Après son coup de force en août 2020, le colonel Assimi Goïta avait promis de gagner la guerre contre les groupes djihadistes. Un organisme de recherche rattaché au Pentagone révèle cependant que cette promesse est loin d’être tenue.
La situation sécuritaire s’est fortement détériorée au Mali, depuis la prise du pouvoir par la junte militaire en août 2020, a estimé le Centre d’études stratégiques pour l’Afrique (CESA) dans une note de recherche publiée le mardi 30 août, notant que les groupes djihadistes qui multiplient leurs attaques dans le nord, le centre et le sud du pays menacent désormais la capitale Bamako.
Intitulée « L’insurrection islamiste aux portes de Bamako », cette étude précise que la violence liée aux groupes extrémistes s’est intensifiée « chaque trimestre depuis le coup d’Etat militaire que sur chaque trimestre avant la prise du pouvoir par la junte ».
Organisme rattaché au département de la Défense des Etats-Unis, le CESA a indiqué que les décès liés aux attaques terroristes perpétrées depuis le début de l’année en cours ont déjà dépassé ceux de n’importe quelle année précédente. Trois fois plus de civils ont été assassinés durant les huit premiers mois de 2022 que sur l’ensemble de l’année 2021.
Entre mai et août 2022, il s’est produit 20 % de plus d’événements violents impliquant des groupes islamistes qu’au cours des quatre premiers mois de l’année.
L’analyse révèle par ailleurs que l’essor de l’activisme djihadiste violent au Mali s’est aussi distingué par sa « diffusion géographique » depuis la prise du pouvoir par les militaires.
L’unité combattante djihadiste Front de libération du Macina (FLM/ Katiba Macina) qui fait partie du groupe islamiste Jama’at Nusrat al Islam wal Muslimin (JNIM/ Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans) a été à l’origine de l’augmentation de la violence dans le centre et le sud du Mali.
Le groupe « État islamique dans le Grand Sahara » revigoré
Le FLM a en effet lancé neuf attaques dans un rayon de 150 km de Bamako en 2022, toutes entre mai et août. Ce chiffre représente le double des événements qui se sont produits tout au long de l’année 2021. « A ce rythme, les 15 événements violents projetés autour de Bamako cette année dépasseront la douzaine d’événements que cette zone a subis sur l’ensemble des cinq dernières années », a indiqué le CESA, estimant que la poussée agressive du FLM vers le sud du Mali met en relief la vulnérabilité de la capitale Bamako.
« L’attaque sur le camp militaire de Kati, le plus important du pays, en juillet fut d’une importance à la fois symbolique et opérationnelle. Ce camp accueille le quartier général des Forces armées du Mali, y compris la résidence du chef de la junte, le colonel Assimi Goïta. Le camp se trouve par ailleurs à un croisement stratégique au nord de la capitale, à seulement 10 kilomètres du palais présidentiel », relève le CESA.
Plus de la moitié des événements violents attribués aux groupes djihadistes en 2022 se sont produits dans le centre du Mali. Une augmentation de 45% du nombre des attaques terroristes a été enregistrée dans le centre du pays entre mai et août par rapport aux quatre premiers mois de l’année.
En 2022, le nord du Mali a, lui aussi, subi une escalade d’attaques terroristes perpétrées essentiellement par l’Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS), qui semble être « revigoré par la réduction des effectifs et le départ des forces françaises et de celles du G5 Sahel, demandé par la junte malienne ». Les attaques menées par l’EIGS ont en effet considérablement augmenté dans les régions de Gao et Ménaka en 2022, entrainant plus de 1000 décès, soit environ 40 % des décès enregistrés au Mali, cette année.