Dans le cadre de l’exécution de leurs activités communes, les associations « Avocats sans frontières-France » et « Avocats sans frontières-Mali » ont procédé mercredi dernier au lancement officiel du projet baptisé « Dignité : respect des droits des personnes privées de liberté » dans les villes de Bamako, Kati et Kayes.
La cérémonie de lancement s’est déroulée dans la salle de conférence de la MUTEC à l’immeuble ex-Jigisémé de Badalabougou-Sema I. C’était sous la présidence de Mme Kéita Adjara Coulibaly, conseiller technique au ministère de la Justice, et en présence de Laura Mascagna, chargée de programme à la délégation de l’Union européenne, de Françoise Bastien, représentante d’Avocats sans frontières-France, Hamadi Karembé, président de l’Association « Avocats sans Frontières-Mali » et de nombre d’invités.
Selon Mme Laura Mascagna de la délégation de l’Union européenne, le projet doit contribuer au renforcement du système judiciaire malien. Il est aussi destiné à accroître le respect des règles et garanties minimales dues à la personne privée de liberté au sein du monde carcéral malien. Bref, il s’agit d’assurer une meilleure garantie des droits des détenus des centres de détention de Bamako, Kati et Kayes, soit environ 2000 personnes.
Le projet ainsi lancé s’étendra sur 24 mois. La situation sécuritaire difficile du pays a empêché les activités de démarrer dans les délais initiaux. L’activité sur le terrain débutera ainsi en novembre prochain.
Entre-temps, les activités seront recadrées pour prendre en compte les prisonniers du conflit. L’essentiel de ces activités se déroulera dans les centres de Bamako, Kati et Kayes. Les détenus vont bénéficier de consultations juridiques gratuites (accès aux droits de deux jours, deux fois par an). Quelque 500 acteurs du monde judiciaire (police judiciaire, police pénitentiaire, magistrats) seront formés aux règles minimales garantissant les droits des détenus. Il est également prévu d’instaurer un dialogue entre les responsables du corps judiciaire sur la procédure pénale et les droits des personnes privées de liberté.
Le projet est financé sur une ligne budgétaire spécifique dédiée au respect et à la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans les pays et situations où ils sont exposés à des risques. Il apparait particulièrement pertinent pendant cette période de post crise et de stabilisation et prolonge un précédent projet financé par le programme sur l’accès à la justice pour les populations vulnérables. A ce propos, l’Union européenne vient d’approuver un financement de 12 millions d’euros (7,8 milliards de Fcfa) pour renforcer le système judiciaire dans son ensemble.
Hamadi Karembé, le président de l’association « Avocat sans frontière-Mali », a salué les actes concrets posés par les pouvoirs publics et leurs partenaires en vue du renforcement des droits, des libertés publiques et privées dans un Etat de droit, de justice et de paix. Il a cité à ce propos l’Espace d’interpellation démocratique (EID), le Médiateur de la République, le Programme de développement institutionnel, le Programme décennal de développement de la justice.
C’est dans ce contexte que « Avocats sans frontières-Mali » et « Avocats sans frontières France » ont lancé leur projet commun « dignité et respect des droits des personnes privées de liberté au Mali et précisément dans les ville de Bamako, Kati et Kayes ». La consolidation de l’Etat de droit ne peut être effective que si nous portons une attention toute particulière à l’application de la loi, spécialement de la loi pénale, a défendu Mme Keïta Adjara Coulibaly. La force de l’Etat n’a de sens que si celui-ci veille au principe de l’égalité et réserve un traitement digne à chacun d’entre nous. Cependant, ces engagements ne peuvent se limiter à une intention de principes car l’ensemble des textes nationaux et internationaux doit être diffusé, et confronté à la réalité. D’où diverses initiatives propres à assurer la couverture de l’ensemble du territoire malien par des actions concrètes de justice, de démocratie, de solidarité et de développement.
Mme Françoise Bastien, d’ « Avocat sans Frontière-France » s’est félicitée de la reprise, après 3 ans d’interruption, des actions communes des deux associations pour l’information sur les droits et le renforcement des compétences de ceux qui doivent les appliquer.