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Salif Sanogo, représentant Diomansi Bomboté lors de la sortie de la promotion de l’ESJSC qui porte son nom : “Votre défi, jeunes journalistes maliens, est de faire en sorte que la presse malienne ne soit pas réfractaire à la culture démocratique”
Publié le samedi 25 juin 2022  |  Aujourd`hui
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“La déontologie journalistique apparaît comme une sorte de table des lois en matière professionnelle. Elle est impersonnelle …”

La première promotion de l’École supérieure de journalisme et des sciences de la Communication (ESJSC) composée de 21 récipiendaires, porte le nom d’un grand journaliste et formateur, Diomansi Bomboté, dont la cérémonie de sortie s’est déroulée le samedi 18 juin dernier au CICB, sous la présidence effective du Premier ministre, Dr Choguel Maïga, en présence de membres du gouvernement. Plusieurs personnalités du monde de la Communication étaient également au rendez-vous pour rendre un vibrant hommage au parrain, absent. C’est l’ancien directeur général de l’Ortm et Conseiller à la Communication de la Présidence, Salif Sanogo, qui a eu l’insigne honneur de lire le message du doyen Diomansi Bomboté. Voici le texte intégral.

Monsieur le Premier ministre,

Ayant passé ma tendre enfance, bercé par les effluves de l’indolent fleuve Sénégal au mois de novembre, juste à une période quand mon inoubliable village natal, Logo Sabouciré, est encore embaumé par les effluves qui se dégagent de l’indolent fleuve Sénégal en décrue après l’hivernage, devant le spectacle envoutant des récoltes de sorgho, de maïs, de riz et que sais-je encore, qui envahissent notre petite bourgade, croyez-moi, Monsieur le Premier ministre et chers amis, que le bonheur qui vous envahit échappe à tout discours.

Il faut avoir vécu une telle atmosphère pour en savourer la gratification qui vous envoute et vous transporte d’une joie comparable à celle de l’oiseau qui assiste, fébrile, au premier envol de sa progéniture ou encore la lueur fulgurante qui s’échappe des yeux d’une maman tremblotante en surprenant le premier pas de son enfant. Le sentiment commun à tous a un nom : la fierté !

C’est cette fierté qui étreint tous ceux qui, enseignants et administrateurs sans oublier nos tuteurs du gouvernement, se sont investis pour que ce jour de gloire arrive et nous réunisse aujourd’hui. La récompense d’un tel dévouement rejaillit sur tout le peuple malien dont les efforts, dans une admirable abnégation, ont investi dans cette formation. En tout cas, que serai-je devenu sans cette solidarité nationale ?

Ce qui m’a valu d’être retenu comme parrain de cette promotion peut être perçu comme la reconnaissance d’un investissement personnel. Mais cet investissement à lui seul est dérisoire. C’est donc toute une équipe, à laquelle je faisais allusion tantôt, qui, à travers ma personne, est saluée. Au nom de tous, je dis merci.

Merci Monsieur le Ministre Amadou Touré, merci à vous tous mes collègues, merci à vous, jeunes sortants pour l’immense honneur que vous me faites, que vous nous faites. Mais qu’est-ce qu’un journaliste ? C’est un intermédiaire entre ce qui se produit et un public qui a le droit de savoir. Un journaliste fait son travail quand il apprend aux autres ce qui leur échappe, ce qui est méconnu ou inconnu, ce que l’on ne voudrait pas qu’ils sachent, ce qu’on leur dissimule. Il me semble, alors, que la responsabilité du journaliste prend tout son sens en dévoilant des réalités inédites.

L’exigence professionnelle, qui prend appui sur la conscience personnelle, est nécessairement conditionnée par l’élaboration de pratiques rigoureuses, des principes et des codes de déontologie qui nous font l’obligation de traquer les faits avérés et de les exposer avec exactitude, bref, d’agir de manière indépendante mais responsable. Ce haut degré de responsabilité exige une maitrise exemplaire de la pratique de la profession. C’est à cela que s’attèle notre Ecole de journalisme. J’ajoute que la légitimité du journaliste se fonde sur sa capacité à assumer pleinement la liberté responsable des médias. La déontologie journalistique apparaît alors comme une sorte de table des lois en matière professionnelle. Elle est impersonnelle et s’applique normalement en tous temps et en tous lieux. Le travail journalistique ne doit s’inscrire dans aucune volonté de plaire ou de nuire. Le journaliste arbitre les faits de façon neutre. Cette posture n’est pas de tout repos, tellement le journaliste est au confluent de tant d’intérêts inconciliables. En voulant faire ce qu’il estime en âme et conscience être son travail, il arrive qu’il s’attire une bonne dose de haine de la part de ceux qu’il dérange.

La liberté de la presse est un dû. Elle est un pilier de la démocratie mais son usage impose des exigences. “La liberté sans frein, disait William Shakespeare dans sa pièce de théâtre, “La comédie des erreurs”, la liberté sans frein est toujours mariée avec le malheur”.

Avec un confrère français, on peut s’accorder à reconnaître qu’“une presse libre n’est pas une presse qui a toujours raison, et qui est toujours honnête, pas plus qu’un homme libre n’est un homme qui a toujours raison et qui est toujours honnête. Ne pas comprendre que la liberté est une valeur par elle-même dont l’exercice comporte nécessairement un bon et un mauvais pôle, c’est démontrer que l’on est décidément réfractaire à la culture démocratique”.

Votre défi, jeunes journalistes maliens, est de faire donc en sorte que la presse malienne ne soit pas réfractaire à la culture démocratique”.

École Supérieure de Journalisme et des Sciences de la Communication (ESJSC) : La 1re promotion baptisée Diomansi Bomboté : 21 hommes de médias sur le marché de l’emploi

La cérémonie de sortie de la première promotion de l’Ecole supérieure de journalisme et des sciences de la communication a eu lieu le samedi 18 juin 2022 au CICB. Les 21 récipiendaires ont reçu leurs diplômes de licence professionnelle en journalisme après six semestres de cours, soit trois années scolaires. Cette première promotion a été baptisée Diomansi Bomboté, l’un des initiateur et formateur de l’école.

Présidée par Dr. Choguel Kokalla Maïga, la cérémonie a enregistré la présence de Me Harouna Mamadou Toureh, du ministre de la Communication, de l’Economie numérique et de la Modernisation de l’administration, de Pr. Amadou Kéïta, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, d’anciens ministres, de Bréhima Camara, directeur par intérim de l’ESJSC, de Pr. Alassane Diakité, directeur sortant de l’ESJSC, des organisations patronales et syndicales du secteur de la communication au Mali et les récipiendaires.

Première école publique de formation en journalisme, l’Ecole supérieur de journalisme et des sciences de la communication vient de mettre sur le marché de l’emploi ses premiers produits. Il s’agit de 21 étudiants spécialisés en télévision, radio et presse écrite.

Selon Bréhima Camara, directeur par intérim de l’ESJSC, ces étudiants qui viennent de sortir ont effectué deux stages à la suite desquels ils ont rédigé leurs mémoires. Lors de ces stages, a-t-il poursuivi, l’établissement a eu de très bons échos venant des différentes entreprises d’accueil. Pour lui, c’est un baromètre, un témoignage, car ils sont sur la bonne voie.

Ils ont été baptisés “Promotion Diomansi Bomboté”. M. Bomboté, journaliste émérite, a formé plusieurs générations de journalistes au sein du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) de Dakar. La promotion dit mesurer le poids de ce nom. “Ce n’est pas facile de marcher sur les traces de Bomboté, c’est notre doyen. Il fait partie de nos encadreurs et c’est de lui que vient l’idée de création de cette école et c’est quelqu’un qui a formé la majorité des professeurs qui nous dispensaient des cours. On sait qu’on ne pourra pas atteindre son niveau, mais on fera de notre mieux à travers tout ce qu’il nous a appris et tout ce qu’il continue de nous apprendre”, a promis Aminata Cheick Tall, porte-parole des récipiendaires.

La naissance de cette école qui fut un long combat est aujourd’hui un soulagement pour les anciens du métier qui pensent que la relève sera assurée. “C’est progressivement qu’une relève s’exerce. Le corps professoral est constitué à majorité de journalistes qui ont 40 à 50 ans de métier, dont le baptême donné à notre aîné, notre doyen Diomansi Bomboté nous honore tous. Généralement, au Mali et parfois en Afrique, c’est quand on n’est plus qu’on pense à vous honorer et il a eu la chance d’être honoré de son vivant”, s’est réjoui Tiona Mathieu Koné, formateur à l’ESJSC.

Quant à Diomansi Bomboté, qui n’a malheureusement pas pu effectuer le déplacement pour des raisons de santé, dans son discours lu par Salif Sanogo, il a fait savoir que l’exigence professionnelle qui prend appui sur la conscience personnelle est nécessairement conditionnée par l’élaboration de pratiques rigoureuses, des principes et des codes de déontologie, une éthique professionnelle qui nous font l’obligation de traquer les faits avérés et de les exposer avec exactitude, bref, d’agir de manière indépendante et responsable.

Il a ajouté que ce haut degré de responsabilité exige une maîtrise exemplaire de la pratique de la profession et que c’est à cela que s’attèle l’enseignement de notre école de journalisme. Le parrain poursuivra que la légitimité du journaliste se fonde sur sa capacité à assumer pleinement la liberté responsable des médias.

“La déontologie journaliste apparaît alors comme une sorte de tables de la loi en matière professionnelle. Elle est impersonnelle et s’applique normalement en tout temps et en tous lieux. Le travail journalistique ne doit s’inscrire dans aucune volonté de plaire ou de nuire. Le journaliste arbitre les faits de façon neutre. Cette posture n’est pas de tout repos, tellement le journaliste est au confluent de tant d’intérêts inconciliables. En voulant faire ce qu’il estime en âme et conscience être son travail, il arrive qu’il s’attire une bonne dose de haine de la part de ceux qu’il dérange”, a-t-il souligné.

A l’en croire, ce qui lui a valu d’être retenu comme parrain de cette promotion peut être perçu comme la reconnaissance d’un investissement personnel.

“Mais cet investissement à lui seul, même s’il est bien réel est dérisoire. C’est toute une équipe à laquelle je faisais allusion tantôt qui, à travers ma personne, est saluée. Au nom de tous, je dis merci. Merci M. le ministre Pr Amadou Kéïta, merci à vous tous mes collègues, merci aux jeunes sortants pour l’immense honneur que vous me faites, que vous faites en vous lançant dans la profession de journaliste”, a-t-il conclu.

S’adressant aux récipiendaires, il signalera que leur défi, en tant que jeunes journalistes maliens, est de faire en sorte que la presse malienne ne soit pas réfractaire à la culture démocratique. Pour qu’elle soit toujours fière d’eux, il les invite à rester fidèles aux principes que leur école leur a inculqués et que c’est ainsi qu’elle sera fière d’eux et tout le peuple malien aussi.

Le Pr. Amadou Kéita, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a rappelé que tout comme la création de l’Ecole supérieure de journalisme et des sciences de la communication en 2015, notre pays vient de faire le pari de la diversification de l’offre de formation par l’adoption par le Conseil national de transition, des projets de lois des trois nouvelles universités.

“Ces universités contribueront sans aucun doute à mettre un frein à l’accumulation des défis structurels de notre système d’enseignement supérieur, mais aussi et surtout elles seront un pôle de développement des régions de Gao, Sikasso et Tombouctou. Le chantier était et reste le même pour notre école de journalisme. En effet, elle a pour finalité de contribuer à améliorer le visage de nos organes de presse nationaux, publics et privés, en mettant à leur disposition des professionnels de grande société”, indiquera-t-il.

A l’entendre, malgré les difficultés auxquelles l’école de journalisme est confrontée, elle est parvenue à des résultats tangibles dont la qualité mérite d’être saluée. Par sa voix, le gouvernement a adressé ses sincères félicitations à l’ensemble du personnel d’encadrement de l’école. Notons enfin que la promotion compte trois majors : Boubacar Diallo pour la presse écrite, Kouane Diarra pour la radio et Aminata Simpara pour la télé. Marie Dembélé

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