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Premier voyage d’essai du train sur l’axe Bamako-Kayes réussi : Enfin, le train siffle !
Publié le mercredi 20 juillet 2022  |  Le National
Relance
© aBamako.com par AS
Relance du trafic ferroviaire Bamako -kayes
Bamako, le 13 juillet 2022. Le ministre des Transports et des Infrastructures a procédé au lancement à la gare ferroviaire de Bamako de l`essai du train voyageurs entre Bamako et Kayes
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Cris de joie des adultes et des plus jeunes, larmes de satisfaction des personnes âgées : dans un enthousiasme débordant que les riverains de la voie ferrée Kayes-Bamakoont vécu la reprise du trafic ferroviaire le mercredi, 13 juillet. Ce qui avait été toujours promis par les différents régimes qui se sont succédé et qui apparaissait à chaque fois comme un rêve impossible à réaliser est devenu enfin une réalité grâce aux immenses abattus par les autorités de la transition. Ce bonheur ouvre surtout de nombreuses autres perspectives heureuses.

Le 14 mai 2022, sur le plateau de l’ORTM dans le cadre de l’émission « Mali Kura Taa Sira » donnant la parole à chaque membre du gouvernement pour expliquer ses réalisations et les perspectives, Mme Dembélé Madina Sissoko, ministre et des Transports et des Infrastructures déclarait : « Les dispositions sont déjà prises pour relancer le trafic national du transport ferroviaire en arrêt total depuis 2018 et cela, dès fin décembre 2022 ». Et voilà qu’avant cette date, Mme Dembélé Madina Sissoko a donné le Ttop départ, le mercredi, 13 juillet 2022, du premier essai blanc du train de transport-voyageurs entre Bamako et Kayes, soit quelques six mois avant l’échéance prévue. Signe évident qu’un travail énorme a été abattu dans l’intervalle, qui a bénéficié d’un suivi attentif puisque le jeu en valait la chandelle et qu’il ne fallait donc point à nouveau contrarier l’espoir et les attentes des populations. Pour cette phase d’essai du 14 mai, l’honneur avait été fait à Mme Alima Mariko, mécanicienne de son état, de conduire le train d’essai. Puis, deux locomotives (CC22-05 et CC22-07) avaient effectué des mouvements sur le trajet Bamako-Néguéla le vendredi, 08 juillet 2022.

La locomotive CC-2207, avec ses 7 voitures-voyageurs et sous la présidence de Mme le ministre a donc pris le départ, ce 13 juillet, à 08H45mn à la Gare ferroviaire de Bamako à destination de Kayes (la Cité des Rails). Dans une interview accordée à la presse, Madame le ministre DEMBELE Madina SISSOKO a salué l’accompagnement du Président de la Transition, chef de l’Etat, Son Excellence le Colonel Assimi GOÏTA, qui n’a jamais fait défaut tout au long de ce processus de relance du trafic ferroviaire au plan national. ‘’C’est grâce à l’engagement constant du chef de l’Etat et au dévouement de Monsieur le Premier ministre, chef du Gouvernement, que les techniciens du secteur ferroviaire du Mali ont réparé entièrement deux locomotives et les voitures-voyageurs pour assurer la liaison Bamako-Kayes par voie ferrée’’.

A Kita, ce 13 juillet, la gare ferroviaire refusait du monde. Ce public varié a fait ce déplacement pour voir leur train de voyageurs Bamako-Kayes de nouveau sur les rails. A 14h30 mn,le train est arrivé à Badinko et à 15h30 à la gare Transrail de Kita où l’attendaient des populations nombreuses. A l’escale de Badinko où les autorités régionales ont effectué le déplacement pour le premier accueil de ce train test comme à la gare de Kita, l’ambiance était celle des grands jours. Les populations, dans une effervescence totale, clamaient cette prouesse des autorités du pays qui ont tenu les promesses du démarrage du trafic ferroviaire. Partout, joie, hymne national et symphonie puisée du terroir étaient rois. Au regard de la mobilisation générale des communautés, les autorités disent bien noter l’espoir des populations de voir la réouverture effective de ce tronçon. Pour elles, pouvons-nous conclure, la question demeure au cœur deleurs (des plus hautes autorités du pays) préoccupations. Après 30 minutes de stationnement à Kita, le train-test a quitté pour Kayes. Le sifflement du train a été entendu, toujours le mercredi,13 juillet 2022 dans la nuit, à Kayes, comme un signe d’espoir et de vie, pour non seulement la population de la ville, mais aussi pour les villes traversées par les rails. Les autorités administratives et politiques, les organisations de la société civile, les chefs coutumiers et traditionnels ont tous accueilli l’arrivée du train de nouveau dans la gare du chemin de fer avec une grande satisfaction.

Ainsi, au matin du jeudi, 14 juillet 2022, sous une grande pluie, le directeur de cabinet du gouverneur, Monsieur Amadou DICKO, avec à ses côtés la délégation des membres du Conseil National de Transition, en mission à Kayes, ont lancé officiellement le retour du train à Bamako. Pour ce voyage de retour à Bamako, les Kaysiennes et les Kaysiens, jeunes et vieux, étaient sortis massivement, une fois de plus, pour magnifier toute leur reconnaissance à l’endroit des plus hautes autorités du pays pour cette reprise du trafic ferroviaire, vitalpour toute la région de Kayes. « Je peux mourir tranquillement maintenant car mon vœu le plus cher avant de mourir était de voir la reprise du trafic ferroviaire », s’est exclamé, les larmes aux yeux, Mamady Sissoko âgé de 78 ans. Le train-testvoyageur a quitté Kayes à 12 h30 pour être à Bamako à 4h du matin. Tout au long de son trajet, les villages riverains du chemin de fer de Kayes à Mahina et en passant par Oualia, Toukoto, Kita, c’était de l’effervescence car avec la relance du trafic ferroviaire, c’est un espoir qui renaît tant sur le plan économique, social que culturel. Selon le représentant du ministère des Transports et des Infrastructures, ce premier test permet au département en charge de mesuresr les risques d’échec afin que la relance soit effective apour le bonheur de tous les Maliens.

Avant ce voyage d’essai réussi, beaucoup de dispositions avaient été prises

Les 19 gares, de Bamako à Kayes, ont été entièrement réhabilitées. Les travaux d’entretien de la voie ferrée (curage des fossés, décapage, désherbage et débroussaillement) ont été exécutés de Bamako à Diboli, les ateliers centraux de Korofina et de Kayes ont été réhabilités et les rails défectueux entre Bamako et Kayes, remplacés. Une autre disposition de taille est la visite ministérielle conduite par Abdoulaye Diop à Moscou du 18 au 21 mai 2022. La ministre des Transports et des Infrastructures a fait partie de cette mission. Dans la capitale russe, en compagnie de son homologue de l’Economie et des Finances, elle a eu une séance de travail fructueuse, le 20 mai 2022, avec la société russe Trading House STM. La société russe Holding, qui appartient à Sinara-Transport Machines (STM), est un important fabricant et fournisseur de matérielsroulants et d’équipements ferroviaires, dont des locomotives diesel et électriques, des unités multiples électriques, des wagons de frêt et des machines de voie pour la construction, la réparation et rénovation et la maintenance de la voie ferrée. Après des échanges sur les aspects techniques, les deux parties ont procédé à la signature d’un mémorandum d’entente pour déclencher le partenariat et entamer les travaux dans une dizaine de jours. Ce partenariat consiste en l’achat de 03 locomotives neuves et la réparation de 02 locomotives par des techniciens russes attendus à Bamako dans les prochains jours.

Des tractions se sont déroulées, le vendredi, 04 mars de 10 heures à 13 heures, entre les ateliers centraux de Korofina et la gare ferroviaire du District de Bamako. Ce mouvement est le 2ème du genre, le 1er s’étant effectué lorsque le 1er gouvernement de la transition était en fonction.



Rappelons que la ligne de chemin de fer reliant Kayes à Bamako a été inaugurée le 19 mai 1904. Ce que l’on appelait alors « la pirogue métallique de fer » était « une locomotive qui vomit des nuages de fumée qui jaillissent par saccades de sa grande cheminée, avec des poussières et des brindilles de feu. Puis des jets de vapeur d’eau s’échappent de ses flancs. Les freins se desserrent, les bielles et les roues motrices entrent en action, la machine se cabre, les wagons s’entrechoquent, le tout dans des grincements et un fracas épouvantables. Enfin le train s’ébranle ; prenant peu à peu de la vitesse, il commence à filer à travers le paysage… » nous raconte un retraité de l’entreprise, lui aussi ayant appris de son père, ancien employé de la même entreprise. Et de continuer que : « À cette époque, seul le tronçon reliant Kayes, implanté sur la rive droite du fleuve Sénégal, à Koulikoro, petit port fluvial lové au bord du Niger, existait. Il faudra attendre le 1er janvier 1924 pour que la liaison Dakar-Bamako soit inaugurée. » La ligne Dakar-Bamako a connu son heure de gloire avant l’indépendance du pays. L’éclatement de la Fédération du Mali, le 20 août 1960, a marqué le début de son déclin. La frontière avec le Sénégal est alors fermée. C’est à la suite de cette rupture que le Mali mit sur pied, le 29 novembre 1960, sa propre société de gestion, la Régie des chemins de fer du Mali (RCFM). En 1962, la signature d’un accord par lequel les deux États décident d’exploiter en commun la voie ferrée n’y changera rien. Soucieuse du confort de sa clientèle et du développement du tourisme, la RCFM a créé des unités hôtelières : le Buffet de la gare à Bamako, qui verra naître plusieurs orchestres maliens, et l’Hôtel du rail à Kayes (HRK), dont le service de classe internationale remporte, en décembre 1984, le trophée de meilleure prestation hôtelière décerné lors du Salon du tourisme à Madrid. Au fil des ans, frappé par la crise économique et la mauvaise gestion, le trafic décline. Le nombre de gares se réduit considérablement, pénalisant les riverains qui faisaient leur petit commerce à chaque arrêt du train. En dépit des divers plans de restructuration mis en œuvre, la situation des régies sénégalaise et malienne se dégrade au point que les gouvernements du Mali et du Sénégal décident de la mise en concession de la ligne internationale. C’est chose faite depuis octobre 2003 et la reprise de la gestion du réseau par le groupement franco-canadien Canac-Getma. Avec cette privatisation, c’est une page d’histoire qui se tourne. Mais les vieux se souviennent encore, et avec fierté, de cette grève mémorable, qui, du 10 octobre 1947 au 19 mars 1948, a mobilisé près de 20 000 cheminots et qui est relatée dans le célèbre ouvrage de l’écrivain sénégalais,’Ousmane Sembène, « Les Bouts de bois de Dieu ». Au terme d’un bras de fer avecl’administration coloniale, les cheminots d’alors avaient en effet obtenu gain de cause : un statut unique pour tous les travailleurs de la régie.

A noter que la Société Transrail, qui exploitait le Chemin de fer du Mali, a été liquidée par le Tribunal du Commerce de Bamako en son audience du 1er septembre 2021. Pour la suite du processus, la juridiction a désigné Sékou Fanta Mady Traoré, juge commissaire et Alou Badara Traoré du Cabinet Exao- Sarl comme Syndic.

​Tidiani S.M. Coulibaly

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