Pour la paix, la réconciliation, le pardon et le vivre ensemble, les autorités maliennes ont organisé la 5ème audience publique de la Commission vérité, justice et réconciliation (CVJR). Au cours de ladite audience, les victimes de la crise sécuritaire ont partagé leurs expériences et vécus (viol, rapt terroriste, divorce forcé…) avec le monde, via la narration publique des faits. Touchés par l’intervention des femmes et des enfants sélectionnés pour cette année, le ministre Ismaël Wagué et le Président de la transition ont fait un geste symbolique à toutes les victimes.
Le Mali, depuis 2012, traverse une crise multidimensionnelle et protéiforme due à la situation sécuritaire. Des années durant, l’enlisement du contexte sécuritaire s’est soldé par des carnages déplorés dans certaines zones du pays. L’insécurité, auparavant centrée dans la partie septentrionale, s’est métastasée au centre et partout dans le pays. Des villages ont été alors effacés de la carte du pays, en raison de la récurrence des attaques terroristes. Nombreux sont ces villages et hameaux qui ont été vidés de leurs populations, occasionnant ainsi des déplacements massifs. De surcroit, les terroristes, dans leur barbarie, ont incendié de nombreux champs, extorqué des milliers de bétails, voire imposé la charia et la paie de l’impôt dans certains endroits. Des jeunes filles et des femmes ont subi des viols, rapts, des divorces forcés et autre forme de faits attentatoires à leur honneur et leur dignité. Des milliers d’enfants ont été privés de l’école. D’autres ont été enrôlés dans le terrorisme en vue de combattre aux côtés de l’ennemi. Du coup, le Mali étant un pays de dialogue, de pardon, de tolérance, de cousinage par plaisanterie, a vu ses valeurs cardinales ébranlées. Gouvernants comme gouvernés, plus personne ne faisait confiance en personne. Pour alors recoudre le tissu social, consoler ces femmes, filles et hommes victimes de ces violations à répétition perpétrées par les forces du mal, les autorités de la transition ont mis la protection des femmes et des enfants au cœur de leur gouvernance. Ainsi, de nombreux gestes ont été initiés pour la promotion de la bonne gouvernance, les valeurs d’antan et la réconciliation du peuple malien. Conformément à leurs missions, l’actuel ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, le colonel Ismaël Wagué, et les membres de la Cvjr ont décidé, cette année, de mettre les femmes et les enfants au cœur de la réconciliation. L’organisation de la 5ème audience publique de la Cvjr en est une parfaite illustration.
Les victimes consolées par les autorités !
En effet, il sied de rappeler que le thème de la 1ère audience de la Cvjr, tenue le 8 décembre 2019, portait sur « les atteintes au droit à la liberté ». Celui de la 2ème audience, tenue le 5 décembre 2020, portait sur « les atteintes au droit à la vie, torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants ». La troisième, tenue le 3 avril 2021, avait pour thème « les disparitions forcées ». La 4ème audience publique, déroulée le 18 septembre 2021, concernait les trois (3) thèmes abordés, lit-on dans le document de presse lu au cours de la conférence de presse animée par la Cvjr, en prélude à la 5ème audience. Associant alors les femmes et les enfants au processus de la réconciliation en cours, les nouvelles autorités ont retenu, pour la 5ème audience publique de la Cvjr, une thématique portant sur « les femmes victimes de violences sexuelles et les enfants victimes de conflits ». Au total, 12 participants dont 10 femmes victimes de violences sexuelles et 2 enfants victimes en période de conflit (garçon de 20 ans et fille 12 ans) se sont exprimés devant le public. Du début de cette crise sécuritaire à nos jours, les femmes et les enfants ont toujours été victimes des violations graves des droits de l’Homme. Ils sont, dans les zones de conflit, les premières victimes de façon directe ou indirecte. Comme disait le général hollandais Patrick Cammaert, « il est probablement plus dangereux d’être une femme que d’être un soldat en conflit armé ». Après les avoir écoutés, les autorités, dans leur mission de réconcilier les Maliens, ont, suite à cette 5ème audience publique, consolé les victimes ayant partagé leurs expériences avec l’ensemble du pays. Le Président de la transition, le colonel Assimi Goïta et le ministre Ismaël Wagué ont octroyé 500 000 F CFA à chacune des victimes. L’information a été confirmée par une source fiable qui précise : « C’est la 1ère fois qu’un tel geste soit fait aux victimes qui participent aux audiences publiques de la Cvjr. Les autorités n’ont pas voulu que ça soit médiatisé. Elles ont voulu faire le geste hors toute caméra et tout micro ».