Celui qui opprime et fait trembler les faibles sait- il que secrètement, ceux-ci aimeraient le voir trembler à son tour ? Le Mali revient de loin, pris au piège à l’intérieur par des combattants terroristes et des politiciens corrompus, dans la sous-région par des voisins prêts à l’étouffer au besoin en violant des textes communautaires, au plan international par la France qui s’arrogeait le droit de parler en son nom à la tribune des Nations Unies. La résilience légendaire du peuple a mis à nu une évidence : les forts parmi les petits sont souvent petits parmi les grands. Il a suffi que le Mali fasse appel à la Russie pour que les choses apparaissent telles qu’elles sont en réalité, soutenues par l’histoire. Quelle était l’armée la plus puissante du 19ème siècle ? Celle de Napoléon. Qui l’a vaincue ? La Russie. Quelle était l’armée la plus puissante du 20ème siècle ? L’armée allemande d’Hitler. Qui l’a vaincue ? Encore la Russie. La guerre en Ukraine est venue confirmer des faits qui interpellent particulièrement les pays du Sahel.
En effet, depuis huit ans que le G5 Sahel est créé, l’Europe n’a pas trouvé les ressources nécessaires à son fonctionnement alors qu’en quelques jours, elle a pu réunir des milliards d’euros pour l’Ukraine, composée il est vrai de blancs aux yeux bleus, partageant le même espace. L’instabilité au Sahel n’est pas la préoccupation de l’Europe mais un moyen de pression pour soumettre des peuples affaiblis afin de faire main basse sur leurs ressources minières. C’est pourquoi, il y a aujourd’hui une adhésion populaire non feinte aux autorités de la transition sous la conduite d’Assimi Goïta qui mérite son statut de héros national. Il avait pris le temps d’appeler tout le monde autour de la table des Assises Nationales de la Refondation. Beaucoup ont répondu à son appel. D’autres ont fait le choix contraire. Chacun doit s’assumer parce que les recommandations de ces Assises sont devenues le programme du Malikura. Le Premier Ministre Choguel K. Maïga lui aussi est devenu le choix du Président de Transition. Le peuple malien est pour le moment satisfait du couple le plus charismatique de la vie politique. N’est-il pas suspect dans ces conditions que le directeur technique, l’entraineur de l’équipe adverse ainsi que quelques supporters zélés demandent avec insistance à Assimi de procéder à un remplacement au sein de l’équipe malienne ?
La crise avec la Cedeao a été difficile mais elle a aussi fait du bien au Mali : renforcement de la résilience nationale, regain de sympathie en Afrique et au-delà, mise au banc des chefs d’Etat de la Cedeao et de la France, reconstitution d’une armée nationale professionnelle et conquérante grâce à la coopération avec la Russie, nouvelle espérance créée par la perspective du contrôle des ressources nationales dans un partenariat gagnant-gagnant. Quel homme politique responsable et futé ne paierait pas cher pour obtenir un tel résultat ? C’est pourquoi, pendant que les apprentis sorciers s’affairent, les grands esprits sont dans les projections et les choix futurs pour le pays. La République de Guinée, la Mauritanie et l’Algérie sont des partenaires privilégiés et stratégiques avec lesquels les échanges doivent être maintenus à hauteur de confiance. La Russie n’est pas un nouveau partenaire du Mali. C’est un partenaire de toujours trahi en 1992 par des dirigeants à la cécité politique avérée qui ont fini par détruire les fondements de l’armée nationale. Le Mali doit à ces pays sa forte résistance aux forces d’oppression dans son combat pour la liberté. Chacun doit se faire une raison.