Alors que beaucoup fondait un réel espoir en elle pour rehausser la diplomatie française, Catherine Colonna opte, elle aussi, pour la démarche arrogante de son prédécesseur, Jean-Yves Le Drian. La preuve, elle s’est livrée, vendredi dernier, à des attaques contre les autorités de la transition.
Vendredi dernier, face aux ambassadeurs français, le ministre des Affaires étrangères de la France, Catherine Colona, s’est violemment attaquée aux autorités maliennes. « Le régime, auteur d’un double coup d’État, s’en prend un jour au Danemark, le lendemain à la Côte d’Ivoire, et toujours à la France, pour tenter de faire oublier qu’il navigue à vue, d’échec en échec, attelé à un groupe de mercenaires russes », a-t-elle affirmé.
Cette attaque frontale contre le Mali est une démarche propre à Jean-Yves Le Drian. Catherine Colona, dont l’arrivée aux affaires a suscité un espoir pour rehausser le niveau de la diplomatie française, a aussi déçu. Elle a opté pour la même démarche diplomatique de son prédécesseur : l’orgueil.
Un chemin suicidaire
Au-delà de l’affaire de la prétendue collaboration avec les ‘’mercenaires’’ de Wagner, l’une des causes de la détérioration des relations entre le Mali et la France, c’est l’orgueil des autorités françaises, leurs discours discourtois et infantilisants, leur volonté néo-colonialiste. Jean-Yves Le Drian a contribué à la radicalisation des autorités maliennes, surtout vis-à-vis de la France. Il était d’ailleurs considéré être à la base de la diabolisation du Mali à travers le monde. Cette posture a contribué à l’expulsion de l’ambassadeur de France au Mali. Aussi, ses sorties avec des mots durs ont poussé la diplomatie malienne à réagir. « Ce sont des propos emprunts de mépris. Ce sont des propos que je condamne, qui sont inacceptables. Et je crois que les insultes ne sont pas une preuve de grandeur. Nous sommes disposés à discuter avec la France ou d’autres sur des questions de substance. Il ne s’agit pas de questions irresponsables. Ce que nous essayons de faire, c’est de défendre les intérêts de notre pays. Toute présence étrangère au niveau du Mali doit répondre aux règles maliennes, doit aussi aller dans le sens des intérêts supérieurs du Mali, surtout pour la présence des forces étrangères » ; a martelé le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, en réaction à une sortie de Jean-Yves Le Drian qui avait qualifié les autorités maliennes « d’illégitimes ».
A travers leurs discours et tons infantilisants, les autorités françaises ont renforcé les positions des Maliens qui, durant des années, dénonçaient la politique ambiguë de la France au Mali et réclamaient le départ de ses troupes.
Le départ de Jean-Yves Le Drian du ministère des Affaires étrangères de la France et la nomination de Catherine Colona à sa place a suscité beaucoup d’espoir. Nombreux sont les Maliens qui ont estimé qu’elle pouvait corriger les erreurs de son prédécesseur et rapprocher la France de ses partenaires. Hélas ! Catherine Colona a préféré continuer sur le même chemin que son prédécesseur.
Une sortie « peu diplomatique »
Au lieu d’étudier les causes de la rupture entre le Mali et la France et mesurer les conséquences de ses erreurs, comme son prédécesseur, Catherine Colona jette la responsabilité sur le Mali. Elle ne parle pas des raisons du divorce entre son pays et le Mali, mais elle déplace le problème et devient avocate d’autres pays. Une sortie qualifiée de « peu diplomatique et civilisée » par le Collectif pour la refondation du Mali. Le Collectif pour la refondation du Mali dit constater « une constipation du niveau intellectuel des autorités françaises actuelles ayant atteint le bas de l’échelle ».
Cette organisation dirigée par deux membres du Conseil national de Transition a rappelé à Catherine Colona : « le Mali appartient aux Maliens. Le recours à la guerre informationnelle ne peut altérer la nouvelle réalité que les autorités françaises n’arrivent pas à appréhender », a déclaré Aboubacar Sidick Fomba qui ajoute qu’« aucune campagne d’intoxication ne peut et ne pourra rendre les Maliens dupes ».
Ce qu’il faut retenir, c’est qu’à travers cette sortie, la nouvelle ministre française des Affaires étrangères n’est pas meilleure que son prédécesseur. Ils ont la même méthode : celle qui conduit la France à des ruptures diplomatiques avec ses partenaires stratégiques.