Le comité de suivi d'un important accord de paix signé en 2015 entre le gouvernement et des groupes armés du nord du Mali s'est réuni vendredi pour la première fois depuis 11 mois, a constaté un journaliste de l'AFP.
L'accord dit d'Alger, signé par une alliance de groupes rebelles touarègues et arabes, par des groupes armés progouvernementaux et par le gouvernement, est considéré comme crucial pour une stabilisation du pays sahélien pris dans la tourmente depuis le déclenchement d'insurrections indépendantiste et jihadiste dans le nord en 2012. L'application de l'accord, qui prévoit la réintégration d'ex-rebelles et des mesures de décentralisation, reste limitée. Un récent rapport d'un groupe d'experts missionnés par les Nations unies l'a jugée "au point mort". Le comité de suivi (CSA) chargé d'oeuvrer à la mise en oeuvre est censé échanger chaque mois. Il ne s'était plus réuni depuis octobre 2021. Attaye Ag Mohamed, cadre de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, principale alliance d'ex-rebelles), a invoqué des "mésententes sur des questions particulières" et un "agenda prioritaire" du gouvernement. Les parties prenantes s'étaient réunies en août en dehors du cadre du CSA pour arrondir les angles. Un accord d'intégration de 26.000 ex-rebelles avait alors été annoncé. Une réunion du CSA s'est finalement tenue vendredi avec, en plus des signataires, les ministres des Affaires étrangères algérien, burkinabè et mauritanien. Le ministre algérien, Ramtane Lamamra, s'est félicité des "bonnes intentions exprimées ces dernières semaines" tout en appelant à ce "qu'elles se traduisent en actes". "Les parties ont réitéré leur engagement pour la mise en oeuvre de l'accord, ceci est un message clé, maintenant il faut des actes", a dit à la presse M. Ag Mohamed à la sortie. A l'intérieur, le président de la CMA Alghabass Ag Intalla a martelé à huis clos que "si le gouvernement du Mali ne veut plus de l'accord pour la paix, s'il pense qu'il y a mieux que cet accord, qu'il nous le dise très clairement", selon des propos rapportés par plusieurs cadres de l'ancienne rébellion. La crise sécuritaire en cours depuis 2012 va de pair avec une crise politique. Le Mali, pays pauvre et enclavé, a connu deux coups d'Etat militaires en août 2020 et en mai 2021.