couvre sa tête se marie à la perfection avec son boubou bazin. Ce 26 mai, lors du 22e Forum de Bamako, Mahmoud Dicko prend la parole : « Pendant que le peuple malien est pris en otage par des gouvernements arrogants, je dis bien “arrogants”, on ne cherche pas de solutions [aux problèmes de notre pays]. Nous, nous sommes dans notre arrogance, et le peuple est en train de mourir. » L’imam poursuit, éreintant la junte – il déplore le manque de visibilité sur la durée exacte de la transition en cours –, mais aussi la classe politique malienne, qu’il juge « moribonde », qui « ne bouge pas, n’existe plus », et la société civile, « qui a cessé d’exister ».
Devant lui, le parterre d’intellectuels et d’experts de divers horizons reste impassible. Mais la vidéo de sa sortie au vitriol se répand comme une traînée de poudre. Dans les médias et sur les réseaux sociaux, on prend position, qui pour soutenir, qui pour décrier ces propos. « Ils peuvent m’arrêter… Je leur dirai leur arrogance », avait insisté l’imam Dicko, en référence aux craintes actuelles. Les interpellations de personnalités dont les voix sont dissonantes par rapport à celles des autorités sont régulières et perçues comme une stratégie de la junte visant à bâillonner quiconque leur est défavorable.