Qui a volé dans l’affaire du marché public dit PARAMOUNT ? Difficile de répondre à l’affirmative avant un procès organisé à cet effet. En attendant, le verdict de la justice après un éventuel procès, s’il venait à avoir lieu, 3 des 4 personnalités visées par un mandat d’arrêt international depuis plusieurs jours, ont rejeté toutes les accusations contre elles, dans des communiqués de presse et se disent confiantes face aux accusations. Alors la question que l’on se pose actuellement, est de savoir si ce crime va rester sans coupable. Mais ce qui est certain, difficile pour un homme politique avec des ambitions présidentielles de passer à l’aveu si facilement.
Par voie de communiqué, le Procureur Général de la Cour Suprême Mamoudou Timbo avait annoncé le jeudi 25 juillet courant avoir lancé un mandat d’arrêt international contre Boubou Cissé, ancien Premier ministre et ex-ministre de l’Économie et des Finances, Tiéman Hubert COULIBALY ex-ministre de la Défense nationale, Mamadou Diarra dit Igor, ancien ministre de l’Économie et des Finances et Babaly Bah « ex-patron» de la Banque Malienne de Solidarité (BMS-SA). Ils sont cités dans l’affaire dite PARAMOUNT pour l’achat de matériels et d’équipements au profit de l’armée dont le montant est évalué à 37 milliards de FCFA.
Aussitôt ce mandat d’arrêt international lancé, aussitôt 3 des 4 personnalités citées dans ladite affaire n’ont pas gardé le silence trop longtemps. Comme des réponses coordonnées entre accusés, les 3 (Boubou CISSE, Tiéman Hubert COULIBALY, Mamadou Igor DIARRA) ont réagi, à tour de rôle, par des communiqués dans lesquels ils montrent patte blanche. Ce n’est pas nous, il faut chercher vos coupables ailleurs, laissent-ils comprendre.
Lundi dernier, c’est l’ancien Premier ministre qui avait donné le ton. Dans un communiqué de presse diffusé sur les réseaux sociaux, il avait rejeté les charges retenues contre lui en ces termes : «Contrairement à ce que veulent faire croire les personnes qui ont été chargées d’instruire ce dossier, en aucun cas je n’ai posé un acte illégal dans l’exercice de mes fonctions».
À la suite de M. CISSÉ, le ministre de la Défense et des Anciens Combattants au moment des faits, Tiéman Hubert COULIBALY, est sorti de sa réserve pour dénoncer un procès politique.
«Je n’ai jamais agi que dans ce cadre et je n’ai agi que pour assurer la meilleure préparation opérationnelle de nos forces face au défi sécuritaire», s’était-il défendu.
Pour lui, persécuter des hommes politiques n’a jamais contribué au succès, mais a toujours conduit à l’échec !
«Si la justice malienne devait chercher à situer ma responsabilité, dans le cadre d’une quelconque information judiciaire, elle a la latitude de procéder au moyen d’une commission rogatoire à laquelle je m’engage à répondre prestement. », s’est-il défendu également dans son communiqué de presse devenu viral sur les réseaux sociaux mardi dernier.
De son côté, l’ancien ministre des Finances sous IBK, Mamadou Igor DIARRA, se montre lui aussi blanc comme neige. Son institution financière, BOA GROUP, dont il est le directeur régional en Afrique centrale lui réitère sa confiance et lui apporte son soutien.
Comme ses deux coaccusés qui ont déjà fait des sorties médiatiques pour se ‘’blanchir’’, Mamadou Igor DIARRA a affirmé avoir ‘’appris avec étonnement le 28 juillet dernier l’ouverture d’une information judiciaire assortie d’un mandat d’arrêt international contre ma modeste personne, par une institution judiciaire de mon pays, le Mali’’.
« Lors de mon dernier séjour au Mali, venu enterrer ma défunte mère en mars 2022, je me suis spontanément rendu auprès de certaines autorités, afin de leur notifier ma disponibilité pour des éclaircissements sur tout dossier sur lequel je disposais d’informations et/ou qui ont pu relever de mes attributions de l’époque. Je suis le fils d’un regretté militaire mort en service et le respect de ma patrie est une valeur cardinale avec laquelle je ne transige pas », a-t-il clamé dans un communiqué de presse rendu public dans la nuit du mardi au mercredi 3 août 2022.
Chacun a choisi des morceaux de phares pour se disculper, tenter de soigner une image ou une honorabilité écorchée par cette affaire de détournement de deniers publics.
La cabale politique, l’inopportunité d’une telle action de justice dans un contexte qui plaide en faveur de l’union nationale et le renforcement de la cohésion entre les Maliens sont également évoquées dans les communiqués pour se défendre des accusations de la justice du pays.
Et ces plaidoiries sont menées sur les réseaux sociaux loin des hommes de la justice et des avocats pour prendre leur défense. Autre avantage des réseaux sociaux.
La méthode choisie n’est pas anodine : préparer l’opinion à un verdict avant l’heure et surtout de se faire passer des vraies victimes. Car, les 3 personnalités ont des fortes ambitions politiques pour le Mali.
Dans tous les cas, sur papier ces trois principaux acteurs visés par le mandat d’arrêt se disent sereins et ont même déjà constitué un conseil à cet effet.