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Agression mortelle en commune VI : Négligence des Urgences de Gabriel Touré?
Publié le jeudi 28 juin 2012   |  L'Indépendant




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Par les temps qui courent, les voleurs de motos ne font plus de cadeaux à leurs victimes. A chaque agression, ils font désormais usage d’armes à feu. Après Sénou, c’est le même scénario qui s’est répété à Kalabancoura, dans la nuit du vendredi 22 au samedi 23 juin. Un voleur, malgré les supplications de sa victime, a tiré à bout portant sur son abdomen. Ekiné Adelashi a malheureusement rendu l’âme au service des Urgences de l’Hôpital Gabriel Touré, après une très longue attente sans soins.

C’est aux environs de 3 heures du matin, dans la nuit du 22 au 23 juin, que Ekiné Adelashi, un Nigérian âgé de 29 ans, qui exerce le métier de commerçant devant la BNDA, a quitté la boîte de nuit le Byblos pour raccompagner sa copine, Joyce Williams, à Kalabancoura. Il déposa celle-ci sans anicroche et rebroussa chemin.

En cours de route, Ekine se rappela qu’il lui avait confié son téléphone. Il fit demi-tour et demanda à Joyce de le lui remettre. La demoiselle s’exécuta. Ils étaient encore sur la véranda quand un individu encagoulé, sorti de nulle part s’approcha des deux tourtereaux. Selon les déclarations de Joyce, ils crurent avoir affaire à la police. Mais, tout à coup, l’individu sorti une arme et intima l’ordre à la jeune fille de rentrer dans la maison. Quelque temps après, malgré les supplications de Ekiné Adelashi, le malfrat tira à bout portant sur lui. Touché gravement à l’abdomen, la victime s’écroula au sol. Le voleur s’empara de sa moto Jakarta et disparut dans la nuit.

Joyce sortit de la maison, prit son courage à deux mains et, sans perdre de temps, conduisit son copain aux Urgences de l’Hôpital Gabriel Touré. Selon ses explications, les infirmiers de garde, loin de s’occuper de la victime, lui demandèrent tout d’abord d’aller chercher de l’argent pour acheter les médicaments. Joyce s’exécuta promptement, mais grande fut sa surprise lorsqu’on l’envoya chercher la police. Elle réconforta son copain et sauta à nouveau dans un taxi. A son retour, comme si cela n’était pas encore suffisant, on lui demanda aussi d’aller chercher les parents d’Ekine. Durant tous ces va et vient, personne ne s’occupait du blessé. Quand Joyce revint avec les parents d’Ekine, ce dernier avait déjà rendu l’âme. Elle informa aussitôt les membres de la communauté nigériane, lesquels, à leur tour, saisirent leur ambassade.

Lorsque nous nous sommes rendus à l’Hôpital Gabriel Touré, le Directeur Médical, Dr Sanogo, a immédiatement essayé d’entrer en contact avec le chef des Urgences. Malheureusement, ce dernier était en réunion à la Faculté de médecine. Toutefois, Dr Sanogo nous expliquera que l’Etat avait des problèmes, ce qui entraîne, selon lui, ce genre de situations malheureuses. «Avec les blessés du coup d’Etat, ajoutés à ceux des affrontements entre Bérets Verts et Bérets Rouges, on a vidé la pharmacie des urgences. On n’a plus rien. Pire, il n’y a pas d’argent pour remplacer les kits. C’est la même chose dans tous les hôpitaux», a-t-il ajouté.

Et Dr Sanogo de préciser qu’en 1996, l’Hôpital Gabriel Touré avait mis en place un système de kits qui a toujours très bien marché. Chaque pathologie, selon lui, avait le sien, composé de médicaments et de consommables, dans le but de ne plus donner d’ordonnances aux patients. «Aujourd’hui, on est incapable de reconstituer les kits, faute d’argent. L’affrontement entre Bérets Rouges et Bérets Verts a occasionné une si grande saignée que l’on a suspendu toutes les opérations chirurgicales. Avec l’aide de la Pharmacie populaire, nous avons pu nous procurer des anesthésiques et les programmes opératoires ont redémarré. Actuellement, on voit ce que nous avons en main avant d’interpeller les parents pour le complément».

Concernant le cas précis du Nigérian Ekine Adelashi, décédé faute de soins selon ses proches, Dr Sanogo a préféré ne pas se prononcer en l’absence du chef du service des Urgences.

Pierre Fo’o Medjo

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