Retard dans la mise en place de l’Autorité Indépendante de Gestion des Elections, AIGE, retard dans le remembrement du Conseil National de Transition, CNT, un autre retard, celui de la mise en place d’un gouvernement de large ouverture avec un premier ministre moins clivant, afin d’entamer les réformes, au Mali c’est tout simplement l’incertitude totale quant au respect du délai de 24 mois que les autorités ont souverainement fixé à la face du monde. Le chronogramme proposé à la CEDEAO est en train de tomber dans une certaine caducité à cause du non-respect des dates pour les activités qui y sont inscrites. Il est fort à parier aujourd’hui, après cinq mois déjà consommés dans les 24 impartis sans qu’aucune activité ne soit réalisée , que la prolongation serait inévitable et cela compte tenu de l’énormité, de la complexité et de la délicatesse des problèmes auxquels le Mali est confronté. Les difficultés ont pour noms, l’insécurité, la crise sociale, celle institutionnelle, la crise financière et la crise diplomatique. Ces différentes crises réduisent non seulement la capacité de résilience d’un peuple qui est à bout de souffle, mais aussi et surtout annihile tous les efforts de développement. La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir si les maliens vont rester indifférents à une autre prolongation de la transition. Ensuite quelles peuvent être les conséquences ?
Si des nombreux maliens reconnaissent que des prouesses tangibles ont été réalisées dans le domaine sécuritaire et que notre armée est en train de monter véritablement en puissance, non sans difficultés, ils sont tout aussi nombreux ceux qui crient leur ras -le bol face à la crise sociale qui a comme conséquence la vie chère. Tout porte à croire que si rien ne fait pour soulager les populations qui broient du noir, il y aura des remous sociaux, dans les semaines voir les mois à venir. Donc une autre prolongation de la transition serait synonyme de chaos et le pays risquerait de s’installer dans une crise beaucoup plus complexe et profonde que celle que nous connaissons actuellement. Sait-on qu’une transition n’a pas pour vocation de résoudre tous les problèmes auxquels le Pays est confronté ? Elle a pour mission de fonder les bases d’une nouvelle ère en s’inspirant des errements du passé et cela dans un large consensus. Pour rappel l’une des tares de la transition malienne est non seulement le manque de consensus, mais aussi un manque de leadership pour embarquer tous les maliens à bord du bateau Mali. Les autorités de la transition n’arrivent pas à Rassembler autour des nobles objectifs de cette période transitoire, leur façon de gérer laisse présager un lendemain tumultueux. Alors pour que cette période ne soit du temps inutilement perdu, les autorités doivent prendre en compte les aspirations profondes du peuple.
S’agissant des conséquences d’une nouvelle prolongation de la transition, elles pourraient être nombreuses. Il y a entre autres la probable désobéissance civile en ne reconnaissant plus les autorités, la révolte, voire l’insurrection. Pour rappel la transition malienne a débuté le 18 Août 2020 après le renversement du régime d’IBK. Elle a connu des soubresauts avec la mise à l’écart du Président investi Bah N’Daou et son premier ministre Moctar Ouane. La rectification, selon la junte militaire a permis d’investir le Colonel Assimi Goïta comme Président de la Transition. Ce dernier s’était engagé à respecter le délai des 18 mois proposé à la CEDEAO, avant de se rétracter. Un autre engagement a été pris celui de 24 mois et nous voilà consommer déjà 5 mois sans qu’on ne sente réellement le changement auquel les maliens se sont mobilisés pour faire chuter le régime d’IBK. Il y a tout simplement du plomb dans l’aile de la transition malienne.