La situation sécuritaire du Mali évolue en dents de scie. Le massacre barbare et lâche de 132 civils par les groupes armés extrémistes dans le cercle de Bankass continue de susciter des vives émotions au sein de l’opinion.
Les populations du cercle de Bankass, qui ont manifesté contre cette situation quasi invivable, ne sont pas les seules à souffrir le martyr. Dans les régions de Gao et de Ménaka, des centaines de Maliens ont été massacrés par les «groupes armés djihadistes» de l’Etat islamique du Grand Sahara (EIGS). Ces massacres n’ont pas eu les mêmes échos à l’échelle nationale comme ceux de Diallassagou. Ces dernières semaines, les «groupes armés djihadistes» ont multiplié les attaques contre des «cibles moelles» comme Koutiala, Sienso, Markala, Fana occasionnant de nombreuses victimes !
Incapables d’atteindre les cibles militaires, les combattants de «groupes armés djihadistes» visent par ces attaques d’une part à dissuader les populations civiles de toute collaboration avec les forces armées de défense et de sécurité et, d’autre part, à semer la panique à l’échelle nationale. Leur stratégie consiste à présent à faire beaucoup de bruits, mais aussi à contraindre les responsables en charge de la défense et de la sécurité à disperser leurs efforts. Le timing est bien choisi pour créer davantage de psychose.
Avec l’hivernage qui s’installe, les chefs de ces « groupes armés djihadistes » (GSIM et EIGS) pourraient être encore plus actifs dans un environnement marqué par une réduction de la mobilité des fantassins de l’Armée malienne, laquelle peinerait à maintenir une pression permanente sur l’ennemi depuis un certain temps.
Ces massacres constituent un coup dur pour les autorités actuelles du pays dont le bilan sécuritaire est bien apprécié. Mais le mal est loin d’être conjuré, les innocentes populations civiles continuant de payer le plus lourd tribut à ces barbaries qui nous sont imposées.
Les récents sinistres poussent l’observateur avisé à s’interroger sur les théories fantaisistes véhiculées par des activistes propagandistes qui causent plutôt des préjudices à la grande muette. Car, force est de déplorer les déclarations tendant à faire croire que la victoire totale est une affaire de quelques semaines. L’Armée malienne, notre armée, vient de très loin et continue de faire face à d’énormes défis. Or, les opérations militaires contre les « groupes armés djihadistes » engagés à fond dans une guerre asymétrique aux contours flous, requièrent d’énormes moyens, compte de l’immensité de notre territoire et de la complexité de cette insolite crise sécuritaire. Encore que l’histoire est riche d’exemples de revers essuyés même par les grandes puissances contre de telles forces.