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Les humeurs de Facoh : Moussa Sow, un an déjà…
Publié le dimanche 21 aout 2022  |  Mali Tribune
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Ainsi qu’au temps de Lamartine où l’heure refusa de se suspendre, il nous revient que cela fait maintenant un an, mois pour mois, que le docteur Moussa Sow décéda des suites d’une courte maladie suivant la formule consacrée.

Admis à la retraite 2 ou 3 ans auparavant, il n’avait pas arrêté ses activités de recherche et effectuait de fréquents voyages à l’intérieur et à l’extérieur soit pour assurer des formations au profit de jeunes chercheurs, soit sur sollicitation de services administratifs en vue de combler telle ou telle lacune constatée.

Le 19 août 2021 à Ségou, il fut pris d’un malaise en pleine séance de formation et ramené à Bamako. Il décéda peu après dans une clinique privée de la place et inhumé le lendemain.

Moussa Sow, il faut le rappeler, était un brillant universitaire issu de Lyon II en France où suite à des études supérieures en lettres classiques, il avait soutenu en 1981 une thèse de 3è cycle sur les épopées africaines en général et singulièrement celles du Mali.

Rentré au Mali, en tant que sociolinguiste, il occupa de hautes fonctions administratives (Directeur adjoint de l’Institut des Sciences Humaines, Directeur de cabinet au ministère des Télécommunications et de l’information) avant de se consacrer définitivement à la recherche scientifique en sciences sociales à l’ISH où son savoir encyclopédique l’avait appelé en deuxième phase vers 1999-2000.

N’ayant pas connu une longue maladie, quasiment décédé à la tâche, sa disparition soudaine sema la panique au sein de l’élite politique et intellectuelle dont des membres complètement déroutés, semblaient se regarder en se demandant à qui le prochain tour.

Le décès de M. Mamadi Dembélé, ancien Directeur adjoint de l’ISH moins de 2 mois plus tard, composa alors une atmosphère quasi irrespirable de fatalisme qui permit de digérer le contexte en faisant quitter l’élite intellectuelle de l’athéisme voltairien vers les dieux d’Abraham.

Mais la psychose de la mort s’installa à nouveau suite aux décès de MM Boubacar Séga Diallo, professeur émérite à l’EN Sup et d’Ousmane Thièny Konaté écrivain déjà connu dans le paysage littéraire du pays.

La fin de la saison des pluies amena le calme dans les esprits avec l’organisation par l’IRD en novembre 2021, d’un colloque international sur la crise socio-politique au Mali en collaboration avec le Laboratoire international Macoter et dans lequel il fut beaucoup question de Moussa Sow et de son œuvre par le professeur J.P Colleyn de l’EHESS qui le connaissait très bien.

Enfin en février 2022, l’ISH eut la lumineuse idée d’organiser une journée de témoignage sur Moussa Sow et son parcours et qui permit de faire la synthèse des positions de ce grand cerveau et de clamer avec les traditionalistes que la mort peut certes bouffer la chair, les os, mais non le renom acquis à la fois à la sueur du front et à la force des poignets.

Son dernier livre, « L’Etat de Ségou et ses chefferies périphériques aux XVIII et XIX siècles. Côté cour, côté jardin » (Presses universitaires de Bordeaux, 2021) constitue à la fois une gloire posthume et une véritable œuvre d’ancestralisation, selon le mot de l’un de ses collègues lors de la journée de témoignage.



Facoh Donki Diarra

écrivain
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