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Aguibou Bouaré, Président de la CNDH : « L’Etat doit prendre à bras le corps l’esclavage »
Publié le mardi 30 aout 2022  |  Le challenger
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© aBamako.com par FS
Liberté de la presse: la CNDH reçoit une délégation de la Maison de la Presse avec son Président
Bamako, le 16 Avril 2021, la CNDH a reçu à son siège une délégation de la Maison de la Presse
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Le Président de la Commission nationale des Droits de l’homme (CNDH), Aguibou BOUARE appelle l’Etat à prendre à bras le corps, la problématique de l’esclavage par ascendance. C’était le 23 août dernier au siège de la Fondation Tuwindi lors de la table-ronde mensuelle, Yétaw.

De l’avis du défenseur des droits de l’homme, cette pratique existe encore dans certaines parties du Mali. C’est dans la région de Kayes que les manifestations les plus violentes de l’esclavage sont constatées avec des morts d’homme comme ce fut le cas de la vieille dame Sidibé, sauvagement assassinée pour sa volonté de s’affranchir.

La pratique de l’esclavage par ascendance touche tous les droits fondamentaux de l’homme, a précisé Aguibou Bouaré. Il a dénoncé la série de privations dont ces individus sont victimes au niveau de leurs villages. Il s’agit entre autres de l’interdiction d’acheter au marché, de fréquenter le centre de santé ou l’école, du refus d’avoir accès à l’eau potable ou d’être enterré au cimetière. Le Président de la CNDH a levé le voile sur l’exploitation sexuelle des femmes considérées comme esclaves par leurs maîtres. Cet aspect n’est pas évoqué publiquement, a-t-il souligné. La pratique de l’esclavage par ascendance n’est ni un usage, ni une coutume. C’est une violation des droits de l’homme.

La CNDH, a fait savoir son président, a reçu en 2019 un premier contingent de personnes obligées de quitter leurs villages pour fuir les représailles suite à leur refus de se soumettre à ceux qui se considèrent comme leurs maîtres. En 2020, une autre vague de personnes a été chassée et s’est installée à la Cité des Enfants grâce au soutien de la Ministre de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille de l’époque, BOUARE Bintou Founé Samaké. « Ces personnes traînent toujours à la cité des enfants car l’Etat n’arrive pas à assurer leur retour sécurisé », a regretté le Président de la CNDH.

« Depuis notre implication, a-t-il observé, nous avons commencé à sentir que l’Etat sort du déni pour reconnaître que l’esclavage existe au Mali et qu’il faut prendre des dispositions ». Aguibou Bouaré a salué le courage Me Malick Coulibaly, ancien ministre de la justice. Il a salué aussi les lettres circulaires du ministre de la justice demandant à réprimer les pratiques liées à l’esclavage par ascendance.

Le Président de la CNDH fonde beaucoup d’espoir sur le processus de rédaction des avant-projets de loi portant Code pénal pour l’adoption d’une législation visant à criminaliser, de façon explicite, la pratique de l’esclavage par ascendance au Mali. « Nous voulons l’adoption d’un texte qui incrimine l’esclavage… L’Etat doit prendre à bras le corps la problématique de l’esclavage par ascendance » et assumer toute sa responsabilité dans la répression des cas liés à cette pratique, a-t-il déclaré. Le premier responsable de la Commission nationale des droits de l’homme appelle à continuer la sensibilisation et l’information afin de faire comprendre que cette pratique ne peut pas survivre.

Drissa Togola
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