Malgré la levée des sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA depuis le dernier sommet d’Accra, tenu le 3 juillet dernier, le Mali continuera à ressentir les effets de ce blocus économique et financier pendant un long moment.
Les sept mois d’embargo que le Mali a connu dû à des actions du pouvoir de transition, incitent beaucoup à se poser des questions sur les éventuelles réparations des préjudices subis.
Selon les spécialistes des questions économiques, les effets de l’embargo mettront du temps avant de s’estomper. Car, même si les frontières sont ouvertes, les transactions commerciales et financières sont rétablies, le blocus a énormément causé du tort au pays, à de nombreux opérateurs économiques et au peuple malien en général. Comme exemple, le manque à gagner de cette longue période de sanctions pour les caisses de l’Etat, est de plusieurs milliards de F CFA. Sans compter que le gel des avoirs financiers de l’Etat a causé d’énormes pertes, en termes de dépenses sociales et même d’investissements publics.
En effet, faut-il préciser que depuis la levée de cet embargo, le panier de la ménagère n’est pas encore sur pied, les prix des denrées restent très élevés. Sans oublier les difficultés liées aux coûts des transports, à la demande sociale (santé, école, etc.). Alors qu’on se rend compte que le chronogramme détaillé de la transition que les dirigeants de la CEDEAO demandaient aux autorités de la Transition avec une durée limitée a été finalement l’option concédée à Abuja.
En effet, au sortir des assises nationales de la refondation, les autorités de la Transition s’étaient montrées intraitables quant à prolonger leur pouvoir sur au moins cinq ans. Ce qui avait suscité le tollée au niveau des dirigeants de l’organisation ouest-africaine. C’est donc après des tergiversations que Bamako a fini par se résoudre à une prolongation sur 24 mois, non détailler par la feuille de route et assurer de la volonté de tenir dans un délai raisonnable les élections pour remettre le pouvoir aux civils. La suite est connue…Et ce qui était apparu comme un bras de fer avec la CEDEAO a conduit à retarder la marche du pays vers non seulement la sortie de crise mais aussi vers son développement. C’est même avec peine que certaines réformes politiques et institutionnelles souhaitées pourront se faire, le gouvernement s’étant engagé dans une course contre la montre, qui pouvait être enclenchée plus tôt.
C’est tout cela qui pousse à se demander pourquoi tout cet imbroglio et ces disputes avec la communauté internationale, alors que l’on n’a pas les moyens de sa politique de rupture souhaitée. Dès lors, qui doit réparer tout le préjudice causé ?
Assitan DIAKITE