Les obsèques du Pr Drissa Diakité, décédé dans la nuit du samedi 2 juillet 2022, auront lieu ce lundi à 10 heures à son domicile à Kalanba-Coura. La mort de cet éminent professeur d’enseignement supérieur et chercheur émérite est une immense perte pour notre pays, son élite intellectuelle, son enseignement supérieur.
Passionné de l’histoire du Mandé, de ses mythes et de ses héros, Pr Drissa Diakité était de ceux qui ont compris la valeur stratégique de l’histoire comme discipline ancrée aussi bien dans les concepts fondateurs d’une société que dans sa place concrète au niveau du rapport des forces contemporaines.
Au moment même où je m’apprête à quitter Bamako tôt ce dimanche pour répondre à un appel de mon chef de village, que j’apprends à travers un post de mon frère Moussa Camara, communicateur hors-pair et toujours féru du “grand savoir” la mort d’un autre «faiseur de feu», le Pr Drissa Diakité, auteur de l’ouvrage « Kuyaté, la force du serment» qui présente sans doute la tradition orale la plus controversée de toutes les épopées tirées de cette longue et grande fresque historique du Manden au XIIIe siècle. Comme son cher ainé, Pr Gaoussou Diawara, que j’ai eu l’honneur de côtoyer jusqu’à son dernier souffle, Drissa était par excellence ce modèle d’homme dont notre pays a besoin pour relever la tête.
« L’Africain a toujours cherché à lutter contre le néant de la mort, à vaincre le temps, à s’immortaliser dans sa progéniture et dans son œuvre» écrivait un célèbre historien africain. Pr Drissa Diakité, éminent historien a aussi réussi à édifier sa propre «tour d’immortalité», par une vie exemplaire de chercheur émérite et une productivité intellectuelle toujours féconde et utile..Sa mort est une immense perte pour notre pays, son élite intellectuelle, son enseignement supérieur.
Comme son cher ainé, Pr Gaoussou Diawara, Il a toujours refusé, pour tous ceux qui l’ont connu, la compromission, l’opportunisme, les rentes de situation et avait surtout comme seule obsession de redonner au Mali sa dignité, la foi à travers sa propre culture, ce socle indiscutable de tout développement économique et social. La valorisation de notre patrimoine culturel, historique a été du coup son principal combat et son engagement sans failles sur tous les fronts de la lutte sociale et démocratique. Un engagement de tous les instants et qui ne relevait pas d’un simple fantasme à satisfaire les élans du cœur. Il était sérieux, sincère dans ses combats. Après le big bang démocratique de Mars 91, il a d’abord milité au CNID FYT avant de poser ses valises au PARENA qu’il créa avec ses camarades de lutte patriotique et démocratique.
Comme son cher ainé, Pr Gaoussou Diawara, il a aussi brillamment rempli son contrat et accompli très noblement ses devoirs à l’égard de sa chère patrie. Son message d’espoir, de paix, d’humanisme devra désormais rester entre nos mains comme une redoutable charge, un lourd fardeau. Son message culturel, littéraire et philosophique doit interpeller la jeunesse malienne et l’amener à relever de nouveaux défis pour dépasser la médiocrité et accéder à l’excellence, car pour le regretté Pr Gaoussou Diawara : « il y a réussir sa vie et réussir dans la vie. Je pense qu’il sera très important pour la nouvelle génération de pouvoir faire la différence. Il ne s’agit plus pour nous de changer le Mali, mais de changer de Mali». Une phrase à méditer par les nouveaux chantres du Malikoura.