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Crise sécuritaire au centre du Mali: Faut-il repenser la doctrine opérationnelle des FAMa ?
Publié le mercredi 20 juillet 2022  |  Le DEMOCRATE
Patrouille
© AFP par PHILIPPE DESMAZES
Patrouille de l`armée malienne et française à Goundam
Patrouille de l`armée malienne et française entre Goundam et Tombouctou
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La communauté internationale a appris avec stupéfaction les massacres des populations civiles perpétrées dans la nuit du 18 au 19 juin dernier dans le cercle de Bankass, au Centre du Mali. Un modus operandi semblable à ceux des précédentes attaques contre des populations civiles dans les mêmes régions. En effet, le mode opératoire nous rappelle les malheureux massacres contre Ogossagou en mars 2019 ou encore de Sobane en juin 2019.

Ces attaques interviennent, paradoxalement, dans un contexte de montée en puissance de l’armée malienne. Elles interviennent ensuite dans un contexte de mise en œuvre des nombreux programmes et opérations militaires spécifiques. Il s’agit par exemple de la loi d’orientation et de programmation militaire ou encore de la loi de sécurisation intégrée des régions du Centre. Les opérations spécifiques concernent l’opération Kélétigui ou encore le plan Maliko.Alors, qu’est-ce qui n’a pas marché ? En d’autres termes, pourquoi une armée qui monte en puissance n’est pas quand même parvenue à prévenir les massacres perpétrés dans plusieurs localités du Centre du pays ? Ce sont, entre autres, des questions légitimes que de nombreux observateurs dans le domaine sécuritaire se posent ?

Aujourd’hui, il ressort d’une réalité empirique que les défis fondamentaux, notamment en matière des moyens lourds de combats, des moyens militaires volants ou encore de munitions qui s’étaient posés dans le temps à l’armée malienne sont entrain d’avoir des réponses, des réponses à travers des nouvelles coopérations militaires et des nouvelles visions de l’armée portée par l’élite militaire actuelle du pays. Il est, toutefois, important que des défis stratégiques puissent bénéficier d’une attention particulière de la part des responsables en charge des questions militaires et de défense. Il s’agit, en effet, des défis liés au renseignement. L’épineuse question de renseignement dont on doit partir des massacres de Dessagou et de Diallassagou pour le traiter une bonne fois pour toute. Les services de renseignements ne doivent pas seulement être renforcés en matière de moyens opérationnels, mais c’est le système opérationnel même qui est à repenser. Les forces de défense, de sécurité et les services de renseignement doivent s’adapter à, un moment donné, aux stratégies et au modus operandi même de l’ennemi. A ce niveau Napoleon Bonaparte disait que pour lutter efficacement contre l’ennemi, il faut emprunter les mêmes moyens que lui. Cette doctrine suppose que les forces de défense doivent s’il le faut monter à bord de motos lorsqu’ils sont dans une zone ou l’ennemi emprunte une moto pour commettre, efficacement, son forfait. Ils doivent être en mesure de monter à bord des charrettes si l’ennemi emprunte une charrette pour être efficace son opération. La réadaptation des moyens de combats jusqu’à la mesure de l’infiltration est plus que nécessaire. Les grands armés du monde ont engrangé des nombreux succès en matière de guerre asymétrique travers le recours également des méthodes d’infiltration ayant permis non seulement de déjouer des grandes opérations programmées par l’ennemi mais aussi de le surprendre et de l’attaquer aux périodes opportunes.

Partant du postulat selon lequel une armée solide ne se construit pas en deux ou trois ans, et du constant que l’état de désorganisation et de destructuration de l’armée malienne avait atteint un seuil important courant des décennies précédentes à la faveur des crises politiques répétitives ou encore des mauvaises gestions des processus de paix, la nouvelle école militaire du Mali doit être une opportunité pour une meilleure réadaptation des opérations militaires au contexte de conflits qui, de plus en plus, se complexifie au regard de la complexité également des enjeux sécuritaires, stratégiques et géopolitiques au Sahel.

Ibrahima Harane Diallo, Journaliste-Politologue, chercheur à l’Observatoire sur la Prévention et la Gestion des Crises et Conflits au Sahel

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