Afin de trouver une issue diplomatique pour la libération des 49 militaires arrêtés au Mali, la mission de bons offices du Togo a été sollicitée et obtenue des autorités de la transition. Du moins si l’on s’en tient à la déclaration faite par le ministère des Affaires étrangères togolaises lors d’une visite au Mali. Toutefois, au même moment où cette voie est lancée, le Procureur général près la Cour d’Appel de Bamako a annoncé l’ouverture d’une enquête judiciaire pour « faire toute la lumière» sur l’affaire des 49 militaires ivoiriens arrêtés au Mali. Les deux démarches pourront-elles faire bon chemin ensemble ? L’exécutif et le judiciaire seraient-ils en déphase dans cette affaire ?
Dans un communiqué officiel rendu public et lu sur la chaîne nationale le dimanche, 10 juillet 2022, le gouvernement, par son porte-parole, annonçait l’arrestation à l’aéroport de Bamako de 49 militaires ivoiriens, dont une trentaine des forces spéciales de leur pays, avec leurs armements et munitions de guerre, ainsi que d’autres équipements militaires. Ces derniers, considérés par Bamako comme des « mercenaires » dont « le dessein funeste était manifestement de briser la dynamique de la refondation et de la sécurisation du Mali ainsi que du retour à l’ordre constitutionnel », ont été mis à la disposition de la justice malienne pour élucider l’affaire.
Le contraire a été annoncé par les autorités ivoiriennes qui estiment que ces militaires sont régulièrement inscrits dans l’effectif de l’armée ivoirienne et se trouvent au Mali dans le cadre des opérations des Éléments Nationaux de Soutien (NSE).
« La présence de ce détachement des Éléments Nationaux de Soutien est conforme aux mécanismes de soutien aux contingents des pays contributeurs de troupes dans le cadre des Missions de Maintien de la Paix et est bien connue des autorités maliennes », explique le communiqué du Conseil national de sécurité de la Côte d’Ivoire, tenu le lendemain de leur arrestation, pourrissant ainsi « l’atmosphère » entre les deux pays voisins intimement liés. Pour trouver une solution à l’affaire, les autorités maliennes ont accepté une mission de bons offices du Togo. Du moins si l’en croit en l’annonce faite par le ministre des Affaires étrangères, de l’intégration régionale et des Togolais de l’Extérieur, Pr. Robert Dussey, lors de sa visite au Mali.
Lors de l’audience accordée au chef de la diplomatie togolaise, « le président de la Transition s’est dit ouvert au dialogue et disposé à œuvrer, dans le respect de l’esprit de fraternité et des excellentes relations entre le Mali et la Côte d’Ivoire, à une issue heureuse à cette situation, y compris par la voie diplomatique, dans le strict respect de la souveraineté du Mali», lit-on dans le communiqué conjoint.
À cet égard, le chef de la Transition « a souhaité que le Togo effectue une mission de bons offices entre les parties concernées ». Et le ministre Dussey a réaffirmé la disponibilité du dirigeant togolais dans ce sens. Il va poursuivre, a-t-il laissé entendre, « son appui à la Transition et aider à résoudre cette situation ».
Au l’endemain de la visite de Pr. Robert Dussey, c’est-à-dire le mardi, 19 juillet 2022, le Procureur général près la Cour d’Appel de Bamako a annoncé dans un communiqué l’ouverture d’une enquête judiciaire pour « faire toute la lumière » sur l’affaire des 49 militaires ivoiriens arrêtés au Mali et « L’évolution de ladite enquête fera l’objet de toute communication ultérieure utile », précise, dans son communiqué, le Procureur.
À l’allure où va la situation, l’on peut se poser la question de savoir si les deux voies dans la gestion de ce dossier font bon ménage. Ou encore l’exécutif est-il en déphasage avec le judicaire dans la gestion du dossier ?