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Tribune : La Transition a une “obligation de résultat”
Publié le vendredi 1 juillet 2022  |  Le Tjikan
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Qu’elle soit “civile” ou “militaire”, toute Transition politique, arrivée au pouvoir à la faveur de la faiblesse des Institutions de la République du moment, poursuit un objectif principal. Celui de rétablir “l’ordre constitutionnel normal” en apportant des correctifs aux Institutions actuelles pour les rendre plus fortes par des révisions, des modifications de textes existants ou même éventuellement la rédaction de nouveaux textes.

Cela est plus qu’une “obligation de moyen”, c’est quasiment une “obligation de résultat” puisque c’est la raison d’être de la Transition.

Les dirigeants de la Transition cherchent à atteindre cet objectif “noble” avec la contribution des populations que l’on pourrait regrouper en trois catégories de personnes.

Première catégorie : le “tout bon” de la Transition.

C’est une attitude bien connue. Toute nouvelle chose attire. Elle a ses admirateurs, ses adeptes, voire ses fans, qui ne voient rien de mal en la nouvelle chose. Ils oublient souvent même le passé du pays, au point de ne plus reconnaitre les “d’acquis d’avant”.

Mais, on le sait aussi, le “culte de la personnalité” a été de tout temps, le pire ennemi des Dirigeants et de leurs régimes.

Des expressions comme : “on est sur la bonne voie, on a le contrôle, le peuple admire vos faits et gestes, tout est bon, on maîtrise la situation », etc. n’aident vraiment pas les Dirigeants.

Les permanents discours et chants de louanges aux oreilles ont faire croire à de nombreux Dirigeants qu’ils n’étaient pas des Hommes “ordinaires”. Certains se sont pris pour des “envoyés”, donc des “missionnaires” oubliant la mission principale d’un Dirigeant, celle de veiller au bonheur des populations. D’autres se sont donnés à des “calculs politiciens” qui ont conduit à leur perte.

Le “tout bon” pourrait nous conduire tout droit au mûr, à l’échec. L’échec de la Transition signifie, qu’aux termes du délai imparti, on aurait mis en place des Institutions encore moins bonnes que les précédentes.

Mettons nos Dirigeants à l’abri de ces excès pour qu’ils se concentrent sur des objectifs clairs et précis à atteindre dans le délai imparti.

Deuxième catégorie : le “tout rejet ” de la Transition.

La Transition ne vient pas « ex-nihilo », elle est la conséquence d’un échec. C’est une manifestation criante de la faiblesse des Institutions de la République du moment, qui ont démontré toutes leurs limites.

Que s’est – il passé et qui a affaibli les Institutions de la République, entrainant l’effondrement du pays?

Ces genres de “naufrage collectif” ne résultent pas d’un seul facteur explicatif, mais plutôt d’un concours de facteurs. L’effondrement d’un (1) pilier ou de deux sur huit (8), autrement dit, la faiblesse d’une ou deux Institutions sur huit que compte l’article 25 de la Constitution de Février 1992, ne peut pas ébranler le pays si les six (6) autres restent solides.

On pourrait résumer tous les facteurs explicatifs de l’effondrement par le fait que : ce sont les mauvais agissements de l’Homme sur les systèmes de gestion et de gouvernance en place, qui ont fait que les fondations du pays ont lâché.

Alors, il faut remettre l’édifice sur pieds. Donc l’heure n’est plus à “l’accusation” aux critiques stériles, mais plutôt à la recherche de solutions durables. A ce titre le “tout rejet” de la Transition ne nous semble pas être constructif.

Troisième catégorie : la lucidité “la thèse et l’antithèse».

Les Dirigeants savent bien qu’ils ne font pas que du bon. Des actes posés pourraient être aux antipodes des objectifs recherchés, des résultats escomptés de la Transition.

Comment pourraient-ils le savoir, submergés permanemment de problèmes ?

Qui pourrait bien leur dire ? Les alerter ?

Ce ne sont pas certainement les personnes des deux premières catégories. Elles sont par principe “aveugles” soit parce que, pour les unes, “tout est bon”, soit parce que, pour les autres “rien n’est bon dedans”, alors elles rejettent tout de prime abord.

Ce sont celles-là, qui sans être classées dans une case, gardent toute leur lucidité. Et, bien entendu, elles sont les plus nombreuses. Silencieuses, elles s’inquiètent de ce qui pourrait bien arriver à notre pays.

Elles sont capables de mener des analyses objectives et donner des avis sur des actes posés, sur certaines décisions prises, certains faits observés. Elles ne sont pas des “ennemis” de la Transition ou du pays.

Non, d’ailleurs, si l’avis donné a blessé, c’est qu’il est probablement vrai. Les paroles de vérité ne sont pas très élégantes, ce qui fait qu’elles ont un “gout amer”.

Mais que faire ? S’il y’a la pluie, c’est qu’il pleut. Si le soleil se lève, c’est qu’il fait jour, Si le soleil n’est plus visible, c’est qu’il fait nuit ». Et il n’y a pas d’autres façons de le dire. C’est cela la vérité sans langue de bois. Il faut que quelqu’un le dise pour que l’auteur de l’acte rectifie sa décision.

Loin de prendre part aux débats « bipolaires » du “pour” ou “contre”, les avis contraires sont à mettre dans le cadre de la thèse et l’antithèse qui ont permis de bâtir des puissances économiques que l’on connait de nos jours. Dans ces pays, on peut se chamailler sur les méthodes et les détails, mais sur les fondamentaux, on est d’accord, donc sur “l’objectif principal”.

On pourrait dire que les personnes de cette troisième catégorie sont les seules vraies contributrices à la réussite de la Transition, à aider celle-ci, à atteindre les objectifs tant recherchés pour, enfin tirer d’affaires, ce grand malade qu’est notre pays.

“L’obligation de résultat” de la Transition.

Les lois fondamentales communément appelées “Constitution” de certains grands pays ont plus de 100 ans d’existence. La constitution française de 1958, notre référence, a plus de 60 ans, même si on parle de plus en plus de sa révision.

Notre Constitution de février 1992 a près de 30 ans.

L’échec de la Transition serait d’offrir à notre pays des textes qui ne résisteront pas plus de 10 à 20 ans d’exercice pratique. Et que l’on se retrouve encore rapidement dans une situation similaire. C’est pourquoi c’est une obligation de résultat, de doter le pays de textes bien pensés, bien réfléchis, bien conçus qui puissent servir de « fondations solides » pour le pays, lui permettant de résister aux multiples chocs et crises dans un environnement national et international de plus en plus turbulent.



Siné DIARRA

Expert-Comptable, Essayiste

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