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Boureima Tabalaba : La loi et… Wash !
Publié le dimanche 21 aout 2022  |  Mali Tribune
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Il pouvait se faire une carrière prometteuse dans les tribunaux ou cabinets d’avocats. A 51 ans, Boureima Tabalaba, militant depuis l’université, porte cette robe de défenseur des droits humains pour assurer l’accès des plus démunis aux services Eau, Hygiène et Assainissement (Wash) au Mali.

Après une semaine de travail à l’intérieur du pays, Boureima Tabalaba regagne, ce matin, son bureau. Il est situé à Hamdallaye ACI. Même étant à Bamako, ses journées s’annoncent le plus souvent chargées et longues.

Il assure à la fois le poste de coordinateur au sein de la Coalition nationale de la Campagne internationale pour l’eau potable et l’assainissement (CN-Ciepa/Wash) et du point focal de la société civile du partenariat Assainissement et Eau pour tous (SWA, en anglais Sanitation and water for all) au Mali.

La gestion de ces fonctions dans un pays où les défis sont nombreux et tous prioritaires à la fois est un « peu difficile », mais pas impossible pour Boureima. « En tant que coordinateur, toutes les questions en matière d’eau, d’hygiène et d’assainissement (Wash) sont prioritaires. Cependant, nous nous battons pour les priorités les plus essentielles afin qu’ils soient prises en compte », rapporte le spécialiste Wash.

Forte dépendance

Le premier défi auquel le Mali devrait faire face urgemment est celui du financement du secteur Wash. Un secteur encore fortement dépendant des bailleurs extérieurs, constate le point focal SWA. « On a souhaité que le gouvernement puisse augmenter son budget. Heureusement que les choses bougent un peu tout petit. Aujourd’hui, nous pouvons se targuer d’avoir un budget d’Etat de l’ordre de 3,6 %, mais nous estimons dans les années à venir atteindre les 5 % conforment à l’engagement du Mali », plaide-t-il.

Le Mali s’est, en effet, engagé dans le cadre de l’initiative SWA, à faire en sorte que 5 % du budget soit alloué au secteur de l’eau et assainissement et également 0,2 % de son PIB à l’assainissement et à l’hygiène. Des engagements sur lesquels la société civile veille au grain et met davantage de pressions sur le gouvernement pour que cela soit respecté.

Dernière ces promesses en faveur d’un accès équitable de tous aux services Wash de Boureima Tabalaba se dressent des années de lutte pour la cause commune.

De Dioni à Bamako

Mopti, 1991. Boureima Tabalaba obtient son diplôme de Baccalauréat, en série sciences humaines terminales, au lycée public de Sévaré.

Le natif de Dioni (cercle de Douentza, Mopti) rejoint ensuite la capitale pour poursuivre ses études universitaires. A Bamako, il intègre l’Ecole nationale d’Administration du Mali (Ena) où il parviendra à décrocher un diplôme de maîtrise en droit, séries sciences juridiques, en 1996.

A l’obtention de son diplôme, Boureima effectue un stage dans un cabinet d’avocats. Durant deux ans, il apprend à faire la rédaction et l’acheminement de courriers et correspondances, la recherche juridique, la rédaction des conclusions ainsi que les traitements, gestion et suivi des dossiers.

A la fin de ce premier stage, le jeune juriste décide de renforcer ses connaissances acquises à l’université au Tribunal de Première instance de Mopti. Là-bas, il sera chargé de faire l’assistance dans le traitement des dossiers, recherches juridiques et suivi de déroulement des débats à l’audience.

Des connaissances qu’il mettra au service des plus démunis, quelques années, loin des tribunaux. Un choix qu’il assume fièrement et le justifie. « Les droits humains sont assez larges. Ce n’est pas seulement au niveau des tribunaux qu’on peut défendre les droits humains, mais également dans les Organisations non gouvernementales. Qui, par essence font des droits humains. J’ai eu à côtoyer beaucoup d’ONG des droits humains. Depuis lors, la vocation de défense des droits humains même dans le secteur comme l’eau et l’assainissement ont été des éléments essentiels pour mon choix. J’ai été propulsé coordinateur de la CN-Ciépa/Wash mais, le noyon de mon travail c’est les droits humains. Je suis en droite ligne de ma carrière de juriste », explique le spécialiste Wash.

Premiers contacts

C’est dans les années 2000 que Boureima Tabalaba a rejoint la coalition CN-Ciépa/Wash. Il est d’abord recruté en tant qu’assistant juridique/chargé de programme. Après trois ans à ce poste, il gagne la confiance de la société civile Wash qui lui confie, dans un premier temps, la Coordination de programme au sein de la coalition. Il occupera après le poste de coordinateur de la CN-Ciepa/Wash. Un poste qu’il assure depuis 2009.

Durant ses nombreuses années d’engagements dans les ONG, Boureima a pris part à de nombreuses rencontres en lien avec les Objectifs de Développement durable 6 (ODD), le partenariat Assainissement et Eau pour tous au Mali et à travers les cinq continents.

Il a également participé à la réalisation d’une étude sur l’intégrité de l’eau en Afrique subsaharienne cas du Mali en tant que consultant associé aux études des OSC sur les mécanismes de redevabilité relatifs à l’ODD 6 et sur le niveau de satisfaction des utilisateurs et l’ampleur du phénomène de violation des droits humains en matière d’accès des services Wash au Mali.

A l’avant-garde des engagements SWA

Bien qu’on soit très sollicité au niveau national qu’international, Boureima Tabalaba s’organise pour être au service de l’essentiel.

En effet, il vient d’entamer, cette année, son deuxième mandant triennal de point focal société civile du partenariat eau et assainissement pour tous (SWA) au Mali. Il est l’un des trois points focaux nommés par initiative au Mali.

Tout est une question d’organisation, selon Boureima, « quand vous êtes suffisamment organisés, vous serez en mesure de faire face à vos obligations ».

Le point focal SWA place ce mandant sous le signe du renforcement des acquis obtenus par le Mali dans le processus SWA.

En la matière, beaucoup de progrès sont à l’acquis du Mali, estime M. Tabalaba. « Le fait que les membres de la société civile soient considérés comme des interlocuteurs du gouvernement, des Partenaires techniques et financiers, du secteur privé et des collectivités, pour moi c’est le point d’honneur qui revienne à la société civile », se félicite-t-il.

Cependant est-ce que cette nomination a permis de bouger la ligne en termes de suivi des engagements SWA au Mali ? Le point focal SWA, répond à la question. « Aujourd’hui, le Mali est pays pionnier sur une cinquantaine de pays. Nous avons pu maintenir cet honneur, remarque-t-il. C’est un aspect fondamental. En tant que coordinateur, le travail de base à travers nos points focaux au niveau national et le partenariat que nous avons su développer avec l’ensemble des intervenants dans le secteur, nous estimons que le Wash aura de beau jour devant lui », espère le coordinateur de la Cn-Ciépa/Wash.

Militant depuis jeune étudiant

Entre ces milliers de causes à défendre au Mali et à l’international, M. Tabalaba arrive à trouver un temps pour lui-même. Il le consacre à sa clinique juridique « recours citoyen et solidarité », dont il est directeur exécutif, aux activités associatives de sa communauté Dogon et à l’Association pour la Promotion des Droits et le bien être de la famille. Un domaine dans lequel il limite depuis jeune étudiant.

16 ans après son obtention de sa maitrise, Tabalaba poursuit sa formation. Il décrochera avec brio un master II en Droit international de l’Environnement à l’université de Limoges(France), en 2012.

« Changement notoire »

Depuis son bureau à Hamdallaye et à plusieurs Km de sa ville natale, Dioni (cercle de Douentza) l’enfant de « Soudoubaba » garde plusieurs meilleurs souvenirs de ses années de combat dans le secteur Wash.

De l’augmentation du portefeuille dédié au secteur, à la reconnaissance de l’eau et assainissement comme un droit constitutionnel passant par leurs prises en compte dans le Cadre stratégique pour la relance économique et de Développement durable (Credd 2019-2023) comme un axe prioritaire, aux réformes politiques engagées dans le secteur Wash, Boureima se dit fier du chemin parcouru par la société civile malienne.

« Nous estimons avoir contribué à beaucoup de changements. Mais le changement notoire qu’on pourrait noter aujourd’hui est l’augmentation du budget dédié au Wash qui a trainé depuis des années. De 2 %, nous sommes dans l’ordre de 3,6 % aujourd’hui. Un effort obtenu grâce aux efforts conjugués de part et d’autre et à l’implication de la société », conclut Boureima, confiant.



Kadiatou Mouyi Doumbia
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