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Transition politique-classe politique : Ce qu’il faut craindre
Publié le vendredi 26 aout 2022  |  Le Pays
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L’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) ; l’élaboration d’une nouvelle constitution ; une probable candidature d’un des colonels au pouvoir à la présidentielle à venir ; le bras de fer avec la communauté internationale, notamment la France…risquent, si des dispositions ne sont pas prises, de susciter des tensions entre la classe politique et les autorités de la transition.

Les partis et groupements politiques, même ceux qui passent le clair de leur temps à taper sur le Premier ministre, épargnent les militaires dans leur clash. Ils disent n’avoir aucun problème avec les militaires et leur ont toujours réitéré leur soutien. Démagogie ou réalité ? Le futur nous le dira. Mais déjà, certains sujets risquent de créer la tension, au-delà du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, entre la classe politique et les militaires au pouvoir.

Divergences au sujet de l’AIGE

La classe politique, bien qu’elle ait applaudi l’adoption controversée du projet de loi portant loi électorale, est mécontente de la modalité du choix des membres de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE). Le choix du gouvernement porté sur le tirage au sort est jugé « unilatéral » et certaines formations politiques ont refusé de soumettre leur candidature. «Monsieur le ministre, Compte tenu de ce qui précède, je voudrais vous exprimer notre avis défavorable à votre proposition de désignation des représentants des partis politiques au collège de l’AIGE par tirage au sort. Cette position ne reflète ni les propositions majoritaires des partis politiques, ni la synthèse de la réunion du 21 juillet 2022. Aussi, viole-t-elle les dispositions de l’article 7 de la loi n°2022-019 du 24 juin 2022, portant loi électorale. En conséquence, l’alliance « EPM » voudrait vous inviter de bien vouloir privilégier des modalités politiques plus démocratiques et conformes aux dispositions de la loi électorale pour le choix des représentants des partis politiques au collège de l’AIGE », a déclaré Dr Bokary Tréta dans une lettre de protestation adressée au ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.

Malgré ces refus, le tirage a été fait. Il ressort de ce tirage au sort que 4 hommes et 4 femmes parmi lesquels le gouvernement triera les 4 représentants de la classe politique qui siègeront au sein de l’AIGE. Il s’agit de Salomon Ongoïba de l’Alliance pour la promotion et le développement du Mali (Apdm) ; Abdrahamane Bakhaga de la Force citoyenne et démocratique (FCD) ; Harouna Cissoko du Front uni pour la démocratie et le changement (Fudec) et Youssouf Coulibaly de l’Initiative pour la République du Mali (Irma) ; Mme Dao Hawa Kanté de l’Alliance malienne pour le travail (AMAT) ; Leila Wallet Ibrahim de la Convergence pour l’émergence du Mali- Faso Jo Ton (CEM-FT) ; Oumou Dicko du Rassemblement malien pour le travail.

A l’analyse de ce tirage au sort, on comprend aisément que tous les grands partis sont tombés dans l’eau. Aucun d’eux n’a été présélectionné comme membre de l’AIGE. La question qu’il faut se poser, c’est de savoir si les partis qui ont boudé le tirage au sort reconnaitront la llégitimité de l’AIGE. Il faut donc craindre une crise à ce niveau.

Rejet de l’élaboration de la nouvelle constitution

Le cadre d’échange des partis et groupements politiques pour une transition réussie a rejeté, en bloc, l’élaboration d’une nouvelle constitution. Il trouve que ce n’est pas le moment. Il estime qu’il revient aux autorités légitimes de faire ce travail. Pourtant, les autorités de la transition avancent bien dans le projet de l’élaboration de cette nouvelle constitution. Faut-il donc à s’attendre à un autre AN TE A BANA ? Le risque est là et gros.

Au-delà de cet aspect, la possible candidature des militaires au pouvoir inquiètent une bonne partie de la classe politique. Dans la charte révisée, il est indiqué les militaires désirant être candidat à la présidentielle à venir qui sera organisée à la fin de la transition, doivent seulement démissionner 4 mois avant les élections. La même charte a précisé que le président de la transition « n’est pas éligible ». Pour beaucoup de Maliens, le colonel Assimi peut bien être candidat s’il démissionne de son poste de président et de l’armée. Sachant la popularité du colonel président et sachant que tout l’appareil de l’État est dans les mains des colonels, la classe politique va-t-elle accepter une candidature de l’un de ces 5 colonels ? Pas évident. Il faut donc craindre à des contestations au cas où le colonel Assimi serait candidat comme le réclament des millions de Maliens.

L’autre point important concerne la question du Premier ministre Choguel. Quoi qu’on puisse lui reprocher, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a bénéficié et bénéficie d’un soutien au sein de la population. Depuis son arrivée à la primature, il pose les actes que souhaitent la majorité des Maliens, du citoyen lamda bien sûr. Ses camarades du M5 le soutiennent aussi. Et si après son rétablissement, il n’est pas maintenu comme Premier ministre, que sera la relation entre le M5 et les militaires ? Il faut aussi craindre une crise, sinon une rupture à ce niveau.

Le bras de fer avec la communauté internationale

Depuis la rectification de la trajectoire de la transition, le Mali traverse une crise profonde avec la communauté internationale, la France en particulier. Pourtant la majorité de nos hommes politiques ne sont pas pour cette rupture, surtout avec la France. C’est ce qui, d’ailleurs, prouve leur silence concernant certains sujets importants. La sortie de Macron en Guinée Bissa est un exemple. L’affaire des 49 militaires ivoiriens en est un autre. Donc, même si ces politiques et les militaires se retrouvent sur bon nombre de points, ils peuvent difficilement s’entendre sur celui-ci.

Ce qui est important, c’est de chercher toujours à apaiser et à travailler à la mise en œuvre des réformes politiques et institutionnelles conduisant à de meilleures élections.

Boureima Guindo

Source : LE PAYS
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