Depuis au moins 4 mois (mai-août 2022), l’axe Sévaré-Gao est bloqué par des Groupes armés terroristes (la Katiba Sermas, selon certains témoignages). Des hommes armés bloquent les compagnies de transports et les passagers de l’axe Sévaré-Gao à Douentza et à Gossi. Des camions d’approvisionnement sont aussi interdits de circulation. Ceux qui s’y hasardent sont incendiés avec toute la marchandise transportée comme ce fut le cas le 3 août dernier. Ce blocus affecte naturellement les populations tout au long de cet axe routier vital, notamment celles de la ville de Gao où les pharmacies commencent à manquer de médicaments.
«Béro (grand frère) aidez-nous à nous faire entendre des autorités de la transition. Se soigner est en train de devenir un calvaire à Gao à cause du blocus imposé par les GAT (Groupes armés terroristes) sur la route Sévaré-Gao. Aujourd’hui, il est de plus en plus difficile de trouver les médicaments prescrits dans les pharmacies de la ville qui sont en rupture de stocks» ! Tel est le cri de cœur d’un jeune cadre d’une organisation humanitaire basée dans la cité des Askia.
«Les médicaments sont rationnés. Ce matin (19 août 2022) sur 14 produits prescrits, je n’ai pu avoir que 4 et pas en quantité suffisante», a-t-il ajouté. «Nous sommes obligés de scanner les ordonnances et de les envoyer à nos parents à Bamako. Ceux-ci se débrouillent pour nous les faire parvenir grâce au vol hebdomadaire. Mais, cela peut prendre du temps pour un malade qui a urgemment besoin de soins», indique notre interlocuteur.
Selon lui, les 3 pharmacies de Gao sont dans la même situation de rupture des stocks parce que les camions sont interdits de rouler entre Douentza et Gao. «A Douentza, il y a une dizaine de camions bloqués avec des médicaments. Les pharmaciens ont puisé dans leur stocks de sécurité jusqu’à la rupture», a confié Dr Agassoumane Abdourahmane, président de l’Ordre régional des pharmaciens de Gao, dans un entretien à Mikado FM (la radio des Nations unies) le 18 août 2022.
Difficile de s’approvisionner aussi au Niger voisin à cause de la même situation d’insécurité. Et les officines ne parviennent pas à transporter beaucoup de cartons par la compagnie aérienne qui dessert la ville. «L’acheminement par les airs coûte cher car c’est 8 000 F Cfa le kilo», a précisé Dr Agassoumane Abdourahmane.
«Il est urgent que le gouvernement trouve une solution rapide pour approvisionner les pharmacies de Gao. Même s’il faut recourir aux avions de l’Armée et de la Minusma», suggère notre interlocuteur, cadre de l’humanitaire. «Au niveau de l’ordre régional des pharmaciens et du syndicat des pharmaciens d’officine de Gao, nous avons dès le 6 juin dernier attiré l’attention du gouverneur de la région sur les difficultés d’approvisionnement en médicaments», a assuré Dr Agassoumane Abdourahmane.
Et d’ajouter, «nous avons alerté nos structures centrales qui ont rencontré le ministre de la Santé et du Développement social et celui de la Défense et des Anciens combattants. Il est ainsi envisagé d’approvisionner les pharmacies avec l’aide de l’Armée de l’air et aussi par des bateaux avec l’ouverture de la saison de navigation». En tout cas, il est urgent de trouver une solution pérenne à l’approvisionnement des populations prises en otage par les GAT, notamment celles de Gao !