Les Etats-Unis ont vivement dénoncé jeudi dans un communiqué la volonté du Mali de ne pas appliquer les dispositions du nouveau mandat de la force de l'ONU Minusma, adopté la veille par le Conseil de sécurité de l'ONU.
"Les États-Unis sont profondément préoccupés par la déclaration du gouvernement de transition malien exprimant son intention de refuser à la Minusma la liberté de mouvement nécessaire à l'accomplissement de son mandat", a déclaré dans ce communiqué l'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield. "Agir ainsi serait une violation flagrante de l'accord sur le statut des forces (SOFA) que le gouvernement de transition est tenu de respecter", a-t-elle ajouté. Mercredi, après un vote prolongeant d'un an la mission de paix de l'ONU, incluant une obligation d'enquêter sur des violations présumées des droits humains par les groupes jihadistes, l'armée malienne ou ses soutiens paramilitaires russes, le Mali avait affirmé qu'il ne pourrait garantir la liberté de mouvement des Casques bleus pour des investigations sans un accord préalable de Bamako. "Toute tentative de pays hôtes, de personnels de sécurité étrangers ou d'autres acteurs de bloquer la liberté de mouvement des soldats de la paix peut sérieusement compromettre leur sécurité et mettre en péril la mission elle-même", a insisté Linda Thomas-Greenfield. "La liberté de mouvement est essentielle pour que la Minusma s'acquitte des tâches qui lui sont confiées par le Conseil de sécurité de l'ONU" depuis 2013 dans le cadre d'une mission autorisant le recours à la force et incluant des enquêtes sur de possibles violations des droits humains, a rappelé la diplomate américaine. "Nous exhortons le gouvernement de transition à assumer immédiatement et complètement sa responsabilité en tant que pays hôte d'une opération de maintien de la paix des Nations unies et à respecter les termes de l'accord SOFA", a-t-elle conclu. Selon des diplomates, la Minusma est entravée dans sa liberté de mouvement depuis janvier, période qui a coïncidé avec le déploiement au Mali de paramilitaires de la société privée russe Wagner. La Minusma a été ainsi dans l'incapacité jusqu'à présent de se rendre dans la localité de Moura (centre), où un massacre de plusieurs centaines de civils par des militaires maliens aidés de combattants étrangers se serait produit entre le 27 et le 31 mars, selon des ONG.