Le Mali va intégrer dans son armée 26 000 « ex-combattants » issus des rangs de la CMA et de la Plateforme, conformément à un accord conclu avec les dirigeants des deux mouvements armés du Nord du pays. C’est la décision prise ce vendredi 12 août 2022, à l’issue d’une rencontre entre les parties signataires de l’Accord de paix et de réconciliation dit d’Alger. Une très mauvaise décision pour de nombreux compatriotes, acteurs politiques et analystes. Ceux-ci considérant que ce n’est, ni plus ni moins, qu’une prime à l’impunité que l’Etat du Mali est en train d’accorder aux mouvements armés. Qui ont œuvré pour la désintégration de leur propre pays, en assassinant froidement des soldats de l’armée régulière et des populations civiles innocentes.
C’est un secret de polichinelle : les « ex-combattants » (le sont-ils vraiment ?) sont très probablement à l’origine de ce qu’est le Mali d’aujourd’hui. Pour cela, ils doivent d’abord répondre de leurs crimes devant les tribunaux nationaux avant d’être pardonner et réinsérer dans la mère Patrie. Les victimes et leurs ayants droits attendent impatiemment que justice soit faite pour pouvoir éventuellement pardonner. Tout processus contraire, ne saurait apporter la paix et la réconciliation dans notre pays.
Toutefois, c’est le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga, naguère foncièrement opposé à cet accord dit d’Alger, en l’occurrence dans ses termes qui traitent de l’insertion des ex-combattants, qui présidait cette réunion, en compagnie de plusieurs partenaires du Mali, dont le représentant spécial du Secrétaire Général des Nations unies et Chef de la mission de maintien de la paix au Mali, El Ghassim Wane, ainsi que de nombreux ambassadeurs accrédités dans notre pays. Par cet acte, le PM s’est clairement dédit. D’ailleurs pourquoi maintenant, cette insertion des « ex-rebelles », alors que l’Accord d’Alger, quasiment devenu caduc en sept ans d’existence, peinait à s’appliquer ?
Signé en 2015 par le gouvernement malien (« couteau à la gorge ») avec les mouvements « ex-rebelles » du nord du pays à dominance touarègue (pro-indépendantistes regroupés actuellement au sein de la CMA) et la Plateforme ( également à dominance touarègue mais considérée comme pro-gouvernementale), l’accord de paix et de réconciliation dit d’Alger a prévu un processus de cantonnement des combattants des mouvements signataires en vue de leur intégration à la fonction publique, en l’occurrence au sein de Forces Armées. Cette réinsertion devant survenir à l’issue de leur « Désarmement et Démobilisation ».
Pourtant, jamais une des Puissances dites garantes dudit accord, n’aurait acceptée intégrer des éléments rebelles dans son armée. La France n’a-t-elle démontré cela ? Lorsqu’elle a été confrontée à la sécession des Basques et des Corses, ses dirigeants ont toujours considéré les combattants indépendantistes de terroristes. Comme telle, elle n’a jamais négocié avec eux, encore moins leur promettre une quelconque ’intégration de leurs combattants dans l’armée française.
Pour cette même raison que l’Accord d’Alger, dans sa globalité, est dénoncé par une majorité de nos compatriotes (dont on a d’ailleurs jamais consulté par le biais de référendum pour se prononcer pour ou contre) ! Les maliens n’oublient pas que les éléments rebelles ont commis des atrocités sur des soldats de l’armée régulière. Ces crimes doivent d’abord être jugés. D’ailleurs, pourquoi le Gouvernement de Transition militaro-civile accepte-t-il d’appliquer cette réinsertion maintenant, alors qu’il est à dominance militaire ?
Le présumé désarmement des « ex-rebelles » n’est qu’un bluff. Puisque Kidal est, au vu et su de tous, administrée par la « CMA ». Elle échappe depuis 2012 à Bamako. C’est bien un Etat dans un Etat. Qui dispose de forces combattantes lourdement armés, alors que les éléments devant être insérés ont été sélectionné sur la simple base qu’ils détenteurs d’un fusil et qu’ils appartiennent à un mouvement armé. Qu’en est-il alors de toute armenda de la CMA déployée dans Kidal ?
De notre point de vue, l’insertion des « ex-rebelles » au sein de l’armée régulière, n’est pas la panacée pour ramener la paix et la réconciliation au Mali. Nous prenons donc la lourde responsabilité d’opiner que c’est la très mauvaise décision que la Transition n’ait jamais prise. D’autant qu’elle va hélas consacrer dans un avenir proche la partition de la patrie. Le présumé désarmement des « ex-rebelles » n’est qu’un bluff. Kidal, réellement administrée par la « CMA », n’échappe-t-elle pas depuis 2012 à Bamako ?
Permettre la création d’une « armée reconstituée », composée essentiellement de touaregs et arabes (à 80%), aux côtés de l’armée régulière (20%), qui sera basée dans les régions septentrionales de notre pays, serait une véritable aubaine pour les séparatistes. Lesquels pourraient constituer, sans frais, leur entité politique indépendante. Qui serait dotée de ses propres forces de défense et de sécurité pour garantir l’intégrité du territoire. Surtout que l’on présume que la nouvelle Constitution en création va se conformer aux dispositions de l’accord dit d’Alger. Ce faisant, les présidents de Région au Mali seraient élus au suffrage universel. Ce qui permettrait aux régions septentrionales de se détacher légalement de la mère patrie.
Œuvrons donc pour que cette nouvelle Constitution ne parvienne pas à être votée. C’est certainement la condition sine qua non afin que notre pays demeure : Un et Indivisible !