Notre pays, le Mali, est engagé depuis l’élection de son nouveau président dans une logique de renouveau, en tout cas c’est l’espoir de tout un peuple, tant ce peule a souffert de la mauvaise gouvernance et des passe-droits. Alors que l’on ne se méprenne, derrière ce vocabulaire de renouveau tant adulé se cache une volonté de rupture.
Dans cette atmosphère d’espoir et de suspense le peuple note souvent des détails qui permettent de jauger la crédibilité du système de gouvernance en place, pour un pays comme le nôtre qui vient de frôler le désastre. Il est donc important que l’ensemble du système se crédibilise surtout pendant ces premiers jours d’exercice du nouveau pouvoir, et que les enfants du président confirment l’effectivité du renouveau pour tout le monde. Certainement que vous avez déjà deviné la logique que nous voudrions développer dans cette réflexion qui veut seulement attirer l’attention du peuple sur certains comportements. Il est peut être temps que l’on fasse l’inventaire de ce que fut la vie des enfants de nos présidents : de Modibo Kéïta à IBK, avec à la loupe des expériences comme celles des : Wade, Bongo, Eyadema, Obiang… ou celles des : Mandela, Obasandjo, Modibo Kéïta, Lamizana…
Il n’est plus un secret pour les Maliens que soudainement un jeune homme s’est révélé à la République toute entière en quelques semaines, il s’agit du fils Karim de notre nouveau président IBK, qui est un peu trop présent depuis l’avènement de son père au pouvoir. Pourtant, presque méconnu des Maliens mais en un laps de temps il est devenu l’un des hommes les plus influents de la République sans titre officiel.
Loin de nous d’ôter à Karim le statut de citoyen malien qui suppose des droits et des devoirs donc pas de passe-droit, car le passe-droit est l’arme fatale contre la République et la démocratie surtout dans un scenario où malgré tout, c’est un parti même affaibli qui a hissé son candidat à la tête de l’Etat. Il est clair que le changement est énorme pour ce jeune homme, qui est sans doute tourmenté par les courtisans, spécialistes de la langue de bois qui n’ont qu’un objectif : être du cercle du pouvoir. Pour cela, ils vont utiliser des astuces souvent insoupçonnées. Alors, c’est à lui de comprendre que son père n’est pas le premier président du Mali et qu’il ne sera pas certainement le dernier, donc assumer cette responsabilité sans dérive avec une forte dose d’humilité, dans un pays où les gens sont assez sensibles, surtout à l’égard du pouvoir et ses incarnations.
Karim est attendu, car très vite il a été soupçonné de vouloir jouer plus de rôles qu’il n’en faut en tant que fils du président. Toute l’histoire a commencé entre le premier et le second tour du scrutin présidentiel, c’est-à-dire quand la victoire se dessinait explicitement pour le candidat IBK. Alors, Karim a commencé à pointer son nez dans la sphère publique, ainsi il aurait été très impliqué dans la formation du gouvernement Oumar Tatam Ly.
En tout cas, ses récentes sorties dans des soirées et surtout ses agissements lors de la grande cérémonie d’investiture ont donné de très mauvaises impressions à certains observateurs, pas forcément des détracteurs. En plus, le souvenir d’un Karim récent au Sénégal (ministre de la terre du ciel et de la mer) n’avantage pas notre Karim qui semble se plaire à jouer ce rôle à fond. Il est important de préciser très vite que le pouvoir dont on parle n’a pas encore un mois d’exercice, alors le rythme est assez fort. Au regard de la grande popularité du nouveau président, de telles réflexions peuvent vite être taxées de partisanes surtout dans les colonnes d’un journal comme »Le Zénith Balé » où la critique est une lime qui polit ce qu’elle mord.
Pour autant, notre démarche n’est aucunement déterminée par une quelconque volonté de nuire, mais celle plutôt d’alerter pour ne pas encore engluer le pays dans des chemins tortueux. Evidemment que le sujet a été suscité par les récentes sorties de Karim Kéïta. Alors pour nous, en tant que citoyen malien, Karim peut briguer n’importe quels suffrages de ses concitoyens et même profiter de la popularité de son papa. Mais Karim ne doit pas accepter de jouer le rôle que la fille Mabo de ATT a joué dans une histoire toute récente de notre pays. Il y a certainement un malentendu sinon comment le père du concept de « néo-patrimonialisme » peut tomber dans un tel piège.
En outre, l’homme IBK que nous connaissons a des principes qui s’appliquent à tous, d’abord aux siens, car malgré tout, la constance est aussi une qualité de l’homme IBK. En plus, Modibo Kéïta qui l’inspire tant, n’a jamais été concerné par un débat de présence de progéniture, même si nous étions dans les années des indépendances, c’était d’abord la méthode d’un homme, car la famille n’a rien à faire dans la gestion de la République. Même le dictateur récemment qualifié de grand républicain n’a pas trop impliqué ses enfants dans les affaires de la République, à peine si les Maliens les connaissaient.
Le président Alpha Oumar Konaré est certainement un modèle dans ce domaine tant sa famille et surtout ses enfants n’ont, à aucun moment, été présents dans la sphère publique. Pour autant, les enfants d’Alpha avaient tous les arguments pour s’immiscer dans la gestion du pouvoir. C’est Mabo, l’une des filles du président ATT qui détient la palme de l’interventionnisme de la progéniture dans les affaires publiques, elle a souvent été au cœur du système, qui a fini par s’écrouler car fait de passe-droit, de trafic d’influence et de corruption. Il a fallu de peu pour que l’intérimaire se fasse prendre au piège, car malgré la parenthèse de laps de temps, le président Dioncounda était toujours accompagné de sa fille, cela aurait pu déborder, si cela avait duré.
Alors au tout début de son quinquennat, nous attirons l’attention du nouveau président sur les agissements de son fils, à lui d’être vigilant car il peut être sûr d’une chose, c’est qu’il sera toujours le dernier informé de ces situations impliquant son fils. La tentation est grande et le risque d’enlisement énorme à cause des enjeux, alors plus les rôles sont clairement définis, plus la tâche va être facile, pour ce quinquennat surtout que le boulot est immense. Il laisse peut de temps au supplément et à l’imprévue surtout que le temps imparti n’est pas forcément adéquat, avec la période de grâce qui va vite se consumer, alors au boulot que chacun joue sa partition sans passe-droit pour le bonheur de la République, car demain appartient à Dieu.