Le voile est levé sur la brûlante question du calendrier électoral qui mènera à la fin de la transition. Le parti Alternance Politique pour le Progrès (APP) se dit favorable audit calendrier, comme l’a fait savoir son président Macko Karawata.
Créé depuis ans, le parti Alternance politique pour le progrès (APP) n’a eu son récépissé de création que le 6 février 2022, attribué par le Ministère de l’administration territoriale. Après sa rencontre avec les autorités de la transition, son président Macko Karawata a donné un bref aperçu de ce qu’il pense de la situation politique général du Mali et sa volonté à accompagner la transition jusqu’au bout. Interview.
L’Observatoire : En tant que Président de parti politique, que pensez-vous des nombreuses difficultés, surtout politiques, qui secouent le Mali?
Macko Karawata : Je pense que cela ne devrait pas avoir lieu. Mais, malheureusement nous sommes arrivés à ce niveau. Je pense que les autorités de la transition ont vite compris qu’il faut reprendre le dialogue avec les différents partis politiques, parce qu’il devenait de plus en plus compliqué de gouverner une nation sur fond de division. Il fallait l’implication des hommes politiques. C’est dans ce contexte que le dialogue a repris. C’est cela qui a conduit à cette concertation entre le gouvernement et les différents partis politiques.
Personnellement, je trouve que cet acte posé par le gouvernement est salutaire.
Aujourd’hui, on remarque qu’il y a des partis politiques qui soutiennent fermement la transition. Qu’en est-il de votre côté?
Ce n’est pas facile à dire, mais je pense que la classe politique est divisée et c’est une remarque noble. Mais chacun a sa manière de construire le Mali. A mon avis, aucun parti politique n’est contre la transition. Tous les partis politiques veulent la réussite de la transition, le bonheur du peuple malien. Mais ces partis politiques ne veulent pas demeurer éternellement dans une transition. Je crois que c’est ce qui est à la base de cette incompréhension entre les gens. Ces derniers pensent que les partis politiques sont divisés en affichant leur opposition à la transition.
Il y en a qui, de façon explicite, ont fondamentalement montré leur position de soutien à la transition. D’autres veulent également qu’on retourne à l’ordre constitutionnel normal. A mon humble avis, je ne crois pas qu’ils sont opposés au pouvoir actuel. Chacun cherche la réussite de la transition, les gens veulent que la transition prenne le soin d’organiser les élections libres, transparentes et privilégiées.
Le président de la transition, colonel Assimi Goita, a promulgué la nouvelle loi électorale. Qu’en pensez-vous ? Quelle en est votre vision?
Au niveau de notre parti APP, nous pensons que promulguer une telle loi est salutaire. Du point de vue forme, on peut dire que c’est salutaire parce que là où nous sommes, nos autorités sont presque dos au mur. La CEDEAO nous a exigé un chronogramme détaillé afin de lever les sanctions contre notre pays. Les analyses faites par les autorités de la transition montrent qu’il est difficile de présenter un chronogramme sans pourtant revoir la loi électorale. Ainsi, après cette promulgation, le président peut présenter quelque chose à la CEDEAO, le 03 juillet prochain pour pouvoir lever les sanctions qui pèsent contre notre pays. Pas besoin de vous rappeler que les conséquences de l’embargo sont assez lourdes pour notre pays.
Cependant, nous pensons que cette loi présente des limites et certaines faiblesses.
Lesquelles ?
Il s’agit de l’organe unique de gestion des élections nouvellement présenté. Nous n’aurons pas suffisamment de temps pour pouvoir nous en sortir avec cet organe.
Quant à sa composition et ses attributions, il s’est avéré que certains membres de l’administration territoriale et de la DGE font partie de la nouvelle autorité indépendante de gestion des élections. Cela pose un problème quelque part. On a essayé de corriger, d’améliorer, mais il va y avoir des difficultés.
Doutez-vous de la crédibilité de cet organe?
Oui, en effet, cela suscite quelques doutes.
Selon certaines voix, la loi ouvre grandement la porte aux militaires de se présenter aux prochaines élections présidentielles. Ce qui est en contradiction avec la charte qui, quant à elle, interdit toute candidature de toute personnalité ayant participé à la gestion de la Transition. Quel est votre avis ?
C’est la nouvelle loi promulguée qui dit que pour se présenter aux élections, un militaire dispose d’une période de quatre mois pour démissionner de l’armée et ensuite présenter sa candidature.
Je pense que la charte est très claire là-dessus. Le président de la transition, le premier ministre et autres ne devraient pas se présenter aux élections présidentielles. Mais, il faut aussi comprendre que la loi est faite par les hommes. Il y a une crise de confiance au Mali, qui fait que chacun essaie d’interpréter les textes à sa manière, qu’il y aura ceci ou cela.
Il faut vraiment que les militaires posent des actions concrètes. Ils doivent ainsi clarifier leur position en faisant comprendre aux uns et aux autres qu’éventuellement ils ne se représenteront pas pour les prochaines élections présidentielles.
Après votre rencontre du Cadre de concertation avec les partis politiques présidée par le ministre de l’Administration territoriale, pensez-vous que la confiance renaît ?
En tout cas, il y a eu beaucoup d’enseignement lors de ces échanges. Cette volonté de s’entretenir avec la classe politique et la société civile est un grand pas pour notre pays et surtout pour la réussite de la transition. Je pense que c’est un bon début. Chacun a écouté et pris notes de tout ce qui a été dit.
Un calendrier a été proposé par les autorités de la transition. Quelle est votre position?
Nous sommes favorables à ce calendrier. Mais, il faudra le respecter. On ne veut plus entendre parler d’une autre prolongation. On doit s’en tenir.
Il est temps de trouver un consensus. Avec ce calendrier, nous pouvons donner au moins quelque chose à la CEDEAO pour lever les sanctions.
Votre mot de la fin
Je lance un vibrant appel à tous les Maliens afin qu’on reste unis pour un Mali fort et indivisible. Les Maliens ont beaucoup souffert de cette crise et surtout avec l’embargo qui a aggravé la situation du pays.