Macron est obsédé par le Mali. Toutes les occasions étaient bonnes sur le territoire de France et de Navarre pour baver sur le pays, ses dirigeants et leur choix souverain d’alliance comme si nous avions lié notre destin à celui de l’Hexagone pour l’éternité.
Le jeune président français vient maintenant nous chercher sur nos terres (africaines) en visite au Cameroun, Bénin et Guinée-Bissau. Il distille des allusions perfides à propos de la menace russe sur le continent, oubliant vite au passage que la France est le seul pays qui a enfanté un chef mercenaire, Bob Denard de triste mémoire, qui a non seulement fait un coup d’Etat au Comores en 1975 et gouverné le pays avec son homme de paille, mais poussa l’audace jusqu’à monter une opération de même nature, en 1977, contre le Benin de Mathieu Kérékou qui se solda heureusement par un échec cuisant. Ou Macron ignore l’histoire (il a l’excuse que même un président énarque ne connaît pas forcément tout) ou il a une mémoire sélective adossée à une mauvaise foi à couper au couteau (hypothèse bien plus probable) pour jouer les vierges effarouchées devant chaque acte d’affirmation de liberté du Mali comme une atteinte aux intérêts français. Cet esprit fébrile est arrivé à bonne époque aux affaires, car on se demande quel président de la République il ferait aux heures sombres de la guerre froide Est-Ouest, lui qui est tant épouvanté même par l’ombre de Vladmir Poutine ? Mais en Guinée-Bissau, le chef de l’Etat français a franchi un palier dans son ingérence et sa volonté de saccager notre vivre-ensemble en insinuant des atteintes aux droits de l’homme dont les Peuls seraient la cible dans notre pays.
Il faut rappeler à ce pyromane-président que le convoi de mariage décimé, le 03 janvier 2021, à coups de missiles par l’armée française à Bounty et présenté comme une colonne djihadiste était exclusivement composée de civils Peuls. Cette bavure criminelle, documentée par l’enquête de la MINUSMA concluant à l’attaque contre un convoi civil, n’a jamais ému le “nouveau défenseur” autoproclamé des Peuls du Mali. Macron est le chef suprême d’une armée qui n’a pas non plus eu la décence ni la compassion de reconnaître les faits par respect pour la douleur des familles endeuillées.
Voilà un homme d’Etat, plutôt un homme de l’Etat insensible à la condition humaine (“il y a des gens qui sont tout et d’autres qui ne sont rien”), cynique au possible sur le plan politique (il mobilise la gauche contre Marine le Pen au second tour de la présidentielle, avant de choisir Marine Le Pen contre la Gauche aux législatives), c’est cet homme qui, un trémolo dans la voix, s’érige en défenseur d’une partie de notre communauté nationale.
Les musulmans de France qui n’ont jamais été autant stigmatisés qu’aujourd’hui ont besoin de ces bons sentiments contre le déferlement de haine, à commencer par celle que lui voue votre ministre de l’intérieur, Gérard Darmanin. Les victimes du racisme aux formes multiples attendent du président, preux chevalier des droits de l’homme, un mot de condamnation des violences policières, parfois meurtrières.
La référence sans retenue à une partie de l’ensemble national indique une intention claire de fracturer le Mali sur des bases ethniques, par dépit, après les nombreux revers subis dans les relations avec Bamako.
Mais le Petit Roi Soleil des temps modernes est conforté par la servilité de certains de nos dirigeants. Biya lui a offert une tribune de méga star avec la secrète ambition de faire adouber son Fils 1er dont la poignée de mains complice avec Macron était le gain attendu de la visite à Yaoundé. Le rêve de succession dynastique peut désormais prendre corps.
Patrice Talon, comme sous l’ère Foccart, n’a pas trouvé meilleur moment de libérer des adversaires prisonniers politiques (30 au total) que le passage de Emmanuel Macron.
Le jeune président Bissau-Guinéen, Umaro Sissoko Emballo, aurait pu perdre jusqu’à sa culotte si le président français ne s’était pas contenté seulement de lui demander de tomber la veste et la cravate. Les désirs de Macron sont des ordres !
Comme si cet humiliant épisode vestimentaire ne suffisait pas, le jeune président Emballo a promis à Macron une force anti-putsch de la CEDEAO qui n’arrive même pas à faire face à ses missions de survie dans un espace défiguré par l’insécurité. Une débauche de docilité qui sonne comme une offense à la mémoire de l’illustre Amilcar Cabral qui proclama l’indépendance de la Guinée-Bissau.
Devant tant de courbettes, Macron continuera de s’enhardir contre le Mali, le mauvais exemple, celui qui doit être puni pour ne pas faire école. Il oublie simplement qu’une page de la relation Afrique-France est résolument tournée, celle du paternalisme triomphant, de l’arrogance et du déni de réalité. Ce n’est pas en remuant les démons de l’ethnicisme au Mali que Macron inversera le sens de l’histoire. Sus au pyromane !