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Fonction primatoriale : Le dribble parfait…
Publié le mardi 23 aout 2022  |  Le Pays
Cérémonie
© aBamako.com par A.S
Cérémonie d`ouverture de l`atelier de formation des représentants de l`État nouvellement nommés
Bamako, le 22 Août 2022, le centre de formation des collectivités territoriales a abrité la cérémonie d`ouverture de l`atelier de formation des représentants de l`État nouvellement nommés.
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Ceux qui s’attendaient au respect de l’ordre de préséance dans le décret de nomination des membres du gouvernement pour assurer un quelconque intérim, ou ceux qui voyaient cette indisponibilité du Dr Choguel Kokalla Maïga comme un moyen de voir leur attente comblée (nomination d’un PM neutre) ont tous raté le coche. Le colonel Abdoulaye Maïga est désigné PM par intérim. Et les motivations latentes d’une telle décision du Président de la transition sont bien valables.

Qui sont les têtes pensantes qui composent le cercle restreint du Président Assimi Goïta? La question est relative au franc succès de ses choix politiques en fonction des réalités du moment. Il n’atterrit jamais là où il est attendu.

Adepte, en tout cas dans la pratique, du courant littéraire du célèbre conteur et conservateur des valeurs africaines, Amadou Hampâté Bah, le colonel Goïta s’applique bien dans la pratique via les enseignements prodigués par la façon de faire du caméléon.

Il y a une semaine, des informations circulaient sur l’inactivité du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga. Certaines affirmaient qu’il était malade. La teneur de la situation sur plusieurs plateformes oblige la Primature à communiquer. Elle parle de “repos forcé” sur conseil du médecin traitant du PM et avait rassuré qu’il reprendra service bientôt. Des jours passent et le doute s’installe de plus en plus.

Mercredi dernier, le nom du ministre de la Défense comme Premier ministre par intérim circulait. Ce qui est tout à fait logique lorsqu’on s’en tient à l’ordre de préséance mentionné dans le décret de nomination des membres du gouvernement.

Dimanche soir, le Président de la transition prend tout le monde en contre-pied. Il jette son dévolu sur le ministre de l’Administration territoriale, le colonel Abdoulaye Maïga, qui, visiblement, est 4e sur le décret par ordre de préséance.

Les raisons d’un choix

La première hypothèse est la suivante : Sadio Camara est la poutre de la transition sur le plan militaire. Il a engrangé des résultats spectaculaires à ce niveau. Alors, le décharger de cette fonction ou alourdir ses missions ne risque-t-il pas de plomber la dynamique enclenchée dans le cadre du perfectionnement de l’outil militaire afin d’éradiquer le terreau djihadiste, du retour de la paix et le vivre ensemble ?

Aujourd’hui, les Maliens sont fiers grâce à l’armée et pour rien au monde, cet espoir ne doit s’estomper.

Secundo, le colonel Camara est timide. Il garde un mystère autour de sa personne à la tête de la grande muette. Lui donner une fonction politique, intérimaire soit-elle, risque de trop l’exposer et des conséquences lourdes ne sont pas à écarter.

Tercio, le choix porté sur le colonel Maïga n’est pas fortuit. Militaire- diplomate, c’est l’homme militaire qui est le plus au centre des affaires politiques. Il est porte-parole du gouvernement, ce qui lui donne la responsabilité de lire toutes les grandes décisions de l’Etat dont la plupart évoquent les relations d’État à État. Il est aussi le ministre de l’Administration territoriale. A ce poste, il a pu s’imprégner des réalités du système politique malien. Il a une idée sur chaque visage des dinosaures politiques maliens et maîtrise aujourd’hui le système politique du pays. Même si certaines décisions de son département, choix des représentants de l’Aige, suscitent des débats, il a su instaurer un climat de confiance entre lui et la classe politique malienne mais aussi la société civile. Alors, avec l’intérim à la Primature, il est toujours en terrain connu.

La volonté des politiques déjouée

On peut le dire ainsi. Depuis quelques mois, une vive tension allant jusqu’à la rupture du dialogue politique entre Dr Choguel Kokalla Maïga et une partie de la classe politique est bien perceptible. Des anciens collaborateurs à lui au sein du M5-RFP se sont détachés pour créer un M5 bis et exigent sa démission au profit d’un autre PM qui, selon eux, doit venir des forces dites du changement. Donc, de leur rang.

L’ex-majorité présidentielle, regroupée au sein du Cadre d’échange des partis politiques, est sur la même lancée. A l’opposé du M5 Malikura, le Cadre propose un Premier ministre « neutre ».

A la lecture des choses, ils vont attendre bien longtemps pour ne pas dire que leur vœu a moins de chance d’aboutir.

Certes pour le moment il est question d’intérim, mais même s’il arrivait à choisir un remplaçant à Choguel Kokalla, le colonel Goïta ne portera pas son choix sur quelqu’un qui n’est pas issu de son cercle restreint. Il faut le dire, aucun civil n’aura encore la chance après le combat farouche des politiques et associations qui ont empêché les deux précédents de travailler. Il ne commettra plus jamais une autre faute car les nouveaux facteurs qui tiennent la transition ne lui permettent plus une autre erreur.

Le choix du colonel Maïga est bien réfléchi et il le mérite amplement. Et s’il y a lieu de remplacer Choguel, pas encore à l’ordre du jour, ça ne peut être que lui.

Ce qui est important de comprendre, les militaires au pouvoir ont fait un choix. Celui de la rupture totale avec la France. Les enjeux d’une telle décision sont énormes. Ils se doivent de prendre tous les postes clés, afin d’arriver au bout de leur politique. Il ne manquait que la Primature. Elle est désormais dans la cagnotte.

Boubacar Yalkoué

Source : LE PAYS

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