Nos dernières investigations sur les problèmes de l’école, ont montré que, ce ne sont pas des problèmes techniques liés aux défaillances du cadre de l’enseignement seulement.
Nous avons pointé les enseignants jusque dans nos dernières pistes de réflexion, mais il est nécessaire de fouiller toujours pour élucider cette catastrophe au niveau de l’enseignement au Mali. Sans tomber dans une démarche globale pour trouver des solutions à une situation complexe, il est judicieux de briser la complexité du problème en morceaux pour espérer trouver des indices. Si nous prenons par exemple à Bamako la plus grande commune sans limites, c’est la commune VI.
Cette commune est une ville à part entière dans la capitale malienne tant elle regorge plus de monde. Mais dans cette même commune, il y a moins dix écoles publiques selon celles que nous avons pu énumérées. Ces écoles publiques sont saturées à l’extrême, parce que compter 100 élèves dans une classe de la 9ème année, est une chance pour un seul enseignant d’une matière. Il se trouve que l’État malien dans son processus de privatisation de l’école malienne a abandonné le secteur public, pour envoyer certains enfants dans les écoles privées, sans prendre les mesures nécessaires pour leur accompagnement, ni les modalités de leur encadrement.
Du coup, le secteur privé de l’école est devenu une occasion pour tout commerçant qui voit l’avantage de financer son propre établissement afin de faire un retour sur investissement juteux. À partir de ce moment, tout le monde est devenu promoteur d’école. Le terrain a été miné et les enseignants se sont retrouvés démunis face à une situation incroyable et incontrôlable.
Les parents d’élèves qui n’ont jamais payé un sous pour leur propre éducation se voient obligés de payer l’éducation de leurs enfants, pour des familles où, généralement, il y a moins de deux ans entre les enfants. Les seuls arguments dont ils disposent, c’est la démission face à l’éducation de l’enfant qu’ils ont laissé à la rue et à l’école privée. Puisqu’ils payent déjà, pour beaucoup, c’est déjà beaucoup pour l’enfant.
L’enseignant de l’école privée n’a plus droit d’imposer à l’enfant rigueur et discipline, parce que le promoteur de l’école dans sa démarche marketing préfère caresser et négocier les parents d’élèves pour qu’ils acceptent d’inscrire leurs enfants. Et cela, à la seule condition que l’enfant ne soit pas mis sous pression pour attirer son attention et qu’il passe également en classe supérieure. Le parent ne peut pas concevoir qu’il paie pour son enfant et qu’il redouble la classe. Le promoteur d’école est obligé de maintenir sa politique marketing dans une négociation permanente devant toutes autorités de l’éducation pour valider des notes médiocres. Et l’enseignant est obligé de garder cet équilibre entre fermer les yeux pour garder son salaire et un niveau catastrophique des enfants en face de lui. L’État à son tour s’est éclipsé pour laisser le champ ouvert à la culture de la médiocrité. La réflexion continue…