L’extrait du chapitre 2 « Justice, réveille-toi » tiré du livre : « Quand la pureté engendre l’ordure » (Edition Sahélienne-janvier 2021), d’Assia Baoukary Maiga dénonce le comportement « irresponsable » des agents de l’administration malienne. Lisez !
« …Voilà ce qui se passe au sein de nos administrations où, le matin, il faut faire le tour des bureaux avec au moins 30 minutes de causerie chez certains collègues. Un temps, deux mouvements, il est midi et il faut aller à la pause-déjeuner, revenir à 14h, prier pendant 1h et quelques minutes après, c’est la prière de 16h. Il faut donc ranger les affaires et déserter les lieux ; à côté de cela il y a les stars qui viennent tous les jours à 10h au bureau pour rentrer à 13h. Les Super stars qui, eux, ont complètement abandonné leurs postes, donc sans disponibilité pour travailler auprès des organisations internationales en complicité avec les supérieurs qui en retour, ont un montant versé sur leurs comptes chaque mois.
Les Imperturbables, eux, sont en tourisme toute l’année, c’est à travers les réseaux sociaux que cela se sait. Ils inventent des problèmes médicaux ou autres, mais à chaque fois les photos sont prises sur les plages ou devant des centres commerciaux. En revanche, tous ces beaux fainéants sont payés par l’Etat, tous ces microbes, tous ces criminels puisent dans les fonds de l’Etat.
Des comptables arnaqueurs qui sont couverts par leurs supérieurs hiérarchiques corrompus, les dormeurs qui bouclent le bureau pour se mettre à l’aise après avoir fait le tour du bâtiment, les calomniatrices qui se regroupent dans une salle toute la journée pour parler d’hommes, de sexes, de tontine et aussi pour vendre des articles.
Les pauvres stagiaires qui deviennent des coursiers parce que rien à apprendre. Les vigiles qui au lieu d’assurer la sécurité, espionnent plutôt les chefs de Divisions ou les Directeurs qui couchent avec les… d’autrui.
Un monde malade ! Malgré tout, je m’incline devant les très rares fonctionnaires soucieux, sérieux et honnêtes qui ne copient pas les parasites cités plus haut. Ce qui m’irrite le plus, c’est qu’à partir du 20, ils ne parlent que virement bancaire et vers le 25 en pleine heure de travail, ils abandonnent les bureaux pour les sous. C’est encore eux qui ont des syndicats à la bouche large pour défendre leurs intérêts, alors qu’ils doivent plutôt rendre à l’Etat tout ce qu’ils lui volent.
C’est également eux qui se plaignent du fait que le pays n’est pas développé, mais où irons-nous avec ces comportements ? Un peuple naïf, passif et permissif dont les droits sont bafoués via la plus cruelle des manières… »
I.D.
N.B : (Le titre et le chapeau dont de la rédaction)