Les rebelles touareg du Mouvement national de
libération de l'Azawad (MNLA) ont quitté jeudi la ville malienne de Tombouctou
(nord-ouest) et ses environs, sur injonction du groupe islamiste armé Ansar
Dine, ont affirmé à l'AFP des témoins.
D'après des habitants joints depuis Bamako, aucun combattant du MNLA
n'était visible depuis jeudi après-midi sur les dernières positions
qu'occupait cette rébellion à la périphérie de la ville, notamment au bac
permettant de relier par le fleuve Niger Tombouctou au Sud et à l'aéroport.
"Il n'y a aucun combattant du MNLA sur place. Ils sont partis. Ils ont
aussi quitté l'aéroport. Il n'y a plus de MNLA à Tombouctou ou dans les
environs", a déclaré le responsable d'un hôtel qui a été fermé par les
islamistes.
"Ansar Dine leur a donné deux heures pour partir" et ils se sont exécutés,
a-t-il ajouté. L'ordre aurait été donné en fin de matinée.
Un autre témoin a fait état de l'injonction d'Ansar Dine, et a affirmé
avoir pu vérifier l'absence d'hommes du MNLA sur les sites où ils étaient
précédemment visibles.
"Ansar Dine a demandé au MNLA de quitter l'aéroport de Tombouctou. Je viens
de là-bas, il n'y a plus un seul +soldat+ MNLA", tout comme "là où on prend le
bac pour venir à Tombouctou", a dit ce témoin.
Aucun responsable d'Ansar Dine ou du MNLA n'avait pu être immédiatement
joint.
Selon un journaliste à Tombouctou, un responsable de la police d'Ansar Dine
dans la ville (police islamique) a affirmé: "Le MNLA (devait) partir et ils
sont partis. Maintenant, c'est terminé".
Ces informations interviennent au lendemain de violents combats à Gao
(nord-est) entre le MNLA et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique
de l'Ouest (Mujao), considéré comme une dissidence d'Al-Qaïda au Maghreb
islamique (Aqmi), très implantée dans le nord malien.
Bilan: au moins 20 morts selon des témoins, le Comité international de la
Croix-Rouge (CICR) a annoncé vendredi avoir recensé 41 blessés par balles,
dont 40 étaient pris en charge par l'hôpital de Gao et un évacué vers le Niger
"pour une intervention chirurgicale spécifique".
A Gao, le MNLA a subi une lourde défaite, perdant son quartier général pour
tout le nord du Mali et le camp militaire qu'il contrôlait près de l'aéroport,
d'après des témoins.
Avec ces derniers développements, Tombouctou et Gao sont désormais sous
total contrôle de groupes islamistes armés, dont Aqmi.
D'après des spécialistes, la présence sur le terrain du MNLA est réduite à
la portion congrue face aux islamistes à Kidal (extrême nord-est), la
troisième région administrative du vaste nord malien avec Tombouctou et Gao,
que la rébellion touareg avait unilatéralement déclarée indépendante sous le
nom de "République de l'Azawad" rejetée par la communauté internationale.
Kidal, Gao et Tombouctou sont tombées entre fin mars et début avril sous le
contrôle d'une multitude de groupes armés qui combattaient depuis mi-janvier
les militaires maliens dans le Nord et ont profité d'un coup d'Etat militaire
le 22 mars contre le régime d'Amadou Toumani Touré.
sd-cs/plh